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samedi 26 septembre 2009

l'affaire Val-Siné (3): la ténébreuse clarté du baragouin térébrant de Daniel Franco, philosophe.


(5 août 2008, suite)

Les « petits traités » valétudinaires de philosophie « par temps obscurs » se multiplient désormais, à l’ombre des grands chênes tutélaires médiacrates. Au mépris de la sagesse potagère qui nous enseigne pourtant que rien, hélas, ne pousse en leur voisinage, hormis quelques variétés d’endives *** tortillant âprement de l’encolure dans le geste désespérément opiniâtre d’appeler à elles la lumière des néons, et leurs cinq minutes éphémères de gloire .
*** (endive. N. fém. Bourgeon hypertrophié de la chicorée de Bruxelles (witloof) obtenu par forçage dans l’obscurité et consommé cru ou cuit.)
Un nouveau venu, intrépide, est venu tâter du klaxon. Histoire de mettre à profit l’embouteillage estival des Idées, et de ne pas, une fois encore, ce serait trop bête, rester en rade, intermittent de la société du spectacle, sur le bord de la grande autoroute du soleil. Ce genre d’opportunité se présente rarement. Il faut savoir saisir le « kaïros ».
L’aspirant vedette au semainier vespéral, c’est donc Daniel Franco, jusqu’ici obscur cruciverbiste conceptuel (cf. ci-bas), et exerçant provisoirement, pourquoi non, sa créativité itérative dans la dramaturgie scénique.
Belge, né en 1968, et vivant à Bruxelles, apprend-on.
« Formation :
Licence et une maîtrise en philosophie à l’Université Libre de Bruxelles, sous la direction de Pierre Verstraeten
Doctorat en philosophie à l’Université de Paris VIIII, sous la direction d’Alain Badiou.
A été ou est encore… :
Enseignant à l’Institut polytechnique de Paris Jussieu
Conseiller dramaturgique pour Bernard Sobel, au Théâtre National de Gennevilliers ».
Ce monsieur a donc parfait sa formation sous la direction d’Alain Badiou.
Ce serait pure calomnie et procès stalinien ad-hominem que d’oser suggérer, ne serait-ce qu’un instant, que le mobile souterrain qui structure les admirables vaticinations logico-sémantiques qui nous sont offertes là en colliers de « rebonds » intarissables, ressemble à s’y méprendre à quelque vilain affect de jalousie et de ressentiment, s’arc-boutant au prétexte providentiel de flatter les « nouveaux philosophes » d’aujourd’hui et de toujours, par une magnifique chorégraphie toute en contorsions pseudo-savantes.
Aussi convient-il de ne pas se contenter de le suggérer, mais encore de l’établir. Et par le menu, même si la tâche est fastidieuse.
Mais après tout, nous sommes en vacances, nous aussi.
Mais avant de nous plonger dans les agapes de cette para-philosophie de bistrot éditorial dont notre nominaliste au pied agile fait ses choux gras – une improbable science pataphysicienne (qui s’ignore) de la transformation de tout énoncé en n’importe quoi qui serait à minima son contraire, ce « monde des non-A » dont le nexialisme science-fictionnesque d’Alfred Van Vogt, nous le rappelions, plane encore confusément sur les abracadabrantes uchronies géo-politiques de l’éditorialiste Alexandre Adler -, consultons la notice bio-bibliographique que Daniel Franco se consacre modestement à lui-même, et à son dessein :
« Daniel Franco est philosophe et vit à Bruxelles.
Depuis plusieurs années, il publie dans de nombreuses revues (Les Temps Modernes, Purple Journal, Pylone). Certaines pages d’opinion ont également paru dans les journaux Le Monde et Libération.
Ces écrits portent notamment sur la situation tragique au Moyen Orient, qu’il inscrit dans le champ aujourd’hui labouré en tous sens de ce qu’on appelle les « quêtes identitaires ». Il mobilise à ce sujet le legs mythologique ancien, non comme des matrices intemporelles, des cadres inusables, mais comme une sorte de calmant, l’auxiliaire de cette vue dégagée que les Grecs appelaient « théorie ». Œdipe, après avoir résolu l’énigme du Sphinx à Thèbes, libère cette autre peste qui lacère toute peau, qui réfute toute apparence : la volonté d’identité. Cette volonté est vaine, et déçue nécessairement, pour la raison que l’identité n’existe pas, ou pas à la manière d’un objet pour la volonté. Seule existe, et à peine saisissable, à la façon d’un mystère, la ressemblance. Narcisse, fils du fleuve Céphyse, au bord de l’eau, en est le héros émerveillé et dramatiquement inassouvi. Les morales sont limpides : Oedipe à la fin se crève les yeux; Narcisse jusque dans l’extrême douleur s’empêche de les fermer. C’est dans la filiation de ce regard à toute épreuve, somme toute très peu narcissique, que nous souhaitons déployer notre réflexion et jeter, vraiment jeter, nos filets. »
Diantre ! Vaste et noble programme que voilà, n’était l’onctuosité vague d’un « gai-savoir » fort mal imité, et dont l’imitation engendre un charivari nébuleux qui, déjà, berce nos oreilles .
Le « legs mythologique ancien », comme une sorte de « calmant », « auxiliaire de la théorie », remède contre cette « peste qui lacère toute peau : la volonté d’identité ». Jetant, vraiment, jetant ses filets dans la filiation de ce regard, il est bien dommage que Daniel Franco se crève aussitôt l’œil perçant, pour aboutir au résultat résolument inverse de ce qu’il préconisait : à savoir se jeter, tout brûlant, lui aussi, dans le feu vif du vertige identitaire qu’il dénonce. Encore une apprentie midinette sur le retour qui s’est brûlée les ailes, à trop vouloir tâter de la volupté des phares aveuglants de la pensée contemporaine télévisuelle, donc.
