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mercredi 7 décembre 2011

C'est dûr d'être aimé par des agités des bocaux (reason project, part 1)


Dans une des ses chroniques humoresques qui font les délices des radiophiles, et spécialement des radiophiles fans de base de l’humour made in rtbf, notre pourfendeur des "agités du bocal" en tous genres (sur la confusion sémantique persistante autour de la vraie nature dudit "bocal", voir incise, point 2.1.) écrit, de cette plume clarifiante, au micro-laser qui signale l’homme de Droit, ces belles pages. 
Traces d’une radio-phonè volatile, heureusement conservées dans la cyber-glaise, et qui devraient être enseignées dans tous les cours d'éducation à la citoyenneté:

" Sur cet attentat perpétré par deux agités du bocal contre le journal satirique Charlie Hebdo, tout a été dit : c'est criminel, c'est imbécile, etc..
Mais il y a une question sur laquelle on entend beaucoup de bêtises depuis quelques jours, c'est à propos du « droit au blasphème ». On confond tout, je crois.

Ce qu'on appelle « droit au blasphème », ce n'est rien d'autre, en fait, que le droit de critiquer et de se moquer des religions. Droit à la liberté d'expression qui s'étend, dit la Cour européenne des droits de l'homme, jusqu'aux « propos qui blessent, qui choquent et qui inquiètent ».

Il est vrai que la Cour n'est pas toujours conséquente avec elle-même, et qu'elle a aussi validé des condamnations pour blasphème prononcées au Royaume-Uni ou en Autriche contre des cinéastes qui avaient tourné en dérision les fondamentaux du christianisme. Il est vrai aussi que les Églises font un lobbying de tous les diables (si j'ose dire) pour que l'Union Européenne protège les « symboles sacrés » des religions.

Donc, il faut être vigilant, mais enfin dans un pays comme la Belgique, on peut dire ce qu'on veut des religions, la seule limite étant l'incitation à la haine envers telle ou telle communauté. Non pas envers telle ou telle divinité céleste, abstraite, mais envers telle ou telle communauté concrète.

" Mais pour se retrouver condamné pour incitation à la haine, il faut avoir eu l'intention d'inciter à la haine, et qu'il y ait un risque réel sur la communauté religieuse. Bref, les conditions d'une condamnation sont très difficiles à remplir, et c'est heureux ! Pour rappel, les fameuses caricatures de Mahomet n'ont fait l'objet d'aucune condamnation judiciaire ni en Belgique ni en France.

Ces caricatures étaient légales, inoffensives - deux trois d'entre elles étaient d'ailleurs très drôles (d'autres beaucoup moins, mais c'est chacun son goût).

Par contre, le droit au blasphème, cela n'a aucun sens. C'est quoi, un blasphème ? Une parole qui outrage la divinité ou le sacré. Mais par définition, pour blasphémer, il faut croire, il faut appartenir à la religion que l'on blasphème. Sinon, le blasphème n'aurait aucun sens, et l'on ne s'en sortirait pas.

Par exemple, si je suis Chrétien et que je dis « Jésus n'est pas le Fils de Dieu, c'est un imposteur », je blasphème gravement ma religion, et il est juste que les foudres du droit canon s'abattent sur moi sans pitié. Mais la même phrase prononcée par un Juif ou un Musulman n'est pas blasphématoire, puisque c'est la doctrine même du judaïsme et de l'islam de considérer que Jésus n'est pas le fils de Dieu mais un simple humain comme les autres (un prophète estimable, ou un imposteur, c'est selon).

Inversement, si je suis Musulman et que je dis « le Coran n'est pas incréé, il n'a pas été dicté par Allah à Mahomet », je risque de passer un mauvais quart d'heure vendredi à la mosquée ; mais je suis Chrétien, il est parfaitement logique que je dise cela, puisque pour moi Chrétien, le Coran n'est pas un texte sacré, il ne peut donc avoir été dicté par Dieu à qui que ce soit.

Et quand Marx dit que la religion est « l'opium du peuple », ou Freud, qu'elle est forme de « névrose obsessionnelle », aucun des deux ne blasphème, puisqu'ils sont athées.

Donc, parlons de liberté d'expression, tout simplement, mais pas de droit au blasphème, qui n'a pas de sens. Si je suis croyant d'une religion, je n'ai aucun droit au blasphème envers les symboles sacrés de ma religion. Un dessinateur musulman ne représentera Mahomet avec un burnout en forme de bombe. Mais si je ne crois pas, je peux dire et montrer ce que je veux, Mahomet, Jésus ou Moïse en train de danser le french-cancan, cela ne sera jamais un blasphème, et si ça choque, ça s'appelle …  la démocratie. "


Tout d'abord, c'est très beau. Comme d'habitude frappé au coin d'un solide bon sens. Et drôle. Fin, très fin, se mangeant sans faim.

Simple question de logique, en fait. Un enfant de cinq ans est censé le comprendre, bien que ce soit pas évident. Merci donc pour cette clarification utile. C'est du boulot, mine de rien, c'est d'la praxis. Je dirais même: de la praxis en action. Et je dirais même plus: de l'archéo-marxisme qui va loin, très loin, dans l'archè.

Alors, le blasphème, que je dise pas de connerie, ça concerne ceux qui croient en l'objet blasphémé, c'est grave pour eux ok, mais qu'y s'débrouillent entre eux, qu'ils lavent leur linge sale en famille. Chacun croit à son truc, sachant que c'est une pure abstraction, une idée céleste, conscient aussi que le truc du voisin est lui-même une pure abstraction, une idée céleste. Si un gus qui croit à la même abstraction céleste que lui se moque de cette abstraction, il est pas content: y a blasphème. Par contre, si le voisin d'à côté se fout de son abstraction à lui, il s'en fout, parce qu'il sait que son abstraction à lui, c'est logique que le voisin d'à côté s'en foute, tout comme il est normal qu'il s'en foute, lui, du truc abstrait du voisin. Et réciproquement, comme dirait Pierre Dac.

Non, c'est puissant. Fallait y penser.

Mais à la vérité, on s'en cogne éperdument, de cette fausse question du "blasphème".

Plutôt que de nous épater avec des trissotineries qui divertiraient à peine un cercle de philosophie analytique de Vienne ou d'Oxford à l'heure du thé, il eût été plus intéressant d'aborder la seule véritable question de fond, qui pose quelque problème un chouïa plus complexe, abritant des ambiguïtés suffisamment élastiques pour que les uns et les autres trouvent matière à y faire leur beurre et leur petite cuisine. La question du "droit à la caricature", de ses limites ou de ses non-limites, des poids et mesures qu'on y met, des frontières poreuses entre "abstrait" et "concret" qu'on placera et déplacera en fonction de la vitesse du vent et de l'âge du capitaine.

Le problème est, il est vrai, rapidement traité par la bande et prestement expédié par la grâce de cette subtile autant qu'évasive distinction entre "abstrait" et "concret":
ben oui, c'te bonne blague, évidemment qu'on y a droit, à la caricature, boudiou d'boudiou, du moment qu'on vise des symboles célestes et pas des personnes concrètes. Et saperlotte de crénom d'une pipe, c'est ça, la démocratie, m'gamin. C'est l'droit à l'expression de l'homme, vindiu!. Comprends-tu bien ou t'es nigaud, à c't'heure?

Oui, on comprend bien, merci. On comprend aussi, déjà, pour commencer, que la "démocratie" dont on nous peinturlure ici le portrait en deux coups de pinceau bien ajustés et avec une bonne grosse gouache qui tache, c'est une pure et fascinante abstraction, faite de segments, de fractales psychadéliks, de courbes fuyant au hasard dans l'espace en s'éloignant à toute allure les unes des autres, sans rime ni raison. Un nœud borroméen, une architecture impossible de Escher matérialisés dans un espace-temps non-euclidien. Un bocal d'un genre très nouveau: une bouteille de Klein en super digital 3D, uniquement visible dans certaines salles Imax avec les lunettes spéciales du Docteur Magellan.
La réalisation insolite d'une sorte de grand rêve universaliste abstrait fondé non pas sur du "différend", mais sur un différentialisme concret. Dans cette étrange contrée reculée, proche de la grande Garabagne, où nulle main du serpent n'a jamais posé le pied, il n'y a ni "même" ni "autre", ni dialectique ni absence de dialectique, ni "consensus" ni "dissensus"; il n'y a ni communication, ni traduction, ni interférence. Juste une diversité d'espèces indifférentes les unes aux autres à un degré introuvable dans la mère nature elle-même..  "Qui parle de lion à un passereau s'entend répondre: tchipp". Les cieux sont vides, circulez, y a rien à voir. Rentrez chez vous, chacun chez soi, un dieu pour chacun, et merde à tout le monde.

