(janvier 2008)
Suis actuellement scotché sur la rediff nocturne de Mireille Dumas. C'est comme qui dirait un grand moment de solitude.
Y a des keums, et des meufs, du monde du spectacle. En l'occurrence, on appelle ça le "théâtre-claque" de boulevard. Ces mèssieurs et ces mèdèmes sont très diserts, et ça jacte à tout va des trucs existentiels très chiadés. Dans une ambiance somme toute assez sympathique et bon enfant. Ah, quel entrain. Des gens qui bougent, qui vivent, qui s'amusent, dirait-on. Je parie qu'ils aiment croquer la vie à belles dents.
Le sujet, en soi, est une mine de réflexions très concernantes à propos des relations n'humaines et de séduction entre les n'hommes et les femmes. Y paraît, à c'qu'on dit, enfin moi j'essaie de me tenir au courant de c'qu'y s'passe dans notre société (du théâtre-claque de boulevard, notamment) que les repères sont chamboulés. Y a des n'hommes qui sont choqués parce que ces dames disent "fion". Par exemple. Rhoo! Y a une comédienne, très subversive sur la problématique des nhommes et des femmes, qui déchire grave les tabous: "moi, si un mec vient me voir sur scène et se trouve choqué parce que je dis "fion", "merde" et que je parle du "sexe de comment nous les femmes on aimerait parler", j'en ai rien à caler. Ce mec-là, y me séduira pas, point barre".
Qu'elle dit dans l'interview dans les coulisses après le spectacle.
Ouaih, t'as raison, ma fille, te laisse pas faire! La pièce, c'est sur des copines qui parlent entre elles, c'est très libéré, ouhla, on enfonce pas mal de tabous, puréééée. Je me suis cru choqué. Pis la comédienne, une femme très charmante au demeurant, une blonde crollée platine qui agitait sur scène (dans l'extrait) son tirlipotin de façon méga sexy provocante, avec un jean très très serré (je me suis dis: ouh la vache, qu'est-ce que c'est serré. ça doit être difficile à mettre, et à enlever, y a pas. Enfin, c'est du boulot. Mais bon, c'est beau, y a pas à dire. C'est nickel) pour bien dire aux mèssieurs, "je vous emmerde, na" (ooh, la ptite salôôpe, elle sait y faire, hein. Mh), au point que je pus difficilement réprimer un début d'érection - à quatre heures du matin, la gaule, Jules César, toute la smala -, s'exprima de la sorte:
"moi, mon rêve de mec à moi, le top classe du top classe, mon fantasme absolu que tu peux pas aller plus loin, c'est Steve Mc Queen...
... Alors, j'te raconte, une fois, j'étais dans un parc à Venis'euuuh, pis je vois sur un banc un mec, je te jure, c'était Steve mc Queen. Enfin, pas lui, vraiment, hein, mais son sosie, quoi. Mon dream absolu. J'étais complètement tétanisée, t'ouas, j'étais face, ouais, au rêve de ma vie, t'ois. Eh ben t'sais que chfaisais alors, t'ouas, ouah j'l'ai pris en photo avec mon Nikon, t'ouas, pis chuis rentrée direct à Paris, t'ouas. Pis après j'l'ai montrée la photo, à Josianeuh, ma super-copine à mwa que j'lui dis tout, t'ouas, et elle m'a demandé: "et putain, quoi, tu lui as rien dit, t'es rentrée comme ça, quoi"?
(alors moi, à ce moment, je pense en dedans de moi-même: oh ben dis donc, la petite salôôpe, c'est qu'elle est drôlement sûre de son potentiel séductile, hein, pour se permettre de snober, comme ça, le mec, là, sûrement une espèce de vieux beau sur le retour, avec ses rouflaquettes grisonnantes. Chais pas, j'imaginais des rouflaquettes grisonnantes, pis un regard bleu-océan inexpressif de boeuf mironton et un putain de sourire vachement énigmatique. Et peut-être un peu mélancolique. Si si, chuis sûr que c'était un mélancolique. Peut-être même un mélancolique chronique. Ben oui, sur un banc, à Venise, qu'est-ce que tu veux que ce soit. En tout cas, bizarre, le trip. Spécial. Pas commun en tout cas. La vie réserve de ces surprises, parfois).
"Ben ouai-ee, t'sais, qu'elle dit, j'ai appris une chose quoi, t'ouas, dans la vie t'as des fantasmes, et bien faut jamais réaliser ces fantasmes, quoi."
Avec Steve Mc Queen.
Bon, là, j'me disais dans ma tête: ouaih, elle a pas lu la biographie de Roman Polanski, ma main à couper, hein, parce que si elle avait lu, elle saurait. Que c'était un con, Steve Mc Queen. Un demeuré, quoi. Si, avec sa buggy, là, dévalant sur les dunes de Waïkiki en rigolant comme un malade, pendant que ce pauvre youpin de Polanski, bringuebalé dans la carlingue, à peine rescapé du ghetto de Varsovie, se fait des contusions et des bosses sur la tête plus grosses qu'un oeuf de crotale. Enfin bon, si elle aime ça, la salope, c'est son problème.
Bon, cela dit, c'était super. Un témoignage vécu très très perso vachement concernant et intéressant, pour le téléspectateur lambda que je fus et demeure. Je ne bandais plus du tout, certes, mais c'était pas le problème. Non, le problème, c'est que j'avais pas de travail. Et que je crois pas pouvoir, vu la conjoncture et les flux boursiers, m'acheter prochainement un billet d'avion pour Venise. Ni même un Nikon. Ni même une pellicule de Nikon. Je pensais à ça: est-ce qu'un jour j'irais à Venise avec un Nikon? Bwoaf. Keske j'irais foutre à Venise, je te demande un peu. On doit se faire chier grave à Venise. Pour prendre en photo des mouettes qui lâchent du guâno dans un square désert sur la statue de Paganini ou j'sais pas qui.
J'en étais là de mes réflexions en dedans de moi-même. Et soudain, tadaam, y avait Patrick Bruel, là, devant moi, grand philosophe français de la dernière décennie du XXè siècle, venu nous expliquer "la plus belle aventure de sa vie", à savoir, tadaaam, sa paternitude.
Patrick Bruel à coeur ouvert, tel qu'en lui-même, nous apprenant les valeurs fondamentales de l'existence, avec beaucoup d'humoure, de pudeure, de vérité-e, tout ça. Bon moi, alors, j'vous dis, j'étais comme vissé dans mon fauteuil, avec de la colle pattex super-U, c'tait bizarre comme sensation existensssielle. Je méditais sur le devenir humain, le mien en particulier, et je me disais, comme ça, en dedans de moi-même: mais bordel de couille, j'en ai rien à foutre, mais strictement rien à foutre. Faut'qu'je bouge, je sais pas, moi, même le petit doigt de mon orteil, un truc, une initiative, un sursaut de manifestation de mon libre-arbitre, quoi.
Mais non. Au lieu de ça, vissé, je bois, que dis-je, je lappe, dans une torpeur proche de l'hallucination mystique, les paroles de Patrick Bruel: "oui, c'est pas facile, pendant vingt ans, j'ai cru que...., puis je me rendu compte que.... Et ce jour là, mon père, que je n'avais pas vu depuis au moins.... "
Pendant ce temps là, tout en n'en perdant pas une miette, je me disais: je dois absolument faire quelque chose de ma vie, sinon je vais tourner à loque n'humaine, ou plancton marin... Oh Jésus Marie Joseph, faites quelque chose, aidez moi à prendre mon pouce gauche avec mon poignet droit, et donnez moi la force d'appuyer sur la télécommande pour aller... sur Tf1. Mais non, je savais, en mon for intérieur, que je regarderais jusqu'au bout, jusqu'à la lie, et même au delà. Mais c'est quoi, ce phénomène, cette télévision, je suis sûr, ma main à couper, qu'il y a des penseurs qui ont écrit des choses terriiiibles à ce sujet, si, j'peux en citer trois ou quatre, comme ça, paf, au débotté, sans remuer: Baudrillard, ouaih, ouaih, il leur a dit, hein, Baudrillard, y s'est pas gêné, tu penses. Pis Virilio, ah whouais, Virilio, le panard oufti toi, leur a mis la pâtée. Stiegler, aussi, faudrait qu'je lise un Stiegler. Y les enfonce tous. Bon, ok, demain, à 17h39, je file à la bibliothèque et j'emprunte un Stiegler, pour leur régler leur compte à tous. Si j'arrive à me lever... Question de volonté.
Merde, maintenant, v'là t'y pas que c'est un documentaire sur des ouistitis grimpeurs dans la forêt vierge des savanes.
Je suis o-bli-gé d'écouter la voix off asexuée du commentateur. Tiens, ça parle d'hippopotames: "William Barklow, spécialiste en bio-acoustique, tente depuis 10 ans de percer le mystère de la communication des hydropodes, en particulier les hippopotames, ... par les naseaux, en passant par la machoire interne, et tout ça à la surface de l'eau...".
Pourquoi pas.
On a tendance à oublier un peu trop vite qu'un hippopotame doit se démerder comme y peut. J'aurais pu naître hippopotame, moi, si ça se trouve. Mais le sort en a décidé autrement, la destinée, la divine comédie le master plan, tout l'bordel, pff. Et dire qu'hier encore, j'écoutais la quatrième symphonie de Sibelius.
On est vraiment peu de choses (tiens, j'me d'mande si y a un zoo à Venise, ben ouaih un zoo flottant, sur pilotis, ouske des hippopotames s'ébattraient en toute quiétude, délivrés du souci de gagner leur croûte, mais se faisant chier, quand-même, des descendants de géniteurs capturés par Steve Mc Queen lors d'un safari. Purée, ça fout l'vertige, ces trucs-là. T'es un hippopotame femelle, t'es en cloque mais tu t'en cognes, tu t'ébroues à la fraiche, tranquillos, dans l'Zambèze, par une belle fin d'après-midi d'automne, et paf, tu vois débarquer Steve Mc Queen dans sa buggy, avec un filet de pêche à hippopotames... Et John Huston, derrière, qui épaule son Verney à canon scié et à crosse nacrée, en cas d'grabuge, et ton gosse finit sa vie châtré dans un zoo, au milieu des gondoles. Moi, ça m'file le bourdon, ce genre de plan foireux).
Bon, allez, y en a marre, j'vais m'foutre un dvd loué hier au hasard: lemming, ça s'appelle. Chais pas si c'est bon. J'en doute fortement. Mais chais pas, ça me parle, cette histoire de lemmings. Je me demande si il y a des vrais lemmings dedans, à c'film là. Une fin de nuit passionnante en perspective. Aha, on se sent vivre, hein. Tudieu.
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