Le primo-pataquès au sujet d’un développement de Badiou incroyablement mal compris («il serait terrible pour les juifs, cette multiplicité vivante, de laisser le mot dont ils se réclament, et qui est lié de longue date aux aventures de l’universel, devenir l’emblème du capitalisme modernisé, de la xénophobie antiarabe ou antiafricaine et des guerres américaines») , et synthétisé comme seuls les bâcleurs de seconde session examinatoire en sont capables, ayant été « upgradé » par l’impétrant récipiendaire lui-même, il importe donc, si on n’a vraiment que ça à faire, d’examiner les sidérants syllogismes auxquels sa mise au point donne lieu.
Nous lisons en effet, dans l’addendum :
« J’ai écrit dans mon papier qu’on était amené à en conclure, « en bonne logique, que s’attaquer à l’oligarchie revenait toujours jusqu’à un certain point à s’attaquer aux juifs ». J’ajoutais : « que derrière le très reconnu pouvoir des riches opère secrètement un règne des juifs » : cette dernière phrase, j’en conviens, est excessive et indéfendable. Si on me l’accorde, je souhaite l’annuler. »
Passons rapidement, et par pudeur, sur cette mansuétude de type joffrinesque qui consiste à annuler « magiquement » ses propres contorsions sémantiques par de plates excuses, que seuls quelques rabat-joie jésuitiques renâcleraient à accorder.
Ce n’est pas que ce soit excessif et indéfendable, cela relève tout simplement de ce qu’il faut bien appeler, sans crainte ni tremblement, de la malhonnêteté intellectuelle, de la fraude.
Cette malhonnêteté, sous les auspices d’un sophisme nov’languien qui vaudrait séance tenante à notre érudit-polémiste de prytanées une annulation rétro-active de la mention de bachelier, assortie d’une proposition de réorientation drastique du cursus vers une formation de greffier en procès staliniens en Syldavie septentrionale, a en effet de quoi surprendre :
il s’agit « simplement » de renverser, cul par dessus tête, un argumentaire visant à mettre en garde la tentation d’ériger en « identité essentialiste » le statut universaliste, multiplicitaire, du Juif : son cosmopolitisme, le façonnement de son identité dans et par les différences, les greffes géo-culturelles, la destinerrance, dirait Jacques Derrida.
Que les Juifs, représentants éminents, dans l’histoire et la formation de l’Europe, de cette destinerrance, aient été précisément ce peuple non assignable à un sol, une Nation, une loi du sol et du sang, inquiétant par là les identités archaïques et fantasmées du collectif, voilà bien ce qui précisément jetait dans l’effroi, la terreur, la crispation identitaire, la haine xéno-phobe fondamentale, vertige d’un ciment identitaire, ces idéologues mystiques de l’Identité à soi-même des peuples, que furent les Drumont, les Maurras les Bernanos.
Il serait terrible, donc, que soient attisées de nouvelles haines identitaires, désignés à la vindicte de nouveaux boucs-émissaires, infligés de nouveaux stigmates ethno-religieux, encouragés les « chocs » des civilisations, par le pilonnage incessant de ces sophismes médiatiques, de cette rhétorique irresponsable de « diabolisations » en tous genre que pratiquent ceux qui aujourd’hui stigmatisent le pluri-ethnisme, EN LEUR NOM, au nom des Juifs, persécutés précisément par la logique délirante des pires fantasmes identitaires, aux effets inéluctablement meurtriers et bellicistes.
Voilà ce qui serait terrible, en effet. Cet usage de la victimologie appliquée, qui rabaisse lui-même la dignité du Juif, sa positivité, sa multiplicité, sa complexité, échappant aux codages identitaires et territorialistes. Ce retournement, cette intériorisation du stigmate, qui l’inciteraient à se définir et à s’envisager essentiellement comme victime. Les vrais philosophes, de Spinoza à Deleuze, ont toujours dénoncé avec force l’affirmation de soi par réactivité, le mensonge d’une éthique négative, d’une éthique qui ne peut penser le Bien que sur le fond d’un mal radical ou originaire. Badiou, qu’on l’apprécie ou pas, est un de derniers philosophes à s’inscrire aujourd’hui dans cette rare lignée.
Et voilà que sous les auspices d’une rhétorique frauduleuse, Daniel Franco se met en devoir de faire de « A » un « non-A » et de « non-A » un « A » : prétendant, croit-il, mener bataille contre le mythe de l’identité, il brandit une identité par réactivité, une identité qui ne saurait être que de victime, pour qualifier d’antisémite un penseur qui nous met en garde, dans la grande tradition d’un rationalisme universaliste, contre le syllogisme redoutable consistant à « retourner » le refus de l’oppression au nom des vertiges identitaires en vertige identitaire autorisant la stigmatisation de l’autre par de nouvelles oppressions.
Consistant, pour le dire autrement, à instrumentaliser purement et simplement le concept d’identité : refuser que le statut de Juif soit instrumentalisé au nom de l’affirmation belliciste d’un désir d’empire fondé sur le choc civilisationnel, c’est distribuer la haine du Juif. La paix, c’est la guerre, la guerre, c’est la paix.
Seuls quelques demeurés semi-trotskystes, et céliniens de la grande banlieue, refusent encore de souscrire à cette saine, évidente et implacable logique. Honte à eux. Ils feront triste mine dans les poubelles de l’Histoire, quand Philippe Val, messager éclairé des valeurs laïques et républicaines, sera enterré au Panthéon.
Examinons à présent comment, dans l’auto-absolution de son propre pataquès, Monsieur Franco, tel l’Ouroboros, n’en finit plus de se consommer lui-même, en s’égarant, à l’infini, dans le labyrinthe de la machine « volapuk » à pomper et à improviser des sophismes, qu’il a lui-même engendrée :
