mercredi 29 juin 2011

C'est si beau (jukebox série 1)



Il y a dans cette chose minuscule quelque chose de totalement bouleversant. A l'insu de son plein gré, sans doute. Quoique. Et ça tient à si peu. Quelque chose, dans l'aigu de la voix au début du couplet, comme le cri d'un oiseau étranglé. C'est un "moment", quelques secondes, mais qui n'est bien sûr pas isolable de l'ensemble du morceau qui le rend possible. J'ai remis ça 15 fois et je ne suis pas parvenu à en épuiser le mystère.

J'aime pas trop les paroles, cela dit, du moins le passage où elle dit comment elle vit sa vie, c'est un peu exagéré à mon sens. Personnellement, je n'aime pas les "pile ou face", c'est anxiogène. Regad Corynne Charby, par exemple. Elle est mignonne, y a pas. En 1986. Moi, j'aurais été au couleur-café en 1986, par exemple. Et je me serais trouvé en face de Corynne Charby. Je serais parvenu à me frayer un chemin jusqu'au bar pour lui proposer de m'offrir un diabolo-menthe. Et entre deux lampées, elle m'aurait balancé, comme ça, d'un ton badin (sans la petite voix du rossignol étranglé, qui est le piège absolu): "Moi, je joue mes amours à pile ou face, un coup ça passe un coup ça casse" ou encore "la craie s'efface, y a plus d'traces". Eh bien, mon vieux, je peux te garantir que j'aurais aussitôt tourné les talons, gris mais pas saoul, et que je serais rentré aussitôt chez moi, sévèrement déprimé, par le chemin le plus court. Donc, ça ne représente pas du tout ma philosophie pensée par moi-même telle que j'entends l'auto-promotionner. Je suis un pur et dur platonicien. Je ne veux que des amours nécessaires et inscrites de toute éternité dans le master plan. Sinon, ça m'intéresse pas, non merci, sans moi, désolé, j'ai pu d'pièce, on ferme, rideau. D'ailleurs, c'est du flan, tout ça. J'apprends, très en retard, sur wikipédia, que Corynne Charby, sotte fille qui n'a même pas terminé ses études secondaires, a épousé le pdg de Warner. En première instance. Alors qu'on vienne pas essayer de nous faire croire des trucs.





J'adore les choeurs, là-dessus. Sublime. J'en chiale à tous les coups. On se demande si c'est l'armée rouge ou kwè, mais en tout cas sont balèzes. Comme souvent, là où le bât blesse, c'est au niveau des paroles. Sincère, tout ce qu'on veut, mais cuculapraloche, avec des mauvais jeux de mots. J'ai horreur des calembours. C'est pour ça que j'aime si peu la chanson française. Non, même pas française: n'importe quelle chanson où le texte compte. Même les vêpres de la vierge Marie de Monteverdi, je m'en cague, du texte. Je préfère généralement ne pas comprendre les paroles. La signifiance sémiotico-linguistique dans les songs, généralement, je me sens pas concerné, faut vraiment que j'me force. Et 9 fois sur 10, je suis dégoûté, ou atrocement déçu. Qu'on essaye de me fourguer des contenus aussi profonds qu'inintéressants. Les gens aiment quand "il y a du sens", quelque part. Faut absolument exprimer quelque chose, sinon ça manque. Si on met pas les mots, y sont tout perdus, et ça peut les ennuyer gravement, attention. Y vous disent alors: oui, comme bruit de fond, quand je fais la vaisselle, je dis pas. Moi, c'est le contraire, les mots, surtout chargés de sens, m'empêchent de me concentrer sur la musique, ça redonde. Même sans paroles, il leur faut une intention, un concept caché derrière. "Information is not knowledge. Knowledge is not wisdom. Wisdom is not truth. Truth is not beauty. Beauty is not love. Love is not music. Music is the best".
Y a un truc qui me tue, c'est les gus qui sur le net adorent balancer le texte d'une chanson qui les a touchés au profond d'eux-mêmes, établissant ainsi une profonde et intense communication émotionnelle avec leurs contemporains. ça, je comprends pas. C'est des paresseux. N'ont qu'à l'écrire eux-mêmes, leur poème, à la fin. 
C'est pour ça aussi que je préfère quand le chanteur ou la chanteuse parlent en étranger. S'ils pouvaient se contenter d'onomatopées, alors là, pour moi, c'est Bysance: