Grand prix du festival de Gérardmer.
Aaah, Gérardmer, je me fais avoir à tous les coups comme un bleu, chaque fois que je vois la mention d'un "grand prix du festival de Gérardmer" sur la jaquette d'un dvd de location.
Non, je plaisante. J'ai vu pas mal de films primés à Gérardmer, je m'en rends compte maintenant en consultant la liste. Autant de bousasses dont j'ignorais qu'elle fussent un jour récompensées à Gérardmer.
Y a quelques exceptions notables, sans doute les rares fois où le jury ne devait pas être mort-bourré sous la table au moment de voter: Cube, Saw, Dark water, Rec, Moon, Morse.
Alors, cette chose parfaitement grotesque mérite un spoiler rien que pour punir ceux qui ont la chance de ne pas l'avoir vue.
Le héros, David (Mads Mikkelsen, acteur danois qui tourne une bousasse sur deux en tirant toujours la gueule) est un peintre qui fait des croutes abominables dans le grenier de sa grande villa située dans un quartier résidentiel.
Sa petite fille Dolphie l'attend dans le jardin, costumée on ne sait pas pourquoi pour un casting de fancy-fair dont le thème serait la comtesse de Ségur. "Papa, qu'est-ce que tu attends encore?", appelle-t-elle d'une petite voix lancinante.
David lâche ses pinceaux et rejoint Dolphie devant la grande piscine. Elle attendait sagement avec son filet à papillons, vu qu'elle veut aller à la chasse aux papillons, c'est logique.
Mais David veut pas. Parce que son projet du moment pile, c'est un rencard érotico-torride avec une voisine de l'autre côté de la rue, déguisée en chanteuse teinte en blonde du groupe Texas. Quant à maman, Maya, elle l'a quitté quelques années plus tôt, parce qu'il était infidèle, déjà. Elle lui a demandé de garder Dolphie un jour de plus, parce qu'elle est retenue à un séminaire de pharmacologie.
On sent que David souffre de la situation: il est très mal rasé et a de grosses cernes aux n'oeils, signe de dépression post-maritale.
Alors, David dit à Dolphie: tu vas être bien sage, j'ai une course à faire, je reviens dans 5 minutes.
David plante donc Dolphie, toute déçue.
Et pendant qu'il s'en va d'un pas dépressif vers la maison de Blondie, Dolphie voit un beau papillon dans le jardin et se met à courir après lui, viens gentil papillon je ne veux pas te faire de mal. Bien entendu, elle fonce droit vers la piscine, tête en l'air.
Que va-t-il se passer, mamma mia?
On retrouve David.
Blondie est pas contente parce que ça fait des semaines qu'il était pas passé. C'est parce qu'il préparait sa grande exposition. Et après tout, ils sont pas mariés, lui dit-il. Blondie est fumasse. Elle jette un cendrier qui manque de lui traverser la boîte crânienne, et insiste pour qu'il la prenne sur le champ comme une chienne qu'elle est. David se fait pas prier. Il la nique aussitôt contre le mur.
Suspense côté pêche au papillon. On sait pas. Mais on est inquiet.
David rentre chez lui, lentement, oh tellement lentement. Encore plus tristoune que tout à l'heure. Post coïtum animal triste.
Il rentre à la villa. Prend un temps infini à méditer sur on ne sait quoi, peut-être le débat de Davos entre Cassirer et Heidegger sur l'imagination transcendantale.
Puis s'intéresse vaguement à une tache bizarre qu'il voit par la fenêtre, en provenance du fond de la piscine.
David a soudain peur, très peur. Il court un cent mètres et plonge tête baissée dans la piscine. Dolphie a un lacet accroché à une sorte de grappin tout au fond. David lutte contre le lacet, lutte... Mais trop tard. Dolphie est canée.
David pleure, pleure, toutes les larmes de son corps. Mads Mikkelsen fait très bien le mec dépressif pas rasé pour qui, cette fois, c'en est trop, la coupe est pleine.
Dans les semaines qui suivent, David est encore plus déprimé. Son ex lui en veut encore plus qu'avant: non seulement tu m'as trompé, mais encore tu laisses notre fille se noyer pendant que tu vas baiser, salaud va.
Cinq longues années passent en 3 secondes.
David n'en puit plus.
Un soir de pluie, il se promène devant la piscine et voit Dolphie costumée courant, insouciante, avec son filet à papillon, dans un flou artistique à la David Hamilton. Et il entend sa voix dire, dans un écho lointain: "qu'attends-tu encore, papa"?
Il murmure: "plus rien". Et se laisse tomber à pic dans la piscine.
Heureusement, son meilleur pote passe par là à ce moment là, très inquiet parce que David n'a plus donné de nouvelles.
Il plonge. David est sauvé, car heureusement il fait toujours ses lacets avant de se jeter dans une piscine. C'est un automatisme. Il reprend conscience, mais il n'est pas tellement content. Son pote l'emmène aussitôt se changer les idées dans un bar select, boire quelques bonnes bières de marque. Au risque d'attraper une pneumo parce qu'ils sont trempés jusqu'à l'os.
Et là, il lui parle de son môme de 5 ans, qu'il a inscrit dans un club de foot. C'est tellement trognon à cet âge, tu le verrais courir partout avec 30 mômes qui ressemblent à des nains de jardin, sans compter les 30 parents qui les couvent du regard derrière la clôture.
Fin psychologue, le pote. Il est tout radieux et attendri rien qu'à évoquer son mouflet footbaliste. Mais David n'écoute plus vraiment. On voit le pote qui continue à jacter, mais le son s'en va petit à petit, et la caméra se met à tourner lentement dans le bar autour de David sur fond de musique à cordes symphoniques triste. ça veut dire que David est déjà loin, en pensée, distrait par son monde intérieur, qui fait contraste avec le bonheur de son pote.
David veut soudain partir. Son pote le retient fermement par le bras. Tu vas pas faire de conneries, oh là. Non non, rassure toi je ne vais pas me pendre dans les toilettes. Puis David se casse en douce, et va se promener dans les sous-bois avoisinants, toujours sous la pluie battante.
Là, y glisse et se retrouve devant une sorte de trou, qui s'avère être l'entrée d'un tunnel bizarre. Y a des vieilles poutres pleines de toiles d'araignées, et au fond, une lumière blanche. David s'approche de la lumière blanche. C'est une porte. Il passe cette porte, et il se retrouve 5 ans en arrière, in the past. C'est le moment qui explique le sens du titre du film. Et juste au moment où il traversait la rue pour aller niquer la voisine. On comprend ça parce qu'on voit les mêmes personnes repasser dans le cadre, en répétant les mêmes choses: un voisin gueule parce qu'une tondeuse tond le dimanche, etc.
Trop distrait par ces faits bizarres, David se fait violemment percuter par un cinq tonnes. Mais il n'est pas mort. Il voit un papillon en plastique bleu très poétique et très bien imité, voler sous la pluie, venir se poser dans le creux de sa main, et puis repartir. David esquisse un sourire déprimé. Saperlipopette, serait-ce là donc sa deuxième chance? On comprend maintenant le commentaire sibyllin de la jaquette: "que feriez-vous si vous pourririez refaire à nouveau votre vie une seconde première fois après la fois d'avant?". Ragaillardi, il se relève et se met à sprinter comme un beau diable vers sa villa. Il arrive juste à temps pour défaire le lacet de Dolphie, et Dolphie n'est plus morte. Elle lui demande de ne rien dire à maman de peur d'être grondée, parce qu'elle n'avait pas fait ses lacets malgré les recommandations réitérées. Ingénuité trop minouche de l'enfance, même trempée jusqu'à l'os.
Mais plus tard, alors qu'il fait un peu de ménage dans la cuisine, David voit un mec de dos, dans l'ombre, qui chipote à ses pinceaux. Oh flûte, un cambrioleur, manquait plus que ça. Ni une ni deux, il se rue sur le mec avec un gros chandelier en granit, et pan, sur la tête. Mince, j'ai tapé trop fort, se dit-il. Il retourne le mec gisant dans son sang, et là, il hallucine grave: le mec c'est David aussi. Ils se regardent tous les deux effrayés, puis David, le David d'il y a cinq ans, donc, cane.
Dolphie entend tout ce remue ménage, et passe une tête en haut de l'escalier. A partir de là, elle va se méfier de David. Elle pense que David n'est pas vraiment son papa, parce que ses cheveux sentent la teinture et ses joues la crème rajeunissante de mauvaise qualité. Elle refuse provisoirement de lui faire des bisous. Du moins jusqu'à ce qu'il lui explique 30 minutes plus tard qu'il est son super ange-gardien, et l'ancien David un mauvais papa. Ce dont elle se doutait un peu. Intuition sixièmesensique trop minouche de l'enfance. Mais elle attendra qu'il le lui dise de lui-même, s'il est un tant soi peu honnête intellectuellement.
C'était les 15 premières minutes du film.
C'est à dire les plus contemplatives, comparées à ce qui suit.
Je vous passe donc les retournements de situation en cascades qui vont émailler la suite, complètement zarbis par rapport à la logique minimale qu'on est en droit d'attendre de n'importe quel film fantastique (cet effet de réel, ou de cohérence, qui fait qu'on croit un tantinet à l'histoire qu'on nous raconte).
En gros, presque tout le monde prend la porte à un moment ou l'autre, furax ou déçu par sa vie. Si bien qu'on ne sait plus trop qui est qui et pourquoi. Les moi venus du futur veulent assassiner leur moi du passé, pour prendre sa place et se teindre les cheveux, sauf les hypersensibles. Parce que la vie, c'était forcément mieux cinq ans avant que ça se complique pour de bon.
Même l'ex de David se radine, pour ne plus être en deuil. Elle s'en veut à elle-même quand elle découvre qu'elle s'est entretemps remariée à l'ancien-nouveau David. Mais elle s'attendrit quand elle découvre qu'elle est gentille quand-même, vu qu'au fond c'est dans sa nature.
Même le voisin qui gueule après la tondeuse s'est foutu à la porte, avant tout le monde d'ailleurs. Pour se faire un max de blé avec des paris truqués au champ de course.
Mais si on s'autorise à imaginer que ce sale vilain type (un ex-taulard: la cambriole il a ça dans la peau) fait des va-et-vient perpétuels, lui, entre le présent du passé et le passé du présent, pour falsifier le loto et compagnie en hommage à Zemeckis, on s'autorisera aussi à se demander si on peut toucher le loto ou le tiercé-quinté, avec la super-bonne combinaison d'il y a 5 ans. Ah oui, parce que la porte, c'est la porte du passé, et le passé, ici, c'est cinq ans plus tôt, ni plus ni moins, et c'est valable pour tout le monde.
Ou alors on nous cache des trucs pas nets: y a des passe-droit spéciaux qu'on nous a pas bien expliqué, un système de réservation ou de programmation de la date à laquelle on souhaite se rendre (pour le loto), ou alors c'est la porte qui décide - en sondant l'âme de celui qui la prend - de le replacer à un moment déterminant pour lui, comme dans le cas de David. Si la porte est là pour arranger les bidons des uns et des autres, de deux choses l'une. Soit elle décide pour rendre les gens meilleurs. Dans ce cas: adieu veau d'or, vaches sacrées, cochons en chocolat et châteaux en Espagne. Soit la porte est amorale, elle s'en fout bien. Elle voit dans l'âme du mec son désir le plus ardent et le fout au moment pile où il peut le réaliser. Mais tout ça, penses-tu, on se garde bien d'y faire la moindre allusion, hein.
Quoi qu'il en soit, dans le film, absolument personne d'autre ne pense à le faire, ça, mettre du beurre dans ses épinards. Et encore moins à prendre la tangente. Tous les téléportés sont des mélancoliques profonds ou des victimes de la psychanalyse: ultras-braqués sur les problèmes maritaux, parentaux, sentimentaux, qui leur bouchent tout horizon et leur bouffent intégralement le neurone.
Leur projet le plus exaltant, face à une infinité de possibles s'ouvrant devant eux, c'est de raccommoder leur ménage qui va à vau l'eau. Repartir sur des bonnes bases, cinq ans plus tôt, et les consolider. Ils ne s'aiment plus dans le présent, au point de ne plus se piffer? Ils ne vont pas penser, par exemple, qu'ils pourraient se quitter, faire autre chose. Non, tout le monde, dans ce quartier, n'a qu'un désir lancinant: recommencer la même chose, au même endroit, mais en mieux.
C'est chez eux, dans leur Villa sam'suffit, qu'ils veulent refaire leur vie. Le souffle du grand large, pour leur marmaille, c'est et ça restera la piscine familiale, point barre. N'attendez-pas d'eux qu'ils s'achètent un steamer pour balancer sa mâture et lever l'ancre pour une exotique nature.
Faut dire aussi qu'ils n'ont pas connu la prison, les privations, qui font rêver d'un "ailleurs". Tous des résidentiels huppés qui se la pètent avec leur digicode dernier cri, et font chier avec leur tondeuse, le dimanche, les anciens pauvres devenus milliardaires.
Bon, l'ex-taulard, s'il endure le vacarme des tondeuses dans ce bled pourri, c'est un peu de sa faute, aussi. Il s'est mal organisé. Au lieu de rafler une bonne fois le super-pactole - et autant de fois que nécessaire (puisqu'il semble en avoir le pouvoir) - pour snober la compagnie de son voisinage déprimant, et aller se la couler douce aux Seychelles pour au moins 300 générations, y voit jamais grand, toujours petit.
Il préfère camper là, dans son taudis, pour surveiller la porte. Il a juste un peu mieux décoré son intérieur avec des beaux tapis, renouvelé son argenterie, ses sets de table et sa cave à vin. Ordonné, discipliné, méthodique, buté, et ne respirant guère la joie de vivre. Non, son bonheur, c'est de vivre dans un Derrick. Les œillères. Il est sociologiquement déterminé à aimer le monde de Derrick, les intérieurs bourgeois glauques, les bleds pourris, les tondeuses.
En tout cas, tous ces arrivages massifs d'expatriés du futur du même et unique patelin et ne cessant d'y revenir, ça fait tellement d'encombrements qu'il faudra bien se décider à la bazarder tôt ou tard, cette putain de porte.
Simetierre, de Mary Lambert, d'après S. King, j'avais bien aimé. Pourtant, c'est vraiment pas un chef d’œuvre.
Non content d'adapter un roman soi-disant original d'un certain Akif Pirinçci, ce machin reprend le principe de Simetierre, en y ajoutant la variation subtile du voyage dans le temps et dans les mondes parallèles.
Il cite aussi sans vergogne, évidemment, "l'effet papillon", très bon petit film, qui maitrisait son sujet.
Mais, comme cela se démontre aisément, le réalisateur et son scénariste n'ont absolument percuté que dalle, peau de nib, aux problèmes de logique les plus élémentaires impliqués par le dit effet. Greffent dessus, au petit bonheur la chance, d'autres types d'effets n'ayant rien à faire là. Se mélangent gravement les pinceaux avec de faux-paradoxes temporels bidons aux logiques hétérogènes et incompatibles, s'empilant les uns sur les autres. Mélangent tous les genres pire qu'une bouillabaisse, et avec force révélations poussives qu'on avait deviné 40 minutes avant (ou après, ou qu'on devine encore, ou qu'on ne devinera jamais).
On est donc très sincèrement désolé, quelque part (au niveau du vécu), d'avoir tenu jusqu'au bout. Voire un chouïa déprimé.
Non, vraiment, dans les festivals de Gérardmer, on doit se faire chier grave. C'est pourquoi on boit pas que de l'eau gazeuse pour accompagner les rollmops à l'entracte.
* * * *
C'était Mc Tiernan le président du jury cette année-là.
Tiens, en passant, le palmarès de années précédentes.
Catégorie grand prix:
1994 La Fiancée aux cheveux blancs (Jiang-Hu) - pas vu
1995 Créatures célestes (Peter Jackson) - plutôt emmerdifiant
1996 Le Jour de la bête (De la Iglesia) - De la Iglesia n'a fait qu'un seul bon film dans sa vie: "le crime farpait", qui au moins était un peu drôle.
