Gros spoil à éviter si on veut découvrir ce film assez peu fréquenté de Schlesinger.
Adaptation, scrupuleuse paraît-il, du dernier roman de Nathanael West avant sa mort en 1939, paru en français sous le titre L'incendie de Los Angeles.
N. West (Nathan Wallenstein Weinstein) et son épouse moururent le lendemain de la mort de F.S. Fitzgerald, dans un accident de voiture. Selon la légende, West aurait grillé le stop parce qu'il était trop affecté par la mort de F., dont il était proche.
Un extrait du final, ci-bas. Pour donner une (petite) idée de l'ovni. Ce bouquet d'apocalypse ne peut bien sûr s'appréhender que considéré dans l'ensemble.
Il arrive au titre d'un raptus totalement inattendu, incompréhensible, par rapport à ce que précède - soit un nœud d'impasses et de torsions inexprimées, exposées tout au long du film par une série de vignettes sur les alentours de Hollywood, des gens qui y vivent, leurs ambitions et rêves brisés, etc.
Le fil d’Ariane nous est fourni par le personnage de Tod Hackett (William Atherton), peintre décorateur de studio (d'où ses visions picturales dans l'extrait, sortes de déformations "ensoriennes" de la grande fresque sur laquelle il travaillait).
La construction formelle du film est étrange et trompeuse, procédant donc par segments discontinus aux raccords poreux, mais dont la trame narrative est pourtant bien présente, innervée à la façon d'un fruit qui pourrirait lentement sans qu'on s'en rende bien compte.
Il y a un précédent inquiétant dans un terrible combat de coqs, mais le ton est plutôt en demi-teintes, tout en fausse mollesse rétro, et Sutherland y apparaît comme le personnage le plus doux, amoureux éconduit et fantasque de Faye Greener (Karen Black), laquelle rêve de devenir star.
Tout va donc de plus en plus mal, jusqu'au soir de l'avant-première d'un film de Cecil B. De Mille, sur Sunset Boulevard.
Dans cette séquence littéralement effarante, la mecque hollywoodienne se métamorphose sans crier gare en un grand corps fasciste bourdonnant comme une nuée de sauterelles, donc. La beauté et la séduction exhibent brutalement leur envers: machine dévoratrice, broyeuse, comme un prélude concentré de la guerre imminente.
Il faut savoir que cet extrait est assez "cuté". Il y a des plans proprement insoutenables qui ne pourraient, à juste titre, être exposés à tous les regards. Notamment dans la scène de l'enfant piétiné par Sutherland (c'est un gamin: sa mère, obsédée par le désir d'en faire un enfant-star, l'a transformé en Shirley Temple mutant). Sur mon dvd, ça va plus loin. On a droit à l'écrasement progressif de la tête, sorry pour cette précision aussi morbide que complaisante, mais je le dis pour témoigner de la violence du truc. Quant au lynchage subséquent de Sutherland, sorti tout droit d'un Roméro, il me semble plus long également.
Film maudit de Schlesinger, qui le poussa à réviser ses ambitions à la baisse. Marathon man attestera d'un infléchissement de sa carrière américaine (initiée avec Midnight cow-boy) vers des thèmes moins sulfureux. A partir de là, sa filmo n'est plus très marquante.
Rappelons, once again, que le perso de Sutherland a pour nom Homer Simpson. Ce qui donne une idée de la sournoiserie, si on peut dire, de Matt Groening.
1 commentaire:
C'est-là où Donald Sutherland entama une brillante carrière de massacreur d'enfants qui culmina en 1900. :-)
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