Je me demande même comment il est possible d'en causer. Faudrait inventer un Volapük modulable, disponible en kits aléatoires à partir desquels chacun construirait son propre langage privé, compréhensible par lui seul.


Quant à la "vision" bizarroïde des "rapports" qu'entretiendraient les religions avec elle-mêmes aussi bien qu'avec les autres, il s'agit là sans doute d'une toute nouvelle anhropologie culturelle, ne devant rien au diffusionnisme de Bronislaw Malinowski mais vaguement inspirée de la pataphysique d'Alfred Jarry. Dans un mauvais théâtre de l'absurde, par la troupe du Trianon, ça donnerait quelque chose comme:

- Tiens, moi je suis chrétien, je crois à Jésus mais je sais que c'est un truc pas concret, qu'existe pas. Ah salut, t'es chrétien, toi aussi? Comment? Tu te moques? Salaud, va, blasphémateur!
- Salut les mecs, je suis musulman, je crois à Mahomet, un autre truc abstrait. Vous vous moquez? Ben j'm'en cogne. Votre truc abstrait à vous, entre-nous, c'est pas ma came et ça me fait plutôt rigoler.
- Ah ouais, je te comprends, le tien aussi, note. Enfin, tu fais ce que tu veux, c'est pas notre problème.
- Youhouu, du bateau, salut les chrétiens et les musulmans, ça biche? Moi je suis juif, et j'ai un autre truc super abstrait qui m'botte pas mal.
- Mais fais ce que tu veux, mon gars, on s'en fout.
- Merci, sympa. Occupez-vous de vot'truc, en passant, je m'occupe du mien.
- Salut mes poules, je suis athée et je vous emmerde tous.
- Mais on s'en cague, bibiche, c'est tes oignons.

Et pour les autres, les démocrates, les laïques, attachés au legs de la civilisation des lumières, y sont pas concernés, y s'en foutent aussi. Pour eux, ce que font les uns et les autres, aux uns et aux autres, de leurs trucs abstraits, c'est juste de la caricature, point barre. Et la caricature, y z'y ont le droit pour tout le monde, toute la smala. Parce que c'est leur liberté de penser, comme disait Florent Pagny, ensuite de s'exprimer.

Ce très précieux droit à l'expression d'une parole si souvent réprimée, brimée, refoulée, cadenassée, par la machine du pouvoir oppresseur craignant tant la communication. Foucault avait esquissé un soupçon au sujet de l'expression libératrice. Mais on va pas s'attarder, après tout on est là pour le fun, le plaisir de la papote communicante. Non, juste qu'il suspectait que l'effectivité des dispositifs de pouvoir consistait bien plutôt à redouter le silence, les non-dits, les secrets chuchotés, voilés, et à valoriser la production proliférante des discours dévoilant intégralement les sujets, s'exposant et se racontant sans relâche, se rendant transparents à un quadrillage annulant progressivement les dehors, les zones indistinctes, ou d'indiscernabilité.
Deleuze, à ce propos, écrivait - et c'est un grand classique dont on pourrait causer à la reuteubeu:


" On fait parfois comme si les gens ne pouvaient pas s’exprimer. Mais, en fait, ils n’arrêtent pas de s’exprimer. Les couples maudits sont ceux où la femme ne peut pas être distraite ou fatiguée sans que l’homme dise : « Qu’est-ce que tu as ? Exprime-toi… », et l’homme sans que la femme, etc. La radio, la télévision ont fait déborder le couple, l’ont essaimé partout, et nous sommes transpercés de paroles inutiles, de quantités démentes de paroles et d’images. La bêtise n’est jamais muette ni aveugle. Si bien que le problème n’est plus de faire que les gens s’expriment, mais de leur ménager des vacuoles de solitude et de silence à partir desquelles ils auraient enfin quelque chose à dire.