« La question que je pose est celle-ci : quel rapport entre la critique de l’oligarchie et les juifs ? Comment celui qui critique l’oligarchie ou la démocratie minimale et minable qui lui sert d’alibi, en vient-il à parler des juifs ? Autant que je sache, nul besoin de parler des juifs pour critiquer les inégalités de pouvoir soutenues par des inégalités de richesse. »
Autant en effet que vous le sachiez, Monsieur Franco, c’est vous-même, en votre complétude auto-suffisante, qui avez déduit votre conclusion de vos propres prémisses : ayant vous-même postulé, en l’effaçant aussitôt, l’adéquation oligarchie-Juifs, c’est vous et vous seul qui en conséquence avez « besoin » de parler des Juifs pour parler de ceux qui critiquent les oligarchies. Vous exploitez vous-même, en le posant comme principe de votre « démonstration », le stéréotype ou amalgame antisémite de l’adéquation juif/oligarque, pour ensuite valider l’adéquation antisémite/anti-oligarque.
Inutile de rappeler, par incidence, que cette profuse dialectique rame à côté de la montre en or, puisque Alexandre Adler s’est chargé de vous instruire au sujet d’un autre amalgame fâcheux, qui a la vie dure chez les boutiquiers feignants et les militants staliniens d’une paresse chère à Paul Lafargue : Sarkozy n’est pas « majoritairement » juif (en l’attente de l’expertise de tests adn qui pourraient faire prochainement les gros titres du Figaro), quoique symboliquement juif par le seul fait que ceux qui critiquent le sarkozysme voit en lui une « intolérable promotion de l’Etranger » (sur ce coup, Adler n’a franchement pas manqué d’un certain toupet, quand on sait à quel point la politique sarkozyenne actuelle de « gestion » du non-Français est un modèle envié d’hospitalité).
Mais plus ponctuellement, vous amalgamez, en l’escamotant, votre gigantomachie ultra-personnelle vis-à-vis de Badiou, laquelle semble motiver l’essentiel de votre intervention dans le champ médiatique, profitant pour cela de l’amalgame préalablement agencé par BHL lors de son intervention dans l’affaire Siné/Val, qui n’en demandait pas tant.
D’amalgame en amalgames d’amalgames, vous irez loi, mon petit (vieux).
Il faut dire que la non-pensée médiatique que vous flattez, lustrez même, vilain stratège en vedettariat mondain que vous êtes, se nourrit quasi exclusivement de cette syllogistique incomparable, dont l’écran de fumée nous divertit tant et tant depuis que les ailes des nains de la pensée, brassant l’air de leurs frénétiques et infatigables moignons, ne les empêchent nullement de voler, et de planer, en haute altitude, sur le paysage « intellectuel » franco-français qu’ils se sont bâti à leur propre mesure.
Cheminons, avec vous, vers la fine pointe de votre ultime ( ?) et vaudevillesque rebond :
« A-t-on connaissance d’intellectuels juifs favorables au capitalisme, aux invasions américaines et hostiles sans mesure aux Africains et aux Arabes, sans doute aux populations d’Islam ? Oui, on les connaît ? Combien sont-ils, une poignée ? Une dizaine ? D’après le Talmud, le monde repose sur la présence de dix justes. Faut-il croire que dans le Talmud de Badiou, le sens du mot ’juif’repose sur dix salauds ? Si les juifs sont « liés de longue date aux aventures de l’universel » – ce qui est exact et c’est même peu dire – par quel renversement démoniaque ces mêmes juifs devraient-ils s’inquiéter du destin de leur nom au seul motif qu’une dizaine d’entre eux ont depuis peu rompu ce lien. Cette phrase, pour moi, c’est l’horreur pure. J’ai rappelé dans mon texte que la série «le capitalisme, la xénophobie, les guerres» reprenait point par point un très vieux et tenace grief. Avec cette phrase, Alain Badiou pose le pied dans la boue. Connaissant son œuvre, je peux témoigner parmi de nombreux autres que cette boue lui est absolument étrangère. L’accusation s’en trouve plus légère ; une explication est d’autant plus requise. »
Saluons cet brillant exercice de chantage qui repose essentiellement sur une confusion persistante qui annule d’emblée l’ensemble de votre prétendu combat contre le mythe des Identités :
une fois de plus, dans votre théâtrale geste, c’est vous-même, en votre plénitude, qui, à l’instar des « nouveaux philosophes » précités, folâtrez dans les plus téméraires amalgames et stéréotypes identitaires entre Juif, Capitaliste, citoyen d’Israël, militant sioniste, etc.
Tout juif n’est pas « par essence » capitaliste, tout capitaliste n’est pas « par essence » juif, tout juif n’est pas « par essence » militant sioniste, tout militant sioniste n’est pas « par essence » capitaliste, tout militant sioniste n’est pas « par essence » militant anti-palestinien, tout militant pro-palestinien n’est pas « par essence » non-juif, etc etc.
Ça fait donc beaucoup de monde.
Vous jouez, vous, par contre, inlassablement, d’une ambiguité entretenue sur le nom de « Juif », en vertu de laquelle, comme tant attendu, vous vous auto-accordez le droit de soupçonner d’antisémitisme toute personne, et votre golem intime en particulier, qui se refuse précisément à ces honteux et frauduleux amalgames. Qui, à part vous et quelques rhéteurs, diabolisent en définitive une « essence » du Juif ? Qui, mais qui ?
Cher pompier et pompeux pyromane, maintenant que vous vous êtes à jamais immolé sur l’autel de la tartufferie intellectuelle, en tentant le coup de dé ultime destiné à vous faire passer pour un philosophe digne de débattre avec un autre philosophe aux yeux de pseudo-philosophes médiatiques, que ne retournez-vous à vos cyber-journaux intimes, où tant de plumivores douloureusement lyriques régalent, et vous le faites si bien, les amateurs de mauvaises imitations pseudo-poétiques, mais authentiquement fumeuses, des vrais Bégayeurs de la pensée ?


