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dimanche 14 août 2011

L'hopital sans fantômes (se moque de la charité)


 
Y a pas mal de moltêtes onctueuses qui bavottent en ce moment sur la toile que le pauv'Lars VT est victime de ses provocs à deux balles et tout ça, et qu'il n'est en outre pas aidé par Breiwik au titre de fan indésirable de dernière minute. Le Lars s'en lamente partout, clamant à qui veut l'entendre que son (assommant) Dogville a bel et bien été une source d'inspiration pour la tuerie d'Utoya.

Mais quand on réfléchit un peu plus loin que le bout de son nez, on ne peut que constater ceci: LVT, un des cinéastes les plus surestimés à avoir éclos, comme Besson, Beineix, Adrian Lyne, Lawrence Kasdan, Léos Carax, Roland Joffé, Gilles Béhat ou Percy Adlon, des ruines chamarrées des eighties tels des pissenlits fanés; LVT, avec son esthétique en toc (y compris dans son coup publicitaire jadis idiotesque à la Benetton sur le sain retour à l'inesthétique authentiqueuse), son mélange de philo de grand bazar soldé, d'imageries sado-maso sulpiciennes pour fils de bonne famille souciés par la surabondance d'un acné rebelle et œdipianisant en diable, de dissertations fumeuses pour fanzines de collèges jésuites sur le bien, le mal, jésus, l'amour fou, les cloches de Pâques, le bondage et le fist-fucking, puis, par contrepied narquois, d'austères installations formelles vaguement "avant-gardistes" ou prétendument "brechtiennes", quoique aussi ringardes qu'un happening scénique improvisé dans le hangar d'une MJC subventionnée par Jack Lang; LVT, la prétention outrageusement ridicule de ses "messages" dont la profondeur percutante a sans doute délivré bien des cancres paresseux de la mononucléose; son kitsch "assumé" comme le susurrent sans rire ceux qui confondent "compositions picturales" et "croutes hallucinogènes"- n'ayant visiblement connu ni les pubs martini-dry des avant-programmes UGC, ni l'époque magique où on accrochait fièrement au dessus de son lit un chromo pailleté d'or de "Léda et le cygne", avec le rétro-éclairage bleu fluo à côté du guéridon (et ce sont les mêmes esthètes du moche qui se tirlipotent le zgeg en trouvant ensorcelantes et délicieusement perverses les pyrotechnies pompières des Aronovsky, Kounen et autres Noé); bref, LVT donc, ne sait plus quoi inventer pour qu'on s'intéresse encore à lui.

La conf de Cannes dénotait déjà un manque navrant d'inventivité dans la volonté de déranger à tout prix le conformisme bourgeois de quelques grabataires lapant la soupe tiède à l'hospice à l'heure de feu Horst Tappert. Mais à propos de Breiwik, point n'est besoin d'être grand clerc pour repérer, dans les déclarations de cet inintéressant Frégoli de la vacuité cinématographique multicartes, une nième tentative immature pour auréoler son "Œuvre" d'un hypothétique parfum de scandale, du prestige du gars pas fréquentable, inestimable et inconfortable trublion qui électrocute nos "bienpensances" et tout le saint falbala, rhzz.

Ben oui, c'est bien du malheur, je savais que j'étais un grand Maître, un Danube, un cador, un phare éclairant son temps, mais pas au point d'imaginer qu'un détraqué s'inspirerait de mon travail pour commettre cette atrocité, oh là là, oh là là. Vous comprenez, c'est la marque des génies visionnaires, Kubrick et son orange, Hitch et son psychotique, et c'est ben dur à porter, c'te croix, rhoo; alors là terminé, je donne plus d'interview. Si Malick peut le faire, je peux le faire aussi. Et n'insistez-pas! Je veux qu'on me fiche la paix, c'est compris? Je relève de rubéole et de troubles bipolaires, et si on m'embête un peu trop, attention, je peux y retourner et y puiser la matière d'au moins 5 nouveaux films sublimes à couper le souffle. A bon entendeur.



Oui. Mais pour ça, faut un peu de talent, je sais pas moi, raconter des trucs un chouia intéressants, y compris dans les interviews-promos, et filmer un soufflé farci tous les 15 ans uniquement, le reste de ses loisirs étant consacré à observer à la jumelle des grues cendrées et des fauvettes du Jutland, hein.

Alors ok, on nous ressort déjà la formule rabâchée qu'on applique systématiquement à toutes les marques et à toutes les formes de camemberts existants: LVT, "on adore ou on déteste, mais en tout cas il ne laisse jamais indifférent". Tututut. Je ne déteste ni n'adore les films de LVT, allons; je suis même en mesure de confirmer qu'ils m'ont tous passionné autant que de "passer une soirée à manger des moules mayonnaise tièdes dans un resto-route en compagnie de Jean-Claude Bourret qui vous explique les montants compensatoires", comme dirait Desproges. C'est d'ailleurs pour ça que je surjoue un peu dans l'exercice fastidieux d'en dégager les grandes lignes de force...



Y en a une, par contre, qui n’a pas besoin de déployer la grosse artillerie pour occuper les feux de la rampe, c’est K. Bigelow.
Eh oui, souvenez-vous, magnifique, formidable : l’ex-fane de Susan Sontag devenue la Sarah Connors protéinée du patriot act, le muscle sec comme une trique, une cheerleader qu’a d’la poigne, une gââgneuse, une que quand tu crois que c’est fini, paf, ça repart à l’attaque, comme disait Depardieu dans les valseuses. Bigelow, cinéaste-phénoménologue de la guerre, oscarisée, artiste indépendante et désormais iconographe officielle du Pentagone.
Le prochain film choc de notre va-t-en-guerre fascinée par la virilo-burnitude, provisoirement et sobrement intitulé "Kill Bin Laden", s’annonce au moins aussi super défoulant et super galvanisant que son Démineurs. Aux avant-postes de la nouvelle-ancienne croisade civilisationnelle du gars Martel. Faster, Pussycat! Kill! Kill! Et dire qu’on stigmatise les videogames à la "call of duty », alors qu'avec ou sans fps ça fait beau jeu que la modern warfare n'a pas eu lieu, comme dirait Dridri.


C'est le médiatique Breiwik qui va exulter dans sa cellule capitonnée. L'exigera sûrement que Bigelow soit nommée conseillère stratégique dans son ministère de l'armée. Alors Lars VT, je m'excuse, ça fait un peu chochotte à côté avec ses préciosités de vierge neurasthénique effarouchée.