Les forces de répression n’empêchent pas les gens de s’exprimer, elles les forcent au contraire à s’exprimer. Douceur de n’avoir rien à dire, droit de n’avoir rien à dire, puisque c’est la condition pour que se forme quelque chose de rare ou de raréfié qui mériterait un peu d’être dit. Ce dont on crève actuellement, ce n’est pas du brouillage, c’est des propositions qui n’ont aucun intérêt. Or ce qu’on appelle le sens d’une proposition, c’est l’intérêt qu’elle présente. Il n’y a pas d’autre définition du sens, et ça ne fait qu’un avec la nouveauté d’une proposition. On peut écouter des gens pendant des heures : aucun intérêt… C’est pour ça que c’est tellement difficile de discuter, c’est pour ça qu’il n’y a pas lieu de discuter, jamais. On ne va pas dire à quelqu’un : « Ça n’a aucun intérêt, ce que tu dis ! » On peut lui dire : « C’est faux. » Mais ce n’est jamais faux, ce que dit quelqu’un, c’est pas que ce soit faux, c’est que c’est bête ou que ça n’a aucune importance. C’est que ça a été mille fois dit. Les notions d’importance, de nécessité, d’intérêt sont mille fois plus déterminantes que la notion de vérité. Pas du tout parce qu’elles la remplacent, mais parce qu’elles mesurent la vérité de ce que je dis. Même en mathématiques : Poincaré disait que beaucoup de théories mathématiques n’ont aucune importance, aucun intérêt. Il ne disait pas qu’elles étaient fausses, c’était pire."



Sinon, pour en revenir à des trucs plus funs, plus légers, on est ravi d'apprendre que l'humoriste en question est pas du tout coincé en matière d'humour, de rigolade, comme garçon. En effet, un rien l'amuse et il est jamais le dernier à garder pour la bonne bouche une de ces histoires de toto gratinées pour faire marrer les convives à la fin du banquet. 
Les caricatures danoises de Mahomet, par Kurt Westegaard (invité d'honneur en septembre 2008, avant de caner dignement, du congrès du Dansk Folkeparti, le parti danois d'extrême-droite), courageusement relayées en leur temps par Charlie Hebdo, par exemple, ça l'avait plutôt poilé.
Le prophète, c'était pas tant qu'il soit prophète, qui avait tirlipoté quelques uns, dont ma pomme. C'était que sous son turban faisant office de bombinette, y avait un stéréotype ethno-facial très rigolo: le nez crochu, le sourcil fourbe et broussailleux, comme le rictus sous la barbe dissimulatrice.

Il y eut aussi, rappelons-le, embarqué dans cette croisade au souffle homérique, marquant le retour, enfin, du courage, le courage d'un "parler-vrai" balayant la langue de bois et la bienpensance frileuse des bobos (comme dit Zemmour), le caricaturiste néerlandais Gregorius Nekschot, autre martyr de la liberté d'expression selon Val & Fourest.
Cette dernière, fort sourcilleuse sur la liberté d'expression des démocraties, danoises ou hollandaises, lui rendit visite aux Pays-Bas pour une interview exclusive, parue en juin 2008 dans Charlie Hebdo, soit deux ans après la publication des caricatures danoises. Nekschot y déclare: "les musulmans doivent comprendre que l’humour fait partie de nos traditions depuis des siècles". Parmi ces manifestations d'humour, on trouve, entre autres, un imam imposant une fellation tantôt à une petite fille voilée, tantôt à la petite Anne Frank. Plus loin, le même, ou un autre, sodomise une chèvre en déclarant: "il faut savoir partager les traditions". Nekschot est un anti-multiculturaliste libertaire qui se censure pas, jamais. Vachement subversif, il enfonce grave tous les tabous. Et bien sûr, il a un gros, très gros potentiel de libération pulsionnelle au niveau du sexe, sujet qui le passionne. Trublion haut en couleurs d'une époque révolue: celle d'une presse libre et indépendante. Fourest de conclure, à l'époque, que si de tels traits d'humour peuvent parfois manquer de finesse, il faut, pour mieux en apprécier la portée, les resituer "dans un contexte néerlandais ultratolérant, voire angélique, envers l’intégrisme". (Pour plus de détails sur les combats menés par Charlie Hebdo - à l'époque de Philippe Val & Caroline Fourest - pour la défense de nos démocraties laïques, voir ci-dessous les articles de Mona Chollet placés en liens).

Alors ne faisons pas les prudes protestants, les bégueules. Faut se décoincer un peu le cul, je dis. Même si on aime pas ça, c'est un bon signe pour la bonne santé de nos démocraties. Moi, j'suis démocrate. Je m'incline devant ces choses là, même si ça me fait pas plaisir. Parce que c'est ça, la démocratie. Eh quoi, allez-y voir un peu, dans les anciens asiles psychiatriques abandonnés en Sibérie, si on se marrait tant que ça, si on avait droit à la caricature. Je peux vous garantir qu'on s'agitait pas le bocal tous les jours
Y en a un peu marre des intimidations sur la sacro-sainte intouchabilité ou non-représentabilité des icônes. Voltaire est passé par là, quoi. Dégrafons un peu le slip, à la fin, cool, décontractés. Sinon, c'est comme il dit, c'est chacun son goût. Et les goûts et les couleurs, ça se discute pas. Même chez les postkantiens, ça se discute plus, on s'en tamponne. C'est quoi, cette prétention ridicule à l'universalité? Parce que moi, j'aime les chansons d'Yves Duteil, je pose que la beauté des chansons d'Yves Duteil est en droit partageable par tous? C'est pas moderne, ça. C'est pas décontracté.

Bon, j'avoue, moi-même j'étais un peu constipé. J'avais écrit, à l'époque, à propos des "caricatures danoises":

" Le même saisissant art de croquer, avec toutes les caractéristiques y afférant, on ne sait trop quel représentant iconique du prophète, mais ethnologiquement bien situé, aux sombres desseins envahissants et hostiles, bien entendu, joints à l’inénarrable rictus stercoraire du fanatique de base, n’aurait pas déparé, par son esthétique plus que relativement nauséabonde, et dans un passé encore récent, dans un édito de « je suis partout », s’il s’était agi de « croquer » le Juif.
Mais ne faisons pas deux poids deux mesures. Monsieur Philippe Val, avec la rigueur et la compétence du vilipendeur de toutes les formes de racisme religieux ou ethnique, a su surmonter avec panache ce type de scrupules éthiques, en nos temps sombres, troubles et menacés.
Il a su avec courage ne pas surfer sur les peurs archaïques d’invasions barbares, éviter de brasser l’air dans les espaces démago-populistes de jadis-Le Pen, et, avec une imparable rigueur dans l’analyse socio-ethno-politique de la mondialisation, ne pas emboîter le pas aux harangues sur le choc des civilisations martelées par quelque idéologue rigoureux néocon. "


Mais notre nouveau François Pirette, qui ne doit pas souvent ouvrir Charlie-Hebdo, car ça fait bien longtemps que cette grasse feuille de chou pseudo-libertaire ne fait plus rire personne (sauf peut-être au club de l'Horloge), est nonobstant attentif et vigilant sur toutes ces choses par ailleurs évidentes.
D'ailleurs, soyons bien clairs sur un truc précis: c'est pas parce que la devanture de Charlie Hebdo exhale de vagues (?) miasmes de poisson pas très frais que j'applaudis des deux mains au fait que deux atrophiés du bulbe, certainement fanatiques et ça personne le contestera, fasse sauter les locaux et le matériel informatique de journalistes libres et indépendants, travaillant d'arrache-pied à la promotion de la tolérance et à la défense des valeurs démocratiques. Non, ça, comme tout le monde, je réprouve énergiquement. Moi, je suis comme Voltaire, je me battrai jusqu'au sang, et avec mes petits poings, pour que chacun chacune ait le droit d'exprimer une opinion que je ne partage pas. Mais pas en faisant acte de violence ou de terrorisme.
Quand je suis pas d'accord, je mobilise mon droit à caricaturer des caricatures. Je me contente de pouffer dans mon coin, d'un rire asthmatique, comme Diabolo le chien à Satanas, en usant de ma liberté d'expression d'l'homme. Et si parfois - rarement - je m'autorise à ricaner de façon choquante, blessante ou inquiétante, c'est quand violence est faite à l'homme universel dans sa diversité et divers dans son universalité, comme dirait là encore Pierre Dac. Sur cette question, je le confesse, j'ai toujours un petit pet de travers et je suis un peu coincé de l'anus. A cet égard, je me définis personnellement, sur le plan philosophique, non pas comme archéo-marxiste, mais comme protestant-oécuménique. Ce qui m'a d'ailleurs valu quelques railleries & excommunications dont auquel je ne prends pas ombrage.

Donc, plus que jamais, faut rester vigilant sur le droit à la libre expression non-violente des points de vue des uns et des autres.
Et la vigilance, chez notre radio-chroniqueur de billets d'humeur, c'est pour ainsi dire une seconde nature, vu qu'accessoirement, comme violon d'Ingres, il fait aussi directeur d'un "Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme". On va donc pas se couvrir davantage de ridicule à pontifier ou enfoncer des portes ouvertes. Il prend bien soin lui-même de nous le rappeler, tout ça, et de bien nous expliquer que chez nous, en Belgique, on confond pas une abstraction céleste et une communauté concrète: 

"[...] Donc, il faut être vigilant, mais enfin dans un pays comme la Belgique, on peut dire ce qu'on veut des religions, la seule limite étant l'incitation à la haine envers telle ou telle communauté. Non pas envers telle ou telle divinité céleste, abstraite, mais envers telle ou telle communauté concrète."

Et c'est ben vrai ça, comme disait Mère Denis.

Donc, résumons-nous:

Si je suis musulman et que j'accroche des vessies de porc aux boucles d'oreille du prophète, je risque de passer un sale quart d'heure à la mosquée, et je fais rien qu'à emmerder ma communauté religieuse abstraite.
Si je suis pas musulman et que j'accroche des vessies de porc aux boucles d'oreille du prophète, bon ben c'est à peu près pareil: j'indispose une communauté religieuse abstraite, à ceci près que c'est pas la mienne. Je ne passerai donc pas un sale quart d'heure à la mosquée, puisque je fréquente pas les mosquées.
Ils sont susceptibles sur les icônes saintes intouchables, ok, c'est leur problème, leur petite tambouille religieuse. Mais moi, je m'en fous de ça, j'suis démocrate, laïque, j'suis pas concerné, comprenez? J'insulte personne. Où est l'incitation à la haine, là-dedans? J'emmerde pas les braves musulmans qui font partie d'une communauté concrète de musulmans, je me moque juste des « symboles sacrés » de leur religion, de leur icône abstraite ou céleste qu'y prennent pour concrète.
En dehors de ça, ben quoi, y a pas d'lézards. Faut vraiment être des agités du bocal, un peu et même carrément arriérés sur les bords, incapables de comprendre que dans nos démocraties modernes, cool, décontractées, représentées par un organe de presse démocratique moderne, cool, décontracté, comme Charlie Hebdo, on s'en bat le steak de la coupe de cheveux et de la garde-robe du prophète. Sont trop cons, en plus d’être des criminels : z'arrivent tout simplement pas à percuter que si ça les emmerde, eux, ça nous emmerde pas, nous. C'est pourtant simple.

