vendredi 17 février 2012

Canine (Yorgos Lanthimos, 2009)



Film-concept fort perturbant, percutant, interrogateur. Selon la formule consacrée, il ne fera pas l'unanimité. Bcp seront tentés de le classer rapidement dans la catégorie "provocation morbide", "jeu de massacre gratuit", "négativisme contemporain", "exercice masochiste", "schéma à l'épate", etc.

Or pas du tout. Je le vois comme un électrochoc nécessaire, le refus très sain d'un état du monde asphyxié et asphyxiant. Et ce n'est pas du tout gratuit: ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un film qui donne autant à penser (au sens de "réfléchir") sur la nature exacte de ce qu'on est en train de regarder. Bien au delà d'une "métaphore" sadique sur la "famille", ce qu'il est aussi, mais au niveau de son interprétation la plus pauvre, c'est une sorte de conte fantastique au bord de la sf. Je serais tenté de parler de film d'horreur épistémologique et politique.


(A partir d'ici, attention, spoiling)

On compare ça à du Haneke, à du Seidl, à du Pasolini. C'est pas vraiment ça. On sent ces influences, mais ça part ailleurs...
Pour le dispositif, ce serait plutôt, au petit jeu des comparaisons, ce que Nolan a échoué à produire avec son Inception: le déroulé imperturbablement logique d'une hypothèse de sf intra-psychique. Ici, une opération de dressage humain complète en vase clos, à base de programmation neuro-linguistique, un peu comme dans une nouvelle de Bradbury du Pays d'octobre. Ou, si on veut encore, Le Village de Shyamalan, mais à la ville, moins divertissant, sans sorcières de folklore et sans costumes. J'y reviens un peu plus tard.

Dans le Nolan, on comprend strictement rien, parce qu'il n'y a rien à comprendre, en fait. Le tube est creux. C'est un tour d'illusionniste, mais raté, on ne sent aucune fluidité dans le passage d'un plan de réalité à un autre. Les raccords sont bidonnés, et on se désintéresse rapidement de ce qui se passe pour se consacrer aux traumas "psychanalytico-mémoriels" de Di-Caprio, aussi convenus que la tempête sous un crâne qui l'agitait dans Shutter island.

Ici, on n'arrête pas de s'étonner de ce qui se passe (car ce qui se passe défie littéralement notre entendement, et les plus sensibles n'iront pas jusqu'au bout), tout en se retrouvant à y réfléchir constamment, et à se dire: "mais non, c'est totalement cohérent, rien n'est fantaisiste ou surréaliste là-dedans".
On plonge dans un monde de pure folie, franchement oppressant tout en étant comique (la chorégraphie et la chanson apprises par cœur, en "yaourt"), et cette folie n'est rien d'autre qu'un processus de rationalisation, poussé jusque dans ses ultimes conséquences. Maximalisation de la logique d'un micro-monde maniaquement élaboré, sous toutes ses coutures, dont on ne cesse de recoudre toutes les échancrures.

Pour être un peu pédant, je dirais (sans trop croire à ce que je dis) que c'est un film foucaldien: il nous parle de conditions de réalité ou d'horizon de réalité produits par une épistémè, un paradigme, indissociables dans leur arbitraire d'un "savoir-pouvoir", d'un processus de contrôle, de gestion des corps et des têtes dans un espace-temps donné.

Là où le film est fort, c'est précisément par son caractère indécidable. Contrairement au Village de Shy, avec lequel il entretient une évidente proximité, le réalisateur nous refuse, du début à la conclusion, un point de vue en surplomb, transcendant les points de vue présentés et autorisant une résolution, dans une zone qui serait un "dehors".


Je reviens aussi sur cette vieille nouvelle de Bradbury, le diable à ressort, à laquelle tant Canine que Le Village me font irrésistiblement penser (on a souvent accusé Shy de piller des bouts d'idées sans citer ses sources, alors pourquoi ce n'en serait pas une? Y compris pour The Others, sur un postulat similaire):

un petit garçon élevé par une mère paranoïaque, dans une immense demeure séparée de la ville par une clôture voilant la grand'route. Parce que le père est mort dans un accident de voiture sur cette grand'route.

Cette maison est l'univers, le plafond est la voûte céleste, etc. Dehors, c'est la mort; si tu sors, tu es mort.

La mère meurt accidentellement, après une mauvaise chute dans un escalier, enfin, quelque chose de cet ordre. Le petit garçon, après être longtemps resté à ses côtés en essayant de la réveiller (la mort dont sa mère ne cessait de lui parler, ça reste pour lui une "réalité" très floue), finit par s'aventurer au delà de cette clôture.
A la fin de la nouvelle, on nous fait part du témoignage d'un policier, qui aurait aperçu un petit garçon vêtu de façon bizarre, "à l'ancienne", marchant le long d'un trottoir et répétant: "je suis mort, je suis mort..."


Le Shyamalan décrit et pose un problème que le Lanthimos reprend à sa façon: paranoïa, peur entretenue de l'extérieur, obsession sécuritaire, modèle autarcique de la famille.

Le twist final, dans le Village, signifie révélation, pour le spectateur surtout, et éventuellement les enfants qui habitent le village, d'un monde au delà de leur monde, qui le "transcende", donc. Je ne pense pas que le film approuve la décision finale d'y rester, il expose cette décision. Le reste, on peut se lancer dans l'interprétation... Il n'en demeure pas moins que ce twist final propose une résolution, pour le spectateur, du partage réalité/fiction. La révélation épistémologique que le Village est un simulacre permet de différencier un "dedans" et un "dehors".

Dans Canine, d'autres questions se posent, qui parfois recoupent celles du Village. Fort intéressantes (sans être d'une folle originalité, mais l'originalité à tout prix, c'est pas forcément intéressant).
Plus particulièrement concentrées, à la manière d'une étude clinique, sur le dispositif de dressage en tant que tel.  La programmation, le conditionnement; leurs effets sur les "enfants" (de jeunes adultes, en fait); les modes de "subjectivation" qu'ils induisent, des états de corps et langage; les processus d'apprentissage, qui consistent à désigner des objets (physiques ou non) par des mots qui usuellement en désignent d'autres (une forme de novlangue destinée à annuler les possibilités de compréhension et de communication en dehors du champ familial); des exercices permanents, sous forme de défis à relever, de compétitions sportives, de paris (à base de récompenses ou de blâmes); des rites à accomplir; des croyances engrammées comme le rôle de la "canine" (le jour où votre canine gauche ou droite tombe, vous serez adulte, et quand elle repousse, vous pourrez conduire la voiture de papa pour sortir - car il est impossible de sortir sans la voiture, en raison de la présence de monstres cannibales au delà de la clôture. Un chat, par exemple, ayant fait intrusion dans le jardin; occasion d'une scène assez trash, sans autre précision).

C'est une famille de 5 personnes (plus une employée, qui vient de temps en temps, recrutée dans l'usine, suivant des consignes hyper-paramétrées, et se révélant un peu starbée elle-même), et il n'y a pas de révélation, ou alors, s'il y en a une (y aura pas de réponse à cette question, même si... Faut voir le film), elle sera sans doute extrêmement bizarre, et en tout cas pas évidente à saisir.

Pour plusieurs raisons possibles, qui ne sont pas développées et laissées à l'appréciation du spectateur (qui est aussi, par là, invité à réfléchir sur les "programmations" arbitraires formant l'épistémè à laquelle il appartient), il leur est psychiquement impossible de saisir le concept même d'un "simulacre"; leur monde est bâti par leurs parents sur un système délirant mais parfaitement bétonné. Le partage dedans/dehors équivaut strictement, sans aucune altération possible, au partage vie/mort.

La possibilité d'une exploration (sous habitacle étanche) de ce dehors dépend d'une énigme apparemment insoluble, poison et remède, livrée par les parents: combien de temps met une canine pour tomber puis repousser? Cette énigme ne suscite guère la curiosité de ces "grands enfants", programmés depuis la naissance à décrypter leur monde depuis l'unique grille forgée par les parents, soumise à de perpétuels examens.
Jusqu'au jour où leur gouvernante oublie dans une chambre son sac, avec la vidéo de location d'un film dont on ignore le contenu. L'ainée visionne ce film, qui lui est inintelligible, mais l'intrigue sur un point: la mention répétitive du nom d'un personnage: "Bruce". Signe acoustique inconnu, incongru, devenant pour les deux sœurs une sorte de code secret indéchiffrable, prétexte à créer des combinaisons pavloviennes inédites commençant à dérégler le système neurocognitif mis en place par les parents, et prétexte à un running gag savoureux:





A partir de ce moment, l'ainée va expérimenter d'autres usages du corps, dissociés de la norme apprise. A l'occasion du réveillon, notamment. Séquence assez bidonnante:







Le film ira jusqu'au bout de son idée, et à ce titre en indisposera plus d'un.
On pourrait dénoncer son dispositif comme pervers: la fonction cathartique ou libératrice des "contes" est grippée, nous sommes pris en otages, livrés à un point de vue manipulateur, et donc voilà une fois encore un film bien "dégueulasse", qui ne remplit pas sa mission humaniste ou "émancipatrice", etc.

C'est au contraire dans ce parti pris que le film atteint sa dimension véritablement critique ou réflexive.
Là ou Le village nous rassure au fond plus qu'il ne nous inquiète, nous infantilisant d'une certaine manière, nous prenant par la main pour nous reconduire gentiment vers la porte de "sortie" (ouf, enfin le vrai monde retrouvé, malgré ses vicissitudes, le monde familier, accueillant, rassurant, avec ses gyrophares multicolores de voitures de police et leurs émissions radios qui grésillent, comme dans tout bon panoramique conclusif de fiction urbaine), Canine sème un doute inconfortable sur la possibilité de cette ouverture, et de ce fait nous prend au collet, sans prendre de gants, pour nous asséner brutalement, dans le cadre de sa métaphore, la question du dehors. On retrouve un peu les questions que je soulevais, depuis Blair witch project, sur la nature ou le statut du "hors-champ".
Le film propose la métaphore visuelle d'une position de savoir impossible mais dont elle actualise complètement la possibilité. Que se passe-t-il si, par impossible, un système du savoir se boucle spéculativement sur lui-même, en un cercle absolu, parfait? Que se passe-t-il si, par impossible, est réalisée, par coup de force, l'identité du "dehors" et du "dedans"? Si à la représentation impure s'est substituée, en la congédiant, la présence pure? Si le "réel" et le "rationnel" se rejoignent enfin dans un concept pur assurant l'identité de l'immédiateté de la médiation? Si on refoule le négatif, si on oublie qu'un oublié travaille dans le concept? Si on oublie ou refoule que le travail du concept, ça consiste à refouler activement, cad se souvenir, de la part de l'inarticulable qui le hante, sans qu'il puisse ni le relever par le concept ni le présenter hors-langage? Etc, etc. Je suggérais qu'oublier ou refouler la tension insurmontable entre l'inarticulable et l'articulation, c'était desceller la porte de la peur.

La maison/monde de Canine est un monde de pure terreur. De pur comique, aussi, comme pouvait l'être à sa façon la famille de Texas chainsaw massacre. Plantée dans un terrain vague inhabitable, une zone désaffectée. Vastes entrepôts toujours plus ou moins déserts, un complexe usinaire à l'abandon dont le père est le super-pdg. Canine est moins un film sur la famille grecque qu'un film sur la Grèce, la Grèce comme promesse d'avenir.
De rares rapports inter-personnels, devenus fantômatiques, fondés sur et réduits à la peur, répètent comme une machine automate buggée, obstinée, les gestes de la logique marchande: domestication, punition, tortures et caresses.

Le monde de Canine pousse juste cette logique de quelques degrés, de telle sorte que, dans cet effet de loupe grossissante, nous commençons sérieusement à nous inquiéter de ce que notre propre production de réalité, ou "savoir-pouvoir", dans laquelle nous nous mouvons (usages du langage, du corps, représentations du monde, processus de subjectivation et de socialisation, …), ne diffère fondamentalement pas du dispositif psychotique auquel nous assistons. Et qui tout simplement nous est insupportable, nous terrifie. Que nous supportons, pourtant, quelques degrés en dessous.



16 commentaires:

Anonyme a dit…

cool

Anonyme a dit…

Hello Jerzy,

j'ai découvert ce film grâce à toi. Pour moi, l'un des films les plus impressionnants vus l'année dernière (avec Une séparation et Habeus papam). J'ai survolé ton texte mais je veux pas trop m'y attarder, histoire d'oublier un peu le film, de le revoir plus tard et de me plonger avec délectation dans la lecture de ton texte qui fait, j'en suis sûr, déjà autorité.

Gertrud

jerzy pericolosospore a dit…

Salut Gertrud,

merci pour ces encouragements.

Je doute que mes radotages crépusculaires soient susceptibles de "faire autorité", mais en tout cas ils se passent de toute autorisation par les autorités habilitées à délivrer des autorisations ;o)

Anonyme a dit…

Ben il fait autorité sur votre blog, vu qu'en le postant, vous l'avez autorisé à faire autorité. Non? Ou alors, j'y comprends rien.

Sinon, je n'ai pas vu le film, donc, inutile de me demander mon avis (non, n'insistez pas!). Car, comme je viens de le dire, je ne l'ai pas vu. Et je n'ai pas ce sens fameux de l'intuition géniale qui permettait à un Antoine Blondin de commenter, le trémolo dans le stylo, les étapes du Tour de France sans lever ses fesses du sofa domestique (mais là, je m'égare de l'Est). En plus, il n'est pas dit que je le verrai un jour, donc, je ne peux même pas parler avant d'avoir su. Et puis, je n'ai pas l'autorité requise pour m'autoriser à baratiner sans savoir sur votre blog humble mais remarquable. Je sais que c'est l'apanage de certains internautes (je ne dévoilerai aucun nom car Sarkozy, Hollande et leurs petits copains ne sont pas là pour se défendre), mais je ne voudrais pas que mes interventions laissent à penser que je puisse agir de la sorte, c'est-à-dire à ne parler pour ne rien dire. Je trouve le procédé stérile, car précisément, il ne dit rien. D'autant plus que, je suis sûr que vous serez d'accord avec moi, ces discours creux et parfois étonnamment abscons font perdre le temps de ceux qui les subissent, à commencer par leurs auteurs. Mais ça, me direz-vous, chacun ses problèmes, chacun est responsable de ses responsabilités. Et je vous répondrai que je suis tout à fait d'accord avec vous, ce qui clôt le débat avant même qu'il ait commencé. Et c'est bien dommage. D'où ma question: pourquoi n'avez-vous pas dit autre chose, histoire de faire démarrer le débat, sacrebleu!?!

Bon, je dois me rendre à l'évidence: vous ne souhaitez pas débattre avec moi. Je réalise tout à coup que je tombe dans les travers que je dénoncais tout à l'heure (enfin, si je me rappelle bien car depuis lors, de l'eau a coulé sous les ponts de Liège). Et continuer serait pousser un peu trop loin le bouchon (de Liège également). Je me sens comme un arroseur arrosé, comme un boomerangueur boomerangué, comme un Mélenchon social-traitre, mais là, je n'apprends rien à qui sait entendre la petite musique du candidat frontiste à la gauche de la gauche, c'est-à-dire un maladroit qui s'ignore, mais je n'en dirai pas plus à moins que vous insistiez. Oui? Non? Bon, vous savez où me joindre.

Amicalement,

Charles D.

PS: Patrick Tort a raison (contrairement à ce qu'on pourrait croire).

jerzy pericolosospore a dit…

Bonjour ou bonsoir, Charles Darwin ou quelque autorité s'autorisant de son autorité.
Savez-vous quoi? C'est très intéressant ce que vous me racontez là. Certes, le rapport avec le contexte de mon propos ci-haut m'échappe encore. Certes, je n'en saisis pas encore les arcanes ni les allusions subliminales. Mais je suis littéralement vissé à mon siège.

J'attends la suite avec une impatience non feinte, car on sent dans cette entrée en matière énigmatique la promesse de clarifications à venir, et d'un suspense à couper le souffle.



PS: Je ne connais pas Patrick Tort, sinon de réputation, veuillez m'en excuser. C'est l'occasion de découvrir des choses glanées ci et là sur le net au sujet de ses travaux. Tout cela semble fort stimulant. Serait-ce dès lors un autre article de mon blog qui me vaut votre visite?


PS2:

Je ne connais pas Patrick Tort, mais, alors que je ne voyage quasiment jamais, je connais PUYCELSI. Je garde un souvenir précis et intime d'un séjour à Puycelsi. Un lieu magnifique.


Cordialement

Anonyme a dit…

Je pensais pourtant avoir été clair. Quelle claque! Ca fait mal à mon moral. Vous semblez plus ironique qu'autre chose en disant que vous attendez avec impatience la suite. Je ne racontais pas non plus un thriller exaltant, donc inutile de feindre une tension déplacée. Bref, vous exagérez, mon cher monsieur. Vous exagérez!

Néanmoins, je ne suis pas déçu d'avoir attirer votre attention sur Patrick Tort. Il me semble qu'effectivement, à la suite des lectures et non-lectures de vos articles, vous puissez y trouver un certain intérêt. Si l'envie vous gagne, n'hésitez pas à faire partager à vos humbles lecteurs vos impressions sur ses travaux. Connaissant votre sagacité et votre profondeur d'analyse, je me réjouis de vous lire très bientôt.

Quant à Puycelsi, vous semblez faire preuve à nouveau d'une insolence indigne à l'égard d'un de vos lecteurs assidus (du moins autant qu'il m'est possible de l'être). Mais j'ai le sens de la courtoisie, moi, monsieur, et je ne vous en tiendrez donc pas rigueur. Ne me remerciez pas.

Amicalement

Charles D., mais appelez-moi Charles.

Anonyme a dit…

Après avoir mûrement réfléchi, je souhaiterais apporter une petite rectification à ce message: j'apprécierais que vous ne m'appeliez pas Charles mais plutôt Charles D. Comme ça, au moins, ça fera quelque chose de clair dans ce que je dis. Je vous prierais aussi de ne pas me demander pourquoi ce changement soudain car c'est trop compliqué et on gagnerait à rester clair autant que possible, sans quoi, on risquerait ne plus l'être (ne plus être clair, je veux dire). A vrai dire, même moi, je ne sais pas pourquoi c'est comme ça ni même pourquoi c'est si compliqué, mais c'est comme ça. Clarté oblige.

Anonyme a dit…

"DRING!!!! DRING!!!!", dit le téléphone.

Anonyme a dit…

diiinnng dooonnng répont la sonète. Cé quoi ce mèssage?

Dilan

jerzy pericolosospore a dit…

Non, vous n'êtes pas à la boucherie Sanzot.

Anonyme a dit…

Ca fait plaisir de se sentir écouté.

Mes amitiés

CD

jerzy pericolosospore a dit…

Allo?


Écouter? Mais on fait que ça, nom d'un schtroumpf.

Dis, Charlot, Charlie, avec ou sans D., là, tsé quoi? J'suis hypermnésique, comme (gentil) gars. Mais les mots fléchés, les devinettes, les trucs, j'aime pô. Je sais pô. Je cherche... Est-ce que je connais qqun qui s'appelle Charles? Bon, non. Ou alors j'ai oublié. Et puis Charles D, y va à Puycelsi pour visiter Patrick Tort? Ah non, fausse piste. On est bien, tintin, on est bien, hein. C'est comme dans le sketch de Jacques Villeret, quand le mec va dans la loge du showman et lui demande: "dites, c'est bien moi qui vous ai vu à la télé?"

Alors j'écoute. Oui, j'écoute. Oui, qu'est-ce qu'y a? ... Raconte... Raconte à tonton Jerzy. Avant qu'il aille écraser des acariens sous l'édredon. Ah pardon, il en écrase déjà.

Cordialement. Et merci, surtout ;o)

Anonyme a dit…

Assassin. Les acariens sont des êtres vivants que la nature a sélectionnés tout comme l'espèce humaine a été sélectionnée. Vous voudriez que les acariens vous écrasent, hein? Non, c'est bien ce qui me semblait. Alors, bon, vous dites que vous êtes gentil, mais c'est vous qui le dites. On ne demande qu'à le croire, mais pour le croire, faut des preuves, hein. Logique. Alors, niez encore les acariens, et vous serez nié à votre tour par la magie de la négation de la négation. Dialectique. Logique, dialectique, faites votre choix. Moi, je sais pas, ça ne me concerne pas, c'est votre problème après tout. Je ne vais tout de même pas vous dire ce que vous devez choisir. Si? Non. En tout cas, lisez Patrick Tort sur du Reich, la messe de Bernstein ou Tapiola (Chopin n'étant pas apprécié à sa juste valeur chez vous), peut-être que vous trouverez la réponse aux mystères qui vous hantent. Enfin, n'exagérez pas trop, c'est pas si terrible. "C'est sans danger", moins qu'un marathon, moins que pour des hommes perdus sur une colline, à 7h58 ce samedi-là (ou un autre jour, c'est pareil), mais plus que d'errer dans les rues avec un ruban blanc dans les cheveux.

Vous me suivez? Je pense avoir été clair. Sinon, j'y comprends plus rien.

Amicalement. Avec tous mes remerciements.

CD

PS: si vous pouviez mettre l'horloge de votre blog à l'heure, ça arrangerait tout le monde. J'ai raté un rendez-vous à cause de vous. Merci bien, hein, merci bien. ;-)

jerzy pericolosospore a dit…

Cher CD,

veuillez excuser ma réponse tardive à votre honorée du 24 courant, à une heure impossible à fixer, mais que nul ne songe à fixer, et surtout pas moi, qui connais quelques problèmes avec le temps des horloges, toujours irrésolus au moment où je vous parle.

Alors, pour paraphraser un nanar réalisé par Pierre Tchernia, dont je garde un bon souvenir, je vous dirai qu'en tant que fils d'acarien, petit fils d'acarien, acarien moi-même, je suis le premier à me plaindre du sort des acariens, et de toutes ces vies microscopiques, minorées, obstinées à persévérer dans l'être dans l'indifférence générale. Sauf le mépris injustifié et gigantomaniaque que leur vouent les chasseurs de poux sur le crâne de la cantatrice dont vous savez, comme moi, qu'il tambourine misérablement dans quelque film d'André Delvaux, avant le soir et après le train.

Je vous suis, je vous suis bien, de mieux en mieux même. Maintenant, vous me donnez les pistes attendues pour m'éclairer sur la vraie nature de Patrick Tort, la main du masseur orgonien dans la culotte du zouave chopinesque. Tout ceci fait sens, désormais. Que n'avais-je saisi plus tôt ce savant jeu de renvois. Dites moi un mot, un seul, au sujet de la quatrième symphonie de Carl Nielsen interprétée par Jean Bricmont et l'orchestre philharmonique de l'observatoire du Mont Wilson, et j'abdiquerai toute tentative vaine d'interpréter vos propos.
Signifiance et interprétose étant les deux maladies de la terre, et le dernier beau souci des acariens. Qui sont, n'en doutons pas, des émules hétérodoxes de Paul Watzlawick sans être passés par la case darwinienne, et qui n'ont besoin de personne, je dis bien personne, pour faire eux-mêmes leur propre malheur, empêtrés dans les marécages chers au baron de M.