vendredi 25 septembre 2009

l'affaire Val-Siné (2)



(4 août 2008, suite)

Val, désormais, est une Victime de l’anti-sionisme. Sa messagerie est littéralement agonie d’antisémites. Il va donc devoir se cacher, tout comme Redeker était harcelé par les islamo-fascistes. Pour s’expliquer à la rentrée, entre deux gardes du corps, à l’émission de Ruquier. Et sans doute faire un peu de retape pour l’essai sur Kant qu’il rédigera en captivité : « Prolégomènes à toute bouffonnerie future qui voudra se présenter comme science ». Ou « Le cirage de pompes dans les limites de la simple raison ».

Pour Joffrin, le dérapage sémantique sur la “race” était gros comme la baraque à frites à côté de chez moi, juste derrière le pont de Fragnée.

Le pire, c’est que Joffrin, se corrigeant, postule que le terme était “mal choisi”.

“Mal choisi”.

Hum.

Ce n’est pas une question de mauvais choix. Ce Joffrin (diplômé de sciences po, pourtant), ne semble pas avoir été bien loadé sur le fait que le concept de “races”, on l’a pourtant assez répété, est l’origine même d’une perception de l’être humain qu’on nomme précisément “racisme”. Soit une biologisation des groupes ethniques. On pouvait encore lire ça dans les manuels scolaires de géographie des années cinquante.

Un mec très “rigoureux”, quoi.

Quant à Alexandre Adler, dans sa missive éditoriale, il troue véritablement la couche d’ozone. Il se surpasse.
Dans un élan de lyrisme qui a tout d’une montée vertigineuse de speed, il en est à comparer Val à Zola.

La bouffonnerie est à son acmé :

« La France tombe souvent très bas, mais se relève ensuite plus haut que n’importe laquelle des autres nations de l’Europe. Aujourd’hui, on voit en tout cas qui a la trempe d’un Zola, d’un général Picard : c’est Philippe Val. Et qui a la bassesse de Drumont, de Maurras ou de Bernanos : ce sont les pétitionnaires semi-trotskistes en faveur de l’éternel stalinien Siné. »

Belle envolée oraculaire et prophétique, digne d’un Charles péguy.
Ah oui, comme dab, il use de la rhétorique de l’ancien stalinien pur sucre qui dissimule ses casseroles derrière la bimbeloterie des ex-petits camarades : traiter tout le monde de stalinien, allez hop.

Adler est un bosseur acharné: quand il ne ronfle pas dans un coin de studio, par suite de digestion laborieuse d’un veau-marengo enfilé à la va-vite à la cantine de France-Culture, il collectionne des potiquets où il place des séries d’étiquettes définitionnelles à haute valeur ajoutée de pertinence socio-géo-politique.

Par exemple, quand il s’agit pour Adler de s’essayer à discréditer un gnouf qui fait rien qu’à ennuyer un de ses potes médiacrates néocon, il mélange ses potiquets en se demandant: “alors, qu’est-ce que je vais bien pouvoir agencer comme étiquette sublimissime qui fera bien rigoler un de mes potes médiacrates… Stalino-célinien, non, d’jà fait… maoiste-robespierrien, non, trop subtil, et ça pourrait indisposer Gluckie, trotskard néo-évangélique… staliniste célinien de la grande banlieue… ah ça sonne pas mal, je prends” :

« La réalité, c’est que le terme «anar» ne signifie pas ici l’anarchisme politique qui eut ses gloires parfois et sa dignité toujours, celui de Durruti en Espagne, de Rudolf Rocker en Allemagne, mais plutôt les borborygmes haineux des Céline de grande banlieue (dont Céline lui-même) qui font régulièrement leur apparition dans notre paysage littéraire comme autant de bulles de méthane sur un étang pollué. »

La charge habituelle, au tarif économique. Adler ne se foule pas des masses. Il doit être en vacances. Relevons cependant le tropisme qui organise cette intimidante assimilation : « de grande banlieue ».

La « grande banlieue ».

C’est superbe.

C’est que Adler, tout comme Val, ont beau être des démocrates convaincus, il n’aiment pas trop le “peuple” (à prononcer comme Michel Serrault dans “la gueule de l’autre” de Pierre Tchernia).

Le “peuple”, c’est la grande banlieue.
Il n’y pousse que des stalinistes, des céliniens, des staliniens et des célinistes.
Quand Adler et Val prennent un taxi pour se recueillir sur la tombe d’Emile Zola entre deux émissions sur l’augmentation d’la r’crudescence des staliniens altermondialistes dans l’Ardèche francomtoise, ils mettent des raybanes au moment de traverser la grande banlieue, à fond sur le champignon.
Pour éviter les hordes d’internautes antisémites célinostalinistes, qui sentent le graillon, écoutent dans des caves des samplings d’accordéon de Verchuren, et qui pullulent par là-bas. Pire que Chinatown, la nuit, la veille de Halloween.

Pour le reste, c’est l’habituel, désormais, écran de fumée. Même ou surtout en période estivale, faut absolument détourner l’attention sur tout ce qui se passe, et peaufiner une story-telling savamment entretenue, un véritable work in progress. Pas un jour ne passe sans qu’une pierre ne soit posée sur l’édifice du néo-mythe fondateur du redressement d’une France moderne, progressiste, éreintée par la feignardise (sic) et par l’obscurantisme régressif d’une gauche aplatie (et, en effet, totalement aplatie, c’est clair).

La nouvelle construction sémantique, qui était déjà prête à l’emploi, en “expérimentation”, mais qui n’attendait que la chiquenaude conjoncturelle pour passer au stade de musellement terminal de toute opposition politique, c’est, entre autres, Adler qui nous la susurre, dans un salmigondis rhétorique proprement hallucinant, marque de très grande chaleur, qui lui permet d’agencer cette description visionnaire, digne de figurer soit dans les plus beaux récits de SF de Van Vogt marqués par la sémantique générale d’Alfred Korzybski, soit dans les sagas d’heroïc-fantazy les plus pré-dianoétiques de Ron Hubbard:

« Qu’est-ce qui unit de part le monde un islamiste marocain, un communiste russe déçu, un pasteur africain-américain ségrégationniste à l’envers, un intellectuel anglais semi-aristocratique et antiaméricain… et un adversaire rabique du président Nicolas Sarkozy, qui voit en lui l’inacceptable promotion de l’étranger ? L’antisémitisme sert ici de ciment à un authentique vertige identitaire. Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Et pourquoi les juifs semblent-ils ne pas souffrir de ce même vertige ? La réponse est d’ailleurs simple : les juifs aussi, de part le monde, souffrent de ce même vertige. Mais revenons un instant sur la haine antisarkozyste : on aura beau rappeler que le président n’est ni juif par la religion ni même très majoritairement par l’origine, de même qu’on constatera que le président s’est illustré depuis un an par une attention sans faille aux difficultés du monde arabe et a incarné, parfois à tort à mon avis, un recentrement assez sceptique de la politique européenne de la France : qu’importe, dans une mondialisation impétueuse que certains, à droite comme à gauche, vivent comme une agression permanente, un homme, Nicolas Sarkozy, proclame, sans cesse, qu’il est une opportunité pour une France qui peut se secouer de la rancœur petite-bourgeoise de la corporation et de l’éloge de la PARESSE [nous soulignons], et voici que les antisémites, comme un essaim de mouches, s’en prennent à sa personne, ou, le cas échéant, à celle de son fils. »

Ce qu’il faudrait retenir, dans ce fatras hypnagogique de semi-aristocratisme, vertige identitaire, haine rabique et autres combinaisons oulipiennes fondées sur la concaténation de fréquences statistiques et d’allitérations euphoniques, c’est ce message quasi subliminal, destiné à frapper notre mauvaise conscience :

Sarkozy est PRESQUE juif.

Ce qui explique que tous ceux qui ne sont pas sarkozystes sont, soit des antisémites qui ne se cachent même plus, soit des proto-antisémites en devenir.

Sarkozy est une Victime, par procuration, par détournement, de cette vieille France réactionnaire en proie à ses démons nationalistes.
Sarkozy et son fiston sont les boucs-émissaires d’une résurgence juillettiste canon de tous les Maurras et les Drumont de la haute banlieue (sic), cette France qui fonde son identité sur la haine de l’Autre, et du Juif en particulier.

« Ciment du vertige identitaire » ou « Vertige du ciment identitaire », on ne sait plus très bien, en effet, à ce degré vertigineux de rhétorique onctuo-fumeuse de ségrégationnismes à l’envers, paradoxes à l’endroit, et gymnoconcepts systématiquement flous et de traviole, ce qui cimente quoi. Une chose est claire, Adler nous mitonne bien là, à son tour, un chef d’oeuvre absolu de Nov’langue, consistant à inverser point par point toutes les données du problème, tordre le langage comme une serpillière pour le faire accoucher des contre-vérités les plus énormes (plus c’est gros, plus ça passe), tenter d’escamoter la réalité de la politique socio-économique du président Sarkozy derrière un mur de fumée aussi opaque que la pellicule technicolor du Jour et la Nuit, l’unique essai à ce jour de BHL dans le domaine de l’Art Total, et il faut le dire, de très loin sa production la plus convaincante.

La France va mal. Très mal. Et la Belgique ne va pas bien non plus.



l'affaire Val-Siné (1)




Ainsi s'exprime Laurent Joffrin:

« Pour notre part, nous apportons tout notre soutien à Philippe Val et à l’ensemble de l’équipe de Charlie Hebdo qui, numéro après numéro, s’efforcent d’œuvrer à la critique des idéologies de la haine raciale et de leur manifestation. Nous espérons instamment que, dans les jours qui viennent, le lamentable spectacle consistant à prendre pour cible des personnes rigoureuses en matière de racisme et d’antisémitisme cessera. »

Personnes rigoureuses en matière d’antisémitisme et de racisme ? Œuvrant à la critique des idéologies de la haine raciale et de leur manifestation ?
Il ne nous a guère semblé que monsieur Philippe Val témoignait de rigueur, d’équanimité ou d’esprit d’analyse dans ces domaines. Nous allons préciser pourquoi. Quant à sa prétendue vigilance républicaine assortie de courage iconoclaste, le temps passant, elle tend largement à se confondre, voire se dissoudre, avec l’exercice mondain de la flagornerie consistant à quêter et obtenir la légitimité symbolique, sur le plan des compétences et de la rigueur, d’intellectuels médiatiques auto-intronisés, entendons surtout par là des dilettantes de la pensée, dont le seul « terrain » véritable est essentiellement celui de l’auto-promotion par hyper-visibilité et omni-radotage.

Toujours les mêmes depuis plus 30 ans – how long how long chantait Neil Young -, à squatter les hauts-parleurs bourdonnants et frétillants du faire entendre et du faire dire, toujours du côté du manche des pouvoirs et des légitimations unilatérales : un constant appel du pied aux restaurations de tous poils, pas tellement « nouveaux réactionnaires », allez, mais réactionnaires très anciens, de toujours, dont la soft-pensée vitupérante se pare, par la grâce de cette Novlangue entretenue de confusionnisme et des amalgames les plus tristement burlesques, des attributs qui lui sont très exactement contraires : un soi-disant progressisme démocratique.

Souvenons-nous de Deleuze, qui écrivait, en 1977 :
« Les rapports de force ont tout à fait changé, entre journalistes et intellectuels. Tout a commencé avec la télé, et les numéros de dressage que les interviewers ont fait subir aux intellectuels consentants. Le journal n'a plus besoin du livre. je ne dis pas que ce retournement, cette domestication de l'intellectuel, cette journalisation, soit une catastrophe. C'est comme ça : au moment même où l'écriture et la pensée tendaient à abandonner la fonction-auteur, au moment où les créations ne passaient plus par la fonction-auteur, celle-ci se trouvait reprise par la radio et la télé, et par le journalisme. Les journalistes devenaient les nouveaux auteurs, et les écrivains qui souhaitaient encore être des auteurs devaient passer par les journalistes, ou devenir leurs propres journalistes. Une fonction tombée dans un certain discrédit. retrouvait une modernité et un nouveau conformisme, en changeant de lieu et d'objet. C'est cela qui a rendu possible les entreprises de marketing intellectuel. ».(Deleuze, "les nouveaux philosophes", 1977)

30 ans plus tard, rien n’a changé, évidemment. Toujours les mêmes cuistres, les restaurateurs de toujours, lesquels se sont fait de la martyrologie un juteux et endurant fond de commerce, vivant, et nous intimidant par là, de cadavres et de charniers, comme l’écrivait encore Deleuze.

Dans ce contexte désolant de confiscation de la rigueur par des écornifleurs d’opérette qu’aucun intellectuel rigoureux n’a jamais pris au sérieux, la figure médiatique de Philippe Val, son destin spirituel, son œuvre, ses courageuses prises de position en moult domaines, prend tout son sel.
Ce fin lettré, ce redoutable iconoclaste, ce Danube de la tolérance voltairienne, ce chantre de la politesse et des vertus du débat public entre médiacrates triés sur le volet, qui médite longuement sur les scolies de Spinoza dans les notes infrapaginales d’Alain Minc, nous éblouit chaque jour que Dieu fait par l’extrême rigueur de ses croisades éthiques, politiques et morales.
Ardent défenseur de Robert Redeker, un fin prosateur, que l’ignorance et l’inculture érigées en pamphlets, si courageux, et tellement intempestifs, ont amené à se signaler par ses désormais historiques considérations amalgamantes et réductionnistes sur la religion musulmane.

Le dossier était copieux, dans le registre de l’incompétence opportuniste, c’est-à-dire l’art de surfer sur les peurs identitaires et collectives, en agitant les sombres grelots du totalitarisme, du fascisme, mais encore de l’invasion de nos contrées de progressisme laïque et de justice économique par des hordes de fanatiques barbichus, ourdissant dans l’ombre de leurs grottes séculaires le déclin et la chute de l’occident démocratique.
Aussitôt adoubé par BHL (le spécialiste international de la complotite crypto-fascho-islamiste, journaliste d’investigation extrêmement rigoureux), et paradoxalement promis aux sunlights des plateaux ruquiens par la perfidie des menaces prononcées à l’encontre de son intégrité physique par quelques illuminés aussi ignares et dogmatiques que ledit récipiendaire.
Heureusement, déjà, que monsieur Philippe Val, chantre courageux de la laïcité républicaine, faisait rempart en brassant l’air, tout en clamant avec vigueur et rigueur le droit imprescriptible à la caricature, au pamphlet, vis à vis de TOUTES les religions. Lorsqu’il s’est agi de publier une saine et roborative représentation du prophète, selon tous les stéréotypes ethnico-faciaux du musulman, au nez de préférence crochu, et aux sourcils de préférence broussailleux.
Le même saisissant art de croquer, avec toutes les caractéristiques y afférant, on ne sait trop quel représentant iconique du prophète, mais ethnologiquement bien situé, aux sombres desseins envahissants et hostiles, bien entendu, joints à l’inénarrable rictus stercoraire du fanatique de base, n’aurait pas déparé, par son esthétique plus que relativement nauséabonde, et dans un passé encore récent, dans un édito de « je suis partout », s’il s’était agi de « croquer » le Juif.

Mais ne faisons pas deux poids deux mesures. Monsieur Philippe Val, avec la rigueur et la compétence du vilipendeur de toutes les formes de racisme religieux ou ethnique, a su surmonter avec panache ce type de scrupules éthiques, en nos temps sombres, troubles et menacés.
Il a su avec courage ne pas surfer sur les peurs archaïques d’invasions barbares, éviter de brasser l’air dans les espaces démago-populistes de jadis-Le Pen, et, avec une imparable rigueur dans l’analyse socio-ethno-politique de la mondialisation, ne pas emboîter le pas aux harangues sur le choc des civilisations martelées par quelque idéologue rigoureux néocon.