Oui, parce qu'ils sont un peu en retard, faut comprendre, sur la distinction entre société civile et société religieuse de nouz'autres. Non, vous savez, ces gens là, ils ont déjà du mal avec la distinction, pourtant évidente, entre "abstrait" et "concret". Sans déconner, pour eux, cette distinction est abstraite, mais ça, ils le savent pas, et pour cause. Ces zouaves sont restés prisonniers de la pensée magique.
Enfin, quand on réfléchit un peu, au niveau de l'archè, c'est pas si évident non plus à saisir, quand on y pense, "abstrait/concret". Si je crois très fort en un dieu, même en poussant assez loin le bouchon dans une réflexion très "méta" autour de ça, comme un Jean-Luc Marion, est-ce que j'ai bien conscience, au moins, que c'est un bidule purement abstrait? Enfin, pas concret du tout, quoi, s'tu veux, comme la môme néant, là, qui existe pô. Une idéalité céleste, je veux dire, au sens du ciel des idées de Platon. Un étant suprême, mais bizarrement, qu'est pas là à la manière d'un autre étant. Est-ce qu'au moins quelqu'un d'un peu finaud m'a mis au parfum de cette sophistication? Chais pas, même Platon, éventuellement, y pensait ptêt pas que le ciel des idées, c'était abstrait, comme truc.

Non, moi y a un truc qui me dépasse, c'est les bouseux qui croient encore à un dieu. Sont pas post-modernes, ces gens là. Non allez, franchement,  imagine un peu: ces gens-là, y croient à un dieu, et le plus comique dans cette affaire, c'est qu'y soupçonnent même pas que ce dieu, abstrait ou concret, tout le monde s'en fout sauf eux, tout le monde trouve que c'est une grosse farce sauf eux. Tous les gens normaux, enfin je veux dire évolués, savent ou ont compris que c'est un truc abstrait, qu'a aucune réalité. Mais eux non: y croient que ça existe vraiment, que c'est réel. Et partant de là, ils ne captent pas immédiatement que pour toi, c'est tellement une grosse farce ridicule que t'as évidemment le droit de t'en moquer, d'en rigoler à gorge déployée, en te tapant sur les fesses tellement c'est marrant.

C'est un peu comme si, je sais pas, moi, je crois que la démocratie, c'est concret, même si paradoxalement, ça existe pas; c'est pas une chose, un état de chose, c'est pas un étant qu'est là, c'est un projet indéterminé, une exigence, une promesse, une case-vide, que sais-je; ça existe tellement pas qu'y faut l'inventer - et l'inventer constamment, sinon on est tout près à croire que c'est arrivé. Et faut dire que pour certains, c'est une Chôse tenant à la fois de la magie et du sacré. La magie du Nombre, et le sacré du décompte des urnes. Mais je crois très fort à ce principe, je crois que ce principe abstrait-concret, présent-absent, est le partage le plus proche de la vérité concrète. J'y tiens par dessus tout, et je me bats pour ça, c'est un truc que je prends très au sérieux, je suis vachement engagé et tout. Je suis un peu comme Philippe Val, quoi. Et je trouve mon truc tellement bath, que je voudrais que tous les ptits gars et toutes les ptites gates du monde, encore sous le joug de la pensée magique ("participative" selon Lévy-Bruhl), se rallient en masse à ma lanterne éclairant l'univers.
Là dessus, y a un grossier merle, beauf et rougeaud, pas très culturé, sentant un peu le graillon et la vinasse (comme aime à dire Philippe), qui se radine et qui me pète de rire à la tronche en disant: oh le con, le veau, y croit en un machin abstrait qui existe pas, eh, laissez moi m'marrer, mais c'est du vent, ton truc, c'te bonne blague. Attends un peu, je m'en vais barbouiller ta grosse merde, moi.