Pardonnez ce post confus, c'est à force de ne jamais boire, de ce vin qui délivre les esprits torturés par leur austère rigueur et les corps martyrs de la périphérie valaque. A l'heure horrible, indistincte, entre chien-loup et loup-vampire.
Bien sûr, c'est sans danger. Safe des bad ideas qui germent dans le cerveau trop lisse de tous les Sam Harris de sous-préfecture. Mais la fraise du dentiste continuera à passer, et à repasser, sans relâche ni répit, sur la dent saine des innommables persécuteurs du pou, de la tique, de la mouche à qui on a enlevé les pattes (jeu d'enfant cruel), bref de tous ces vivants qui sont heureux sans savoir qu'ils le sont depuis toujours, qu'il n'y a aucun problème. Sauf pour les faiseurs de problèmes, ceux qui ne la bouclent jamais tout en prétendant la boucler une fois pour toutes. Tous ces salauds.

A ceux là, la fraise. Jusqu'à la pulpe. Jusqu'à l'os sous la pulpe. Jusqu'à toucher le tréfonds du ridicule qui habite, de pied en cap, les ignares savants qui s'autorisent à autoriser toutes sortes de colloques pour colloquer de pauvres fous comme votre serviteur. Entre them et us, la guerre du pou est déclarée jusqu'à ce que mort de l'esprit de sérieux, engloutissement dans les ténèbres de la pompe trop funèbre et trop pompière s'ensuivent.
Vaste programme, certes, mais ça me détend et ainsi j'oublie un peu la misère, quand je suis trop las pour lire les quelques livres qui m'attendent depuis une semi-décade.

Amicalement, et merci encore, de me lire, d'entendre, de comprendre.

A la prochaine, d'autant plus rapprochée qu'elle est moins éloignée. Dès que je me lève avant 18h65, promis juré.

Anonyme a dit…

Super, du moment que ce n'est pas la semaine des quatre jeudis car là, en général, je vais à la foire des zinzins où l'on y trouve des philososos en si grand nombre qu'ils forcent le respect. Piètre occupation, me direz-vous. Qu'importe, nous sommes là la semaine des quatre jeudis. Et tout peut arriver. Tout, voire rien. Ce qui, dans pareilles circonstances, est déjà beaucoup. Surtout si l'on prête attention à ce monde tombant en déliquescence. Tristounet, je sais. Mais c'est comme ça.

Bon, soyez un peu plus sérieux. Rien de tel que de continuer notre réflexion sur mon anthropologie tristement ignorée depuis 140 ans. Mais grâce à Patrick Tort...

http://www.persee.fr/articleAsPDF/hom_0439-4216_1988_num_28_105_368938/article_hom_0439-4216_1988_num_28_105_368938.pdf

Bonne lecture (si toutefois le coeur vous en dit). C'est sans danger, ou alors, j'y comprends plus rien.

CD

Anonyme a dit…

Aussi aurais-je dû relever plus tôt, cher ami, que vous faites à nouveau référence à Sam Harris. Je mentionne le nom de Darwin et vous me parlez de Harris (triste personnage au vu de l'usage qu'il fait de son propre cerveau). Il y a donc là un point à relever.

Harris, mais aussi son égal sur le plan de la sottise, Richard Dawkins, que vous avez catalogué de "néo-darwiniste". Eh bien, en espérant vous donner l'intérêt légitime à la lecture de ce texte-entretien de Patrick Tort, vous apprécierez peut-être son argumentation quant au (néo-)darwinisme dont se revendiquent les Dawkins, Wilson, Pinker, et autres crétins sociobiologisants. En lisant Tort, il n'y a aucun doute que ces messieurs n'ont jamais lu l'auteur de "La filiation de l'homme"... Darwin a bon dos; Marx aussi. Et le rapprochement entre ces deux penseurs ne s'arrête pas là.

Bonne soirée, JP.

CD