mardi 20 décembre 2011

Reason-project, part 2

De Val fourré à Disney land, ou addendum au triomphe des Lumières.

M'intéressant un peu plus que d'habitude, ces derniers temps, à la "nouvelle" guerre/croisade civilisationnelle de la Raison contre l'obscurantisme, je découvre ce type, Sam Harris. Quasi par hasard, depuis un lien sur la fiche wiki de Michel Onfray. On y mentionne aussi Christopher Hitchens, décédé il y a quelques jours. Tous deux sont perfidement présentés, avec Richard Dawkins, comme les parangons d'une athéologie éclairée et émancipatrice assurée d'un vif succès dans les libraires "outre-atlantique". Perfidement, car il faut vraiment être intellectuellement malhonnête pour concevoir un quelconque rapport entre le néo-vitalisme scientifique de ceux-là et le vitalisme hédoniste, sanitaire et libertaire de notre précieux contre-historien omni-télévisuel de la philosophie.

J'ai souvent mentionné l'oxfordien Richard Dawkins, comme paradigme préoccupant d'un athéime "scientifique" bio-naturaliste, fondé sur le néo-darwinisme sociogénétique. Nouvelle coqueluche des cours de morale laïque de par ici.

Mais que dire de la prochaine coqueluche? 

Précisément inscrit dans cette mouvance, voici donc le nouveau produit scientifique de choc, "post-11 septembre":
Sam Harris, neuroscientiste nous dit-on, docteur en plein de choses, initiateur du "Reason Project", et auteur du best-seller: "the end of the feath" (2004) salué par un "Pen-Martha Allbrand-Kellog Award for first Nonfiction".

Il porte beau, ressemble à Ben Stiller, travaille sa cool-attitude, lâche de bonnes vannes, bon rythme, parfois un peu straight; doit se roder pour l'impro (quelques trous de mémoire de ci de là quand il s'éloigne de ses fiches).

On consultera avec profit sa notice wiki (pas très sérieux sur le plan méthodologique, pour initier une "recherche scientifique" digne de ce nom, mais j'oserais soutenir qu'à toute science wiki convient une notice wiki).


L'hypothèse de travail de Sam Harris, actuellement soumise à un protocole expérimental d'"imagerie par résonance magnétique fonctionnelle", c'est que toutes les religions sont irrationnelles, une aberration neuro-cognitive qui distord la réalité, et doivent à ce titre être combattues.
Pour sortir de ce mauvais pas où la Civilisation s'est enténébrée depuis des millénaires, Harris préconise, du moins en première instance, le "dialogue intolérant" à forme bénigne ("benign, noncoercive & corrective conversational intolerance"). Il s'agit d'exiger rigueur et honnêteté intellectuelles dans tous les domaines. Face à un religieux, on lui demandera les raisons logiques et les preuves valides de ses assertions. En résumé, on reste cool, mais on accepte moins d'écouter des billevesées sans broncher. On hoche la tête de temps à autre pour ne pas vexer son interlocuteur, mais en même temps on lui oppose sans sourciller une incorruptibilité déstabilisante ("ask proofs"). Cette technique permet en même temps de se créer un mur d'invincibilité spatio-temporel nous rendant momentanément imperméable ("safe") aux attaques de notre rationalité ("bad ideas"). Sam Harris cite comme exemple G.W. Bush, lequel avait le toc de placer "Dieu" dans ses discours: personne n'osait moufter alors que s'il avait dit "Zeus" ou "par Toutatis", on aurait crié "au fou". G.W. Bush étant retourné dans son ranch, on est maintenant autorisé à en plaisanter.
Il est vain de penser, sinon, qu'on peut entretenir un dialogue rationnel, "modéré", avec un croyant, qui somme toute est neuro-cognitivement perturbé, inoffensif ou dangereux selon le sport qu'il pratique - badminton ou thaï-boxing.
Mais d'entre les religions, il en est une dont la folie-irrationnelle surpasse toutes les autres et constitue le plus terrible danger que doit aujourd'hui affronter le rationalisme: la religion musulmane.