1997 Scream (Wes Craven) - Craven n'a jamais fait un bon film, et ça n'a jamais été drôle.
1998 Le Loup-garou de Paris (Anthony Waller) - pas vu, rien que le titre me désole par son opportunisme douteux.
1999 Cube (Vincenzo Natali) - ah ça m'a plutôt bien botté, ce petit truc.
2000 Hypnose (David Koepp) - bon film.
2001 Thomas est amoureux (Pierre-Paul Renders) - horrible nanar stéréotypé rtbfisant, typique pour introduire le débat de feu "l'écran-témoin"
2002 Fausto 5.0 (Isidro Ortiz, Alex Ollé et Carlos Padrissa) - pas vu
2003 Dark Water (Hideo Nakata) - super émouvant.
2004 Deux Sœurs (Kim Jee-woon) - pas vu
2005 Trouble (Harry Cleven) - pas eu envie, allergique à Magimel.
2006 Isolation (Billy O'Brien) - alors là, gros mystère. Le pire du lot. On croirait que c'est tourné par un paraplégique directement dans le trou du cul d'une vache. Indigent à frémir et d'un inintérêt effarant. Normalement, ce genre de vidéo de vacance n'a même pas le droit d'un direct to dvd. Cette année là, à Gérardmer, les huitres de la cantine devaient pas être fraiches, ou alors la délégation irlandaise a mis dedans des substances hallucinogènes.
2007 Norway of Life (Jens Lien) - oh que c'est mauvais, poussif, avec des ambitions sociologiques ridicules. Quand la vie est trop parfaite et tout le monde uniformisé dans le bonheur, on s'ennuie et on voudrait mourir. rhzz
2008 L'Orphelinat (Juan Antonio Bayona) - laborieusement daubasse et recyclant ad libitum les trucs de Balaguero déjà pas terribles, ou de Del Toro, mieux, sur le sujet.
2009 Morse (Tomas Alfredson) - bien mais vieillit plutôt mal quand j'y repense.
2010 The Door (Anno Saul)
2011 Bedevilled (Jang Cheolso) - pas vu
* * * *
Les "prix spécial du jury", c'est pas mal non plus.
1994 L'Écureuil rouge (Julio Medem) - pas vu
1995 Dellamorte Dellamore (Michele Soavi) - n'a fait qu'un seul bon film, "la secte". Celui-ci est insupportablement kitsch et casse-bonbon.
1996 Témoin muet (Anthony Waller) - pas vu.
1997 Tuez-moi d'abord (Rainer Matsutani) - pas vu
1998 Bienvenue à Gattaca (Andrew Niccol) - polar sf pas trop hyper-nul, mais rabâché et somnolent, mixant la nième variation uchronique de Huxley et d'Orwell. Photographie clichetonnante dans le genre sépia jaune pisseux pour faire rétro.
1998 Forever (Nick Willing) - pas vu
1999 La Sagesse des crocodiles (Po-Chih Leong ) - pas vu.
1999 La Fiancée de Chucky (Ronny Yu) - on se pose aussi des questions sur la bouffe, là.
2000 La Secte sans nom (Jaume Balagueró) - raté, tout y est psycho de grand bazar, acteurs ectoplasmiques et persos de carton pâte, enchainements morts-nés, gros sabots, enquête d'autant plus inutile qu'on a tout compris 20 kilomètres avant et qu'on s'en fout complètement.
2001 Insomnies (Michael Walker) - misère que c'est mauvais, comme imitation ringarde et soporifique de Lynch. Jeff Daniels se donne à fond pour son premier "premier rôle", mais il sera toujours un acteur de seconde zone sympa qui joue comme ses pieds tout en restant sympa, meilleur pote à Dumb ou à Dumber, je sais plus. Ah oui, l'histoire, c'est juste une bd de Solé parue dans Pilote dans les 80s, poussive comme tout ce que fit Solé: un mec qui voit une tache grossir au plafond, n'arrive plus à dormir et devient foldingo. Si c'est pas un plagiat, c'est rudement bien imité. Maintenant, faut dire, n'importe qui pourrait imaginer brillamment un canevas aussi éculé. Je me souviens d'un mec qui ambitionnait de devenir écrivaillon talentueux d'histoires fantastiques. Il avait pensé la même histoire, pile poile. Je lui ai ressorti la bd de Solé d'une vieille caisse. Il a fait un nervous breakdown. Bien fait.
2002 L'Échine du diable (Guillermo Del Toro ) - prometteur, honorable, mais bancal. Toro fait ses gammes.
2003 Maléfique (Éric Valette) - pas vu.
2003 Les Témoins (Brian Gilbert) - pas vu
2004 La Mélodie du malheur (Takashi Miike) - enregistré sur Arte, pas pu dépasser les 10 premières minutes. Miike, à part Audition et Gozu, bof. Le pire de tous étant "visitor Q", une pantalonnade snuffisante à contenu socio-psychanalytique aussi remarquablement débile que pontifiant.
