1.
"La névrose de la vie réussie", si elle constitue sans nul doute une sorte de ligne de fond dans le cinéma de Laurent Cantet ("ressources humaines" et "l'emploi du temps"), ne semble fort heureusement pas trop habiter "l'être-dans-le-monde" de François Bigoudi... Bigoudèn, pardon, Bégaudeau.
Depuis sa conf de presse à Cannes, je ne cesse de découvrir la personnalité fascinante de François Bégaudeau, son "parler juste", son regard, lucide, néanmoins tendre, sur not'société contemporaine.
Il faut lire et relire les interviews de François Bégaudeau, on apprend énormément de choses sur l'art de décoder, bien en phase, son époque, sans céder à la sinistrose des "no-life" à fond dans la "lose".
Bégaudeau appartient à cette fine et rare lignée de "personnages conceptuels" qui font vivre les meilleurs cocktails avant-arrière-gardistes, aux avant-postes d'un "souci de soi", nous ne dirons pas post-moderne, nous dirions post-historique, et nous ajouterions fukuyamien, précisément.
Fukuyama traduisant euh... Hegel (non, on va pas revenir là-dessus, c'est trop déprimant) et traduit par Beigbeder
Bégodbedeau se joue des clichés, des poncifs, avec une opportunité réjouissante:
" Aqui ! : Pourquoi avez-vous choisi comme matière première de votre livre le texte de la conférence de presse donnée par la journaliste Florence Aubenas ?
François Bégaudeau : J’ai regardé en direct cette conférence de presse. Au bout de vingt minutes, je n’en pouvais plus tant ce que j’entendais résonnait en moi. Ce qu’a raconté Florence Aubenas, ce jour là, cristallisait tout ce que j’avais envie de dire à ce moment de ma vie. La journaliste a éludé les sujets polémiques – la présence d’otages roumains, le montant d’une éventuelle rançon – pour décrire son quotidien de captive. Et elle l’a fait sur le mode du comique. Son comportement témoigne d’une grande force, que je prête à toutes les femmes. Mon livre est féministe dans le sens où j’y défends l’idée que les femmes sont plus fortes que les hommes, aujourd’hui.
@ ! : Est-ce pour cette raison que votre livre s’intitule « Fin de l’histoire » ?
F. B. : Oui. Le vrai évènement de cette conférence de presse c’est Florence Aubenas, une femme, et son aisance à parler. Elle remet en cause la suprématie historique des hommes. A force d’être au pouvoir les hommes sont devenus grotesques. Les femmes, qui ont été confinées à la sphère concrète et domestique, ont été "préservées". Mais lorsqu’elles accèdent à des postes de responsabilités, elles se masculinisent. Regardez Laurence Parisot. La seule que je trouve épargnée c’est Dominique Voynet. Elle se bat en politique mais elle reste mère et femme.
Mon titre fait aussi référence au titre du livre de Francis Fukuyama en 1992, qui voyait dans la victoire de la démocratie libérale, la fin de l’histoire.
@ ! : Vous abordez des thèmes très divers, quel sera le prochain ?
F. B. : Ma vie quotidienne parisienne. Remettre le quotidien à sa place et lui redonner son importance me tient à cœur."
Véritablement épatant. Quel féministe, ce Bigdili. Savoir se battre en politique, tout en restant mère et femme, séduisante parce que préservée des vicissitudes du pouvoir, par la grâce d'une domesticité, en laquelle la capacité d'évoquer le malheur en oubliant pas de rester drôle et divertissant trouve ses racines profondes z'et naturelles.
Concernant la "jeunesse", gageons que Beigodot ait également un regard éminemment décapant, tout aussi "punk", et amusant, à nous faire partager, petits et grands.
(26 mai 2008)
2.
Dans une séquence du film "entre les murs", appelée à être "culte", Beigbaudet, professeur de français, demande à une étudiante - qui s'est montrée malpolie - de dire: "je m'excuse". Et elle répète: "je m'excuse".
"Je m'excuse".
ça me troue le cul, ça.
On dit pas "je m'excuse", c'est pas seulement une question de bien parler, ça relève de la logique. C'est le récepteur qui doit recevoir l'excuse, et non l'émetteur qui se l'accorde. On dit "je vous prie de bien vouloir m'excuser".
Voilà ce qu'on dit.
Merde alors.
3.
Vu Bigbeider faire de la retape pour son "antimanuel de littérature" au cercle de minuit.
Hallucinant.
Ce mec se prend vraiment pour son perso.
Il cherche à tout prix à placer son créneau, entre Pascal Sevran (rip), Stéphane Zagdanski et Paul Guth. Je crois qu'il y arrivera.
D'une démagogie sans limite, infatué et enflé du cou à te foutre un torticolis. Le tout faisant penser à un chroniqueur "poil à gratter" officiant dans un mag "trend tendance" destiné à divertir des killers d'entreprise en jouant à se faire passer pour un "ponke".
Quand il nous a expliqué "le métier d'écrire" selon sa compréhension personnelle-par-lui même de Gustave Flaubert, j'ai eu un « flash » comme Christopher Walken dans dead zone, rien qu'en touchant mon vieil écran trinitron 54 cm de diagonale : un futur talque-chaud en seconde partie de soirée, façon Picouly, à moins qu'il ne soit pressenti pour remplacer au pied levé Naulleau chez Ruquier, pour jouer à Pécuchet avec Zemmour.
Ou alors (repensant au prime time de Picouly avec le tandem d'écrivains "maudits" BHL/Houellebecq), y nous prépare un coup fumant, genre tirage à 200.000 exemplaires d'un épistolariat soutenu avec Maurice G. Dantec sur msn/messenger.
Honnêtement, je sais pas, non, vraiment, je sais pas... comme disait Jean-Marie Straub.
(15 octobre 2008)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire