Il y a de ça un an environ, je passe par acquis de conscience au magazin des occases. Je
tombe sur Rule of Rose. Réputé introuvable (du moins dans la zone du périphérique où je crèche).
35 euros.
Je me dis: ah oui. C'est vraiment bcp. Oui, mais c'est rare. Ok, c'est peut-être rare, mais c'est peut-être une demi-merde, aussi. ça dépasse difficilement les 12/13 dans les tests. Oui, mais ça veut rien dire: ils mettent 19 à Okami, qui est d'un ennui mortel, et que je trouve juste très laid. Si ça se trouve, c'est un chef d’œuvre méconnu. Non, c'est une arnaque. Y a deux mois, j'avais essayé de le commander. Le type me disait qu'il était dispo dans un de leurs stores à Namur. Qu'on pouvait le faire venir, et qu'il m'en couterait 17 euros à tout casser. Trois semaines d'attente. Puis je reviens: ah non, finalement, il était déjà réservé.
Puis je le trouve, là, 15 jours après, sur l'étagère, qui me nargue. C'est évident que le mec spécule sur mon désir. L'est pas con. Et il a de la mémoire.
Tout ce qu'on peut acheter avec 35 euros... Ma ps2 d'occasion (une silver, en plus) m'en a coûté 45, sans la manette ni les cables. Et elle fonctionne impec. Achetée par sûreté, au cas où mon ancienne mourait d'un coup.
J'achète le jeu et je crains d'avoir fait une grosse, une très grosse bêtise. Je rentre péniblement chez moi, affligé d'une claudication d'ordre psychosomatique non douteux, en empruntant des tas de ruelles ténébreuses pour retarder l'épreuve du Réel. A savoir que je viens de délibérément, méthodiquement, glisser 35 euros, par billets de 5 plus la menue monnaie, dans la fente d'une bouche d'égoût.
Arrivé dans mon cloaque cosy aux fenêtres occultées (la lumière du jour j'aime pas trop ça, c'est pas bon pour mon teint), je range le jeu derrière un double rayonnage de bouquins poussérieux bouffés au mites (de la coll. Epiméthée, cover brun caca d'oie et à tarif prohibitif, dont je demande encore comment j'ai bien pu mettre des sous là-dedans). Pour en oublier jusqu'à l'existence.
A 23h54, surmontant une forme de dégoût visqueux qui s'était emparé de toute mon étantité non phénoménalisable, je l'en ressors. J'allume la console. 35 euros... A la grâce de dieu...
35 euros.
Je me dis: ah oui. C'est vraiment bcp. Oui, mais c'est rare. Ok, c'est peut-être rare, mais c'est peut-être une demi-merde, aussi. ça dépasse difficilement les 12/13 dans les tests. Oui, mais ça veut rien dire: ils mettent 19 à Okami, qui est d'un ennui mortel, et que je trouve juste très laid. Si ça se trouve, c'est un chef d’œuvre méconnu. Non, c'est une arnaque. Y a deux mois, j'avais essayé de le commander. Le type me disait qu'il était dispo dans un de leurs stores à Namur. Qu'on pouvait le faire venir, et qu'il m'en couterait 17 euros à tout casser. Trois semaines d'attente. Puis je reviens: ah non, finalement, il était déjà réservé.
Puis je le trouve, là, 15 jours après, sur l'étagère, qui me nargue. C'est évident que le mec spécule sur mon désir. L'est pas con. Et il a de la mémoire.
Tout ce qu'on peut acheter avec 35 euros... Ma ps2 d'occasion (une silver, en plus) m'en a coûté 45, sans la manette ni les cables. Et elle fonctionne impec. Achetée par sûreté, au cas où mon ancienne mourait d'un coup.
J'achète le jeu et je crains d'avoir fait une grosse, une très grosse bêtise. Je rentre péniblement chez moi, affligé d'une claudication d'ordre psychosomatique non douteux, en empruntant des tas de ruelles ténébreuses pour retarder l'épreuve du Réel. A savoir que je viens de délibérément, méthodiquement, glisser 35 euros, par billets de 5 plus la menue monnaie, dans la fente d'une bouche d'égoût.
Arrivé dans mon cloaque cosy aux fenêtres occultées (la lumière du jour j'aime pas trop ça, c'est pas bon pour mon teint), je range le jeu derrière un double rayonnage de bouquins poussérieux bouffés au mites (de la coll. Epiméthée, cover brun caca d'oie et à tarif prohibitif, dont je demande encore comment j'ai bien pu mettre des sous là-dedans). Pour en oublier jusqu'à l'existence.
A 23h54, surmontant une forme de dégoût visqueux qui s'était emparé de toute mon étantité non phénoménalisable, je l'en ressors. J'allume la console. 35 euros... A la grâce de dieu...
* * * * *
Bon.
ça vaut pas 35 euros en occasion. ça vaut 35 euros neuf, il y a 6 ans.
Donc, ça va, je me suis fait à moitié arnaquer.
J''y joue 3h (considérant ma lenteur, ça doit représenter un 1/8è du jeu). Le lendemain soir, j'y rejoue 4h. Et je peux dire que c'est bien, vraiment très très bien.
1. Titre jouissant d'une aura maudite usurpée, qui lui a finalement fait bcp de tort: l'UMP avait voulu l'interdire lors d'un débat parlementaire. Soi-disant malsain car touchant à des tabous sur "le monde de l'enfance". Si on va par là, il faut interdire 99 % de la production "fantastique". Le "club des aristocrates" étant infiniment plus x-rated et macabre, sans la féérie, que celui de ROR, bien entendu.
2. Le "gameplay" est très daté, même lors de sa sortie (2006). Si on le compare, bien sûr, à RE4. Mais il ne joue pas du tout dans cette division. D'où un immense malentendu: il s'est fait aussitôt incendier par tous les joueurs qui attendaient une tuerie en termes de maniabilité, tant pour la caméra que pour les déplacements et les combats.
Des combats, y en a pas bcp, déjà. On est une jeune fille qui se déplace avec la grâce d'une danseuse de tango atteinte de lombalgie et percluse de rhumatismes; et on brandit en guise d'arme défensive des trucs du genre fourchette rouillée. Les attaques sont aussi imprécises que les esquives à moitié foirées. C'est là justement que ça devient intéressant. Le but n'est pas de jouer à Tekken. C'est une limitation géniale, puisqu'elle concourt au sentiment de vulnérabilité et d'impuissance, propres aux "mauvais rêves".
3. On retrouve le mode exploratoire de quasi tous les "survival": couloirs et portes, clefs, mécanismes et énigmes tirés par les cheveux, pour notre plus grand plaisir. Mais c'est pas vraiment un "survival". Tout est dans l'atmosphère. Mix de conte vénéneux façon Hansel & Gretel, de hantises à la Henry James, de mystères à la Jules Verne, et de (rares) monstruosités de fête foraine à la Bradbury. ça mise énormément sur le scénario, prenant, envoûtant, volant 150 coudées au dessus des R.E. (qui se foutaient - et nous aussi - du scénario comme de leur premier bavoir).
4. On l'a comparé à un Silent Hill raté. Or ça n'a rien avoir avec le climat d'un silent hill. L'élément de comparaison pertinent, mais qui ne joue nullement en défaveur de ROR, c'est le parti pris assumé d'un "gameplay" à l'ancienne: raide, statique, minimaliste.
C'est d'une certaine façon plus malsain que SH. Moins paniquant, moins cardiaque, mais plus insidieux, comme une morsure entêtante. Plus neurasthénique (SH, c'est une dynamique de cauchemar quelque part plus conforme aux codes du cinéma de terreur "psychique").
5. La proposition musicale est très culottée: un quatuor à cordes, ou un violoncelle en solo. ça crée une ambiance qu'on ne retrouve pas ailleurs. Le bémol, c'est que la partition n'est pas suffisamment variée, ça peut agacer.
6. Le jeu est beau, contrairement à ce qu'on dit. Et sobre. ça a été fait avec bcp de soin et d'amour, rien n'est bâclé. Il a son univers. les cinématiques sont extraordinaires. D'une perversité rare et d'une mise en scène élégantissime.
Haunting ground est sans conteste plus beau, gracieux, raffiné. Mais je n'ai pas ici le problème que j'ai avec HG: le stress permanent d'une progression à rebours. Dans HG, on n'avance qu'en fuyant, disais-je là, et cette contrainte décourage. De plus, les phases d'attaque-poursuite surgissent de façon aléatoire, et presque pas de temps morts. Fausse-bonne idée en vertu de laquelle moins on sait quand on va être attaqué, plus on a peur. Trop simpliste comme postulat, confondant angoisse et stress, car c'est plutôt le contraire à mon sens: on flippe d'autant plus qu'on sait qu'à tel endroit précis, et pas à un autre, quelque chose nous attend...
7. Conclusion provisoire: HG & ROR s'imposent tous les deux, pour tout amateur/teuse de survival-horror "japan old school" qui se respecte, à titre de reliques muséales uniques, de ces choses qu'on ne refera plus jamais, je pense. Et je donne ma préférence à ROR. Voilà. Et c'est pas à cause des 35 euros. (Non, parce que j'entends déjà certains esprits tordus murmurer dans mon oreille interne que je tente en loucedé de justifier rétro-activement mon investissement. N'importe quoi...)
ça vaut pas 35 euros en occasion. ça vaut 35 euros neuf, il y a 6 ans.
Donc, ça va, je me suis fait à moitié arnaquer.
J''y joue 3h (considérant ma lenteur, ça doit représenter un 1/8è du jeu). Le lendemain soir, j'y rejoue 4h. Et je peux dire que c'est bien, vraiment très très bien.
1. Titre jouissant d'une aura maudite usurpée, qui lui a finalement fait bcp de tort: l'UMP avait voulu l'interdire lors d'un débat parlementaire. Soi-disant malsain car touchant à des tabous sur "le monde de l'enfance". Si on va par là, il faut interdire 99 % de la production "fantastique". Le "club des aristocrates" étant infiniment plus x-rated et macabre, sans la féérie, que celui de ROR, bien entendu.
2. Le "gameplay" est très daté, même lors de sa sortie (2006). Si on le compare, bien sûr, à RE4. Mais il ne joue pas du tout dans cette division. D'où un immense malentendu: il s'est fait aussitôt incendier par tous les joueurs qui attendaient une tuerie en termes de maniabilité, tant pour la caméra que pour les déplacements et les combats.
Des combats, y en a pas bcp, déjà. On est une jeune fille qui se déplace avec la grâce d'une danseuse de tango atteinte de lombalgie et percluse de rhumatismes; et on brandit en guise d'arme défensive des trucs du genre fourchette rouillée. Les attaques sont aussi imprécises que les esquives à moitié foirées. C'est là justement que ça devient intéressant. Le but n'est pas de jouer à Tekken. C'est une limitation géniale, puisqu'elle concourt au sentiment de vulnérabilité et d'impuissance, propres aux "mauvais rêves".
3. On retrouve le mode exploratoire de quasi tous les "survival": couloirs et portes, clefs, mécanismes et énigmes tirés par les cheveux, pour notre plus grand plaisir. Mais c'est pas vraiment un "survival". Tout est dans l'atmosphère. Mix de conte vénéneux façon Hansel & Gretel, de hantises à la Henry James, de mystères à la Jules Verne, et de (rares) monstruosités de fête foraine à la Bradbury. ça mise énormément sur le scénario, prenant, envoûtant, volant 150 coudées au dessus des R.E. (qui se foutaient - et nous aussi - du scénario comme de leur premier bavoir).
4. On l'a comparé à un Silent Hill raté. Or ça n'a rien avoir avec le climat d'un silent hill. L'élément de comparaison pertinent, mais qui ne joue nullement en défaveur de ROR, c'est le parti pris assumé d'un "gameplay" à l'ancienne: raide, statique, minimaliste.
C'est d'une certaine façon plus malsain que SH. Moins paniquant, moins cardiaque, mais plus insidieux, comme une morsure entêtante. Plus neurasthénique (SH, c'est une dynamique de cauchemar quelque part plus conforme aux codes du cinéma de terreur "psychique").
5. La proposition musicale est très culottée: un quatuor à cordes, ou un violoncelle en solo. ça crée une ambiance qu'on ne retrouve pas ailleurs. Le bémol, c'est que la partition n'est pas suffisamment variée, ça peut agacer.
6. Le jeu est beau, contrairement à ce qu'on dit. Et sobre. ça a été fait avec bcp de soin et d'amour, rien n'est bâclé. Il a son univers. les cinématiques sont extraordinaires. D'une perversité rare et d'une mise en scène élégantissime.
Haunting ground est sans conteste plus beau, gracieux, raffiné. Mais je n'ai pas ici le problème que j'ai avec HG: le stress permanent d'une progression à rebours. Dans HG, on n'avance qu'en fuyant, disais-je là, et cette contrainte décourage. De plus, les phases d'attaque-poursuite surgissent de façon aléatoire, et presque pas de temps morts. Fausse-bonne idée en vertu de laquelle moins on sait quand on va être attaqué, plus on a peur. Trop simpliste comme postulat, confondant angoisse et stress, car c'est plutôt le contraire à mon sens: on flippe d'autant plus qu'on sait qu'à tel endroit précis, et pas à un autre, quelque chose nous attend...
7. Conclusion provisoire: HG & ROR s'imposent tous les deux, pour tout amateur/teuse de survival-horror "japan old school" qui se respecte, à titre de reliques muséales uniques, de ces choses qu'on ne refera plus jamais, je pense. Et je donne ma préférence à ROR. Voilà. Et c'est pas à cause des 35 euros. (Non, parce que j'entends déjà certains esprits tordus murmurer dans mon oreille interne que je tente en loucedé de justifier rétro-activement mon investissement. N'importe quoi...)
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Horreur et lois de la vexation universelle. Je retourne au même magasin 2 mois plus tard. Et là, qu'est-ce que je vois? Pas la peine d'en dire plus, vous m'avez compris... Sous cellophane, en plus, dans son état de sortie d'usine il y a 6 ans (alors que le mien est griffé). 12 Euros. Oh les... Bande de salauds... Fumiers. J'ai failli le racheter, comme si je devais me rembourser selon les règles d'une arithmétique absurde.
ça m'est déjà arrivé, d'ailleurs, de racheter un truc que j'avais payé cher, simplement parce que je retombais dessus à un prix dérisoire. Comme si ça devait annuler magiquement l'outrage de la première dépense, corriger un déséquilibre dans l'harmonie des sphères. Pathétique. Mais là je me suis retenu. Pour qui me prennent-ils, ces bandits: une vache à lait? Allez basta hein. Pas deux fois, Lisette. Trop is te veel en te veel is trop.
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