Non content de protéger hardiment nos libertés publiques - menacées par qui, sinon bien sûr par des hordes, forcément invisibles et venues d’ailleurs, cachées, anonymes, comploteuses, essaimant par prédilection dans la forêt vierge, inextricablement touffue, de la cyber-sphère, cette zone de non droit et d’impolitesse, et non pas, bien sûr, par une famille-cartel de philanthropes et globe-trotters d’entreprises, gérant avec maestria le déplacement des flux capitaux en se les partageant avec beaucoup de tact et d’éducation, par une démantibulation sans précédent de tous les acquis économiques et sociaux depuis Léon Blum – non content, donc, de nous alerter sur les vrais dangers qui nous menacent, monsieur Philippe Val, qui n’hésite jamais, question de courtoisie, à crier haro sur les baudets qui donnent dans la « théorie du complot », traque la bête immonde antisémite dans les colonnes même de son intempestif, bien gaulois et bien gaulé organe de presse destiné à titiller nos consciences endormies.
A ces fins, il est absolument nécessaire, que dis-je, vital, afin de persévérer dans l’être selon les réquisits d’un conatus spinozien mal lu et mal entendu, d’appliquer cette magnifique nouvelle grille sémiotique de la Novlangue paranoïaque des BHL & Finkielkraut, pour qui tout individu majeur et vacciné qui conteste les légitimités des pouvoirs en place, n’est, ni plus ni moins que… un antisémite !
C’est leur running-gag à eux, leur concept massif, l’unique concept « dent creuse » qu’ils eurent jamais dans leur longue existence de penseurs acharnés et rigoureux. La Novlangue en question, on le sait bien, consistant à accoler cette épithète infâme envers à peu près tout qui n’acquiesce pas à la magnifique vision du monde partagée par ces « happy few » du bien dire et du bien penser, et de se réserver, unilatéralement, le droit imprescriptible d’amalgamer, eux, en fonction de la direction du vent, critique de la politique israélienne, critique de la lutte anti-terrorisme américaine, anti-sionisme, anti-sémitisme, anti-judaïsme.
C’est bien simple : on peut, et même on a le devoir de redekeriser la perception du monde musulman, en n’hésitant jamais, au grand jamais, à amalgamer musulmans, islamistes, islamo-fascistes, totalitaristes, crypto-islamo-gauchistes-altermondialistes, la liste des étiquettes à rallonge témoignant d’une rare inventivité, mais étant de somme finie.
Mais si, avec l’humour, évidemment douteux, amalgamant, certes certes (ni plus ni moins que les caricatures susmentionnées, charriant leur lot sonnant et trébuchant de stéréotypes racistes, beaufisants et manquant de courtoisie) d’un Siné on tacle, par une charge aussi médiocre qu’inappropriée (c’est ça qui désole le plus) les mérites du rejeton du président de la république française des amis de TF1 et des nouvelles spiritualités très en adéquation avec les brain-trusts monopolistiques, alors là, on ne va pas prendre de gants, on ne va pas se fendre d’un édito pompeux, pompier et flagorneur sur le droit « d’insolence », avec des envolées voltairiennes creuses et des ronds de jambe tout en finesse à l’attention des nouveaux-anciens clercs, toujours sur la brèche et le doigt fébrilement suspendu au dessus de l’argumentaire décisif : « antisémite ! ».

Félicitations, Monsieur Val, à peu près chacune de vos rigoureuses initiatives est un « marqueur », que dis-je, un phare illuminant le morne quotidien de nos pensées, étourdies par la baisse de notre puissance d’être/achat, au point de négliger tous ces antisémites haineux qui nous cernent.
Et surtout, Monsieur Val, vous avez bien raison de diaboliser ainsi la Toile : livrée aux insanités d’un peuple anonyme, beaufisant, ourdissant dans l’ombre de sombres desseins haineux à votre encontre, et à l’encontre de tous ces phares-marqueurs de la pensée qui nous expliquent ce qu’il faut comprendre, depuis les colonnes autorisées de la presse d’opinion et de débats, la seule, la vraie, celle qui ne ment jamais, loin de la glu crétinisante (à en croire Yves Calvi, lui-même grand agitateur d’idées) où s’entoilent les non-abonnés et les incultes, celle qui ne s’adresse essentiellement, vu la conjoncture des happy-few, qu’à ceux qui en sont les légitimes bénéficiaires, comme dirait Pierre Dac, et qui vous toise dans le blanc des yeux en vous défiant : « viens l’dire ici si t’es un homme » !