Un contresens fâcheux circule sur ce sujet, nourri par l'angélisme du "politiquement correct", l'indulgence des défenseurs de la raison et du sécularisme, et l'irresponsabilité des ennemis du patriot act. A cette erreur de raisonnement pernicieuse, il convient de répondre: intolérance bénigne et correctrice pour les ennemis de la tolérance. La tolérance est facteur d'inhibition et de soumission, nous poussant à intérioriser comme sujets tabous les croyances irrationnelles que nous imposent des idéologies religieuses foncièrement intolérantes. Mais en tant que personnes rationnelles et civilisées, nous devons pouvoir corriger bénignement les attaques malignes dont nous sommes l'objet.
"L'affaire des caricatures" constitue un bon indicateur du problème. Ce que révèle cette affaire sur le plan neuro-cognitif, c'est la distorsion de réalité générée par le système de croyance musulman, au plus bas de l'échelle dans l'ordre de la connaissance.
La connaissance des Musulmans repose, nous explique Harris, sur un livre qui, selon leur système de croyance, a été directement dicté par un ange à un individu schizophrène enfermé dans une caverne. Or les fondamentaux de la religion contenue dans ce livre prêchent la haine et non l'amour, la guerre et non la paix, préconisant le châtiment violent, voire la mise à mort, de toute personne irrespectueuse de leur idole. Cette distorsion du réel produit une hallucination perceptive empêchant les Musulmans de distinguer le "civil" du "religieux", le "séculier" du "canonique". A tout stimulus "A" représenté par une moquerie de cette idole, correspondra donc potentiellement une réponse "B" constituée par une agression.
Aussi est-ce entretenir une illusion vaine et dangereuse que de penser que l'on peut discriminer les "modérés" et les "fanatiques". L'impossibilité de se modérer est dans la nature intrinsèque de cette religion. Le problème souciant n'est donc pas celui du "fanatisme" ou du "fondamentalisme". Les autres formes de religions sont aussi zizi-couin-couin dans la cabessa, mais un Jaïniste, par exemple, épris de non-violence, plus il est fanatique moins vous avez à craindre de sa part.

Tel est le phénomène inquiétant que les caricatures du Jyllands-Posten ont permis de dégager scientifiquement. Aux fins de valider ce fait (fact) scientifique, d'autres mises en situation expérimentales seraient à encourager.
Harris estime que nous devons arrêter de nous voiler la face et entériner que nous sommes en guerre avec les Musulmans. Il en va autant de la sauvegarde de nos précieux fluides corporels que de la préservation d'une civilisation ("saine, sociétale, globale") fondée sur la raison.

En conséquence, Sam Harris enjoint "les communautés musulmanes à pratiquer la critique ouverte de leur foi et d'offrir assistance aux gouvernements occidentaux dans la localisation des extrémistes religieux parmi eux. Il [argue] que les musulmans doivent être préparés au profilage ethnique ("ethnic profiling") comme moyen de combattre le terrorisme, s'il est prouvé que l'adhésion à l'Islam est un facteur statistique pour des comportements terroristes".
Pour faciliter l'étude statistique et compléter les données biométriques, les membres des communautés concernées sont invités à se présenter spontanément dans les diverses infrastructures d’accueil psycho-techniques, où ils subiront une batterie de tests d'imagerie burlesque ("funny pictures") par résonance magnétique fonctionnelle.

(Dans un contexte spécifique d'opérations militaires ("modern warfare") et de protection des populations civiles, Sam Harris défend l'usage de la torture. C'est le "ticking-bomb case" ("imagine that a known terrorist has planted a bomb in the heart of a nearby city etc etc etc")



Nombre de conférences de Sam Harris faisant salle comble sont mises à disposition sur youtube. J'en sélectionne deux qui expliquent très bien tout ça - avec les sous-titres compris, par les bons soins d'un collectif  "franco-français".

(à côté de la dimension "télévangéliste" marquée, il est difficile de ne pas remarquer une mise en scène de "l"information" et un pédagogisme que n'aurait certainement pas renié un Goebbels. Voilà qui n'est "guère rassurant", selon l'expression consacrée. Fort heureusement, le combat éclairé que nous menons pour la défense de notre sage raison, en sa juste mesure, pour oublier la misère, et contre le fascisme, nous tient éloignés de ces fadaises d'illuminés)