2005 Saw (James Wan) - j'aime beaucoup cette licence. Je m'en expliquerai un jour.
2005 Calvaire (Fabrice Du Welz) - j'aime bien aussi. En faisant abstraction de quelques séquences franchement débiles (la danse des villageois sur fond de piano proto-stockhausen; les fermiers qui cougnent un porc)
2006 Fragile (Jaume Balaguero) - j'ai trouvé ça vraiment pas terrible et languissant avec sa volonté de faire de la belle image et du beau sentiment.
2007 Black Sheep (Jonathan King) - bwoaf, lourdingue de chez lourdingue, et jamais drôle. Doit plaire à quelques pré-ados de 12 ans et demi.
2007 Fido (Andrew Currie) - pas vu
2008 REC (Jaume Balaguero et Paco Plaza) - là, je dis oui. J'adore, envers et contre tout. Même la suite, même le remake américain. Je marche à fond les manettes, sans trop me poser de questions.
2008 Teeth (Mitchell Lichtenstein) - pas vu
2009 Grace (Paul Solet) - vu il y a deux semaines, tiens. Une vague idée minuscule, mais seigneur que c'est mauvais, bidon et mal fichu.
2010 Moon (Duncan Jones) - yesss. Déjà commenté.
2011 Ne nous jugez pas (Jorge Michel Gra) - pas vu.
2011 The Loved Ones - pas vu.
Addendum (14 février)
Je me suis encore fait blouser. Et cette fois, c'était pas marqué sur la jaquette.
Un des nanars le plus consternants de ces cinq dernières années, facilement.
J'ai rencontré le diable de Kim Jee-woon.
Déjà, j'avais pas gaffe. Après 15 minutes, j'ai reconnu l'espèce de tentative de style syncrétique-bouillabaisse du même mec qui avait signé "a bittersweet life", qui me semblait difficilement surpassable.
Encore une histoire de vengeance pondue par un écolier sadique-anal-régressif de 6 ans en retenue.
Primé dans des tas de festivaux, ce truc s'est ramassé une tripotée de 5 étoiles un peu partout dans la presse qui pense.
- Une œuvre choc dont on ne ressort pas indemne.
- On ressort de "J'ai rencontré le diable" durablement marqué, avec le sentiment d'avoir assisté à un spectacle d'une rare intensité, sans concession mais ni complaisance non plus, jouant avec les émotions, les sensations et l'intelligence du spectateur sans jamais tricher. (...) On ne peut que saluer la puissance d'une oeuvre implacable.
- [...] ceux qui auront le courage d'embarquer pour ce voyage ambigu et nihiliste [...] décèleront l'empreinte d'un film majeur.
- Brillant. Un des plus gros chocs ciné de l'année.
etc, etc
Je m’attellerai éventuellement à en dresser un pitch le plus scientifiquement fidèle, et ce sera un sacré challenge, bien plus difficile que pour "la porte du passé". Un défi spéculatif face à l'indicible du néant pur enrobé de vide.
Pour tenter d'imaginer ce que ça peut être, il faut postuler une sorte de miction entre les Power Rangers (dans la parodie des inconnus), Godzilla, Pierre Richard (période "les malheurs d'Alfred"), Claude Lelouch (période Francis Lai), Christophe Hondelatte (période "faites entrer l'accusé"), Sam Raimi, Wes Craven, William Lustig, Tom and Jerry, Bronson (période "le justicier de minuit"), et JJR, le belge, "cinéaste de l'absurde". Et pour la musique un mix entre André Rieu, Morricone (pas inspiré), Rondo Veneziano, Jean-Michel Jarre et Richard Clayderman.
Tout ça en moins bien.
Et le truc qui achève, bien entendu:
Je découvre sur wiki que ce "j'ai rencontré le diable" a raflé l'an passé
trois prix, et non des moindres: de la critique internationale, du public, et du jury jeune, au festival de ? De?
Géééérardmer, bien sûr. ça devient un running gag moisi.
Quand c'est trois fois plus nul que d'habitude, ils récompensent trois fois plus.
C'est l'effet Gérardmer, la malédiction Gérardmer. Je pense vraiment que ça se passe à la cantine.