Alors, évidemment, moi, je suis comme Philippe: j'suis ptêt raffiné, érudit, n'aimant rien tant qu'à me plonger avec délice dans mon exemplaire collector du tractatus théologico-politicus avec les notes infra-paginales d'Alain Minc et la special-dédicace de Robert Redeker. Mais je suis aussi un mec cool, moderne, décontracté. Je me prends pas au sérieux, j'suis pas le mec arrogant. Je vais me marrer à couilles rabattues avec ce gros beauf suintant, selon la vision démocratique du beauf popularisée par mon pote Cabu dans Charlie, sans arrière pensée, parce que déjà, si ça se trouve, j'y crois même pas moi-même à mon truc, je suis pas sérieux et je suis le premier à plaisanter là-dessus. Si ça se trouve, on va se prendre une bonne biture ensemble, puis on ira voir les putes en criant "mort aux vaches!", pour réveiller en plein milieu de la nuit les bourgeois-bobos qui se lèvent à cinq heures pour aller chercher du poisson frais dans la dernière poissonnerie hype de leur quartier chic. Ben voilà, c'est ça, nous on est des mecs cools, pas arrogants, pas constipés, qui se prennent pas au sérieux et qui font pas les fiers. On imagine pas une seconde que si un agité du bocal vient se foutre de notre gueule en crachant sur des principes, des symboles abstraits qui nous sont chers, on va prendre la mouche, lui plastiquer sa limousine ou l'assigner en diffamation. On est pas comme ça.
Mais ces gens-là, y sont pas comme nous. Déjà qu'y comprennent pas bien ce que c'est qu'une "abstraction céleste". Non, moi je dis toujours, ces gens là, tu les emmènes au musée voir la pomme à Van Gogh, eh ben y veulent croquer la pomme, à tous les coups. Alors c'est pas difficile d'imaginer qu'ils ont pas bien percuté la nouvelle donne que représente l'avancée laïque dans nos démocraties modernes, la séparation de l’église et de l’état, tout ça.

Parce que nous, faut le dire aussi, ça, on en a un peu fini avec les images pieuses qu'on distribue au catéchisme. Bon, toute façon, laisse tomber, va, c'est pas la peine, y comprennent rien. Comme dit Philippe, c'est des illettrés, j'te dis, des paysans. Non mais quoi, essaie un peu d'expliquer la démocratie moderne à des éleveurs de chèvres, t'es pas rendu, j'te l'dis. Et comme disait Daniel Leconte dans son hagiographie iconique de Philippe Val menant croisade pour le droit à la coolitude décontractée de nos démocraties modernes, citant sa Une de Charlie: "c'est dur d'être aimé par des cons". Bon, maintenant, c'est plus Philippe, c'est Charb, un aigle, lui aussi. Un authentique démocrate. Et c'est vrai que c'est honteux, criminel, faut le dire et le répéter, d'avoir fait basculer dans l'abstraction pure, d'une minute à l'autre, tout un matos hyper-précieux, sans compter les disques durs, qui faisait bien avancer la démocratie.
Quant à Philippe, on le sait, ça va plutôt bien pour lui. On l'entend moins, il est moins spasmodiquement agité de sa personne. Ayant suffisamment lustré dans le sens du poil le "projet de civilisation" du sarkozysme - qui a fait "plouf" mais se relance timidement de temps à autre, au gré de quelques "débats" nationaux vendus au lot et à la criée -, il a reçu comme récompense le hochet à floches "France Inter". Libéré, enfin, de la contrainte schizogène de se fader la compagnie de ces gros beaufs vulgaires ex-gauchistes qui lui répugnaient tant, il s'en trouve comme apaisé et réconcilié avec son moi profond. Il écrit aujourd'hui le deuxième tome de sa somme philosophique. Au "traité de savoir survivre par temps obscurs" succédera peut-être le "traité de savoir profiter de la vie par temps lumineux". Pourvou qué ça doure.



Maintenant, attention. Si je fous en guise de boucles d'oreille des bombes miniaturisées sur les bigoudis à Moïse (aka Charlton Heston) ou dans les tresses d'un hassidim sortant de la synagogue, si je montre un rabbin sodomisant un jeune officiant en pleine Bar Mitzvah, ou encore un sofer dissimulant des sacoches de diamants dans le Sefer Torah, là on n'est plus dans l'abstraction du tout. Ah non. On touche à quelque chose de sacré, et de sacrément concret moi j’te l’dis, entre quatre yeux. Ah là, c'est clair, y a pas à tortiller du croupion où à s'agiter le bocal et compagnie ou quoi ou qu’est-ce: j'incite à la haine raciale, je stigmatise une communauté concrète en usant de stéréotypes racistes. Oui, parce que les "symboles sacrés" ou les représentants du culte juifs, à l'inverse des autres, c'est pas des abstractions. On n'est plus dans le céleste et le cuicui qui effarouche les agités du bocal. On verra aussitôt que la moquerie n'est pas "neutre": qu'indirectement, par la bande, sont visées des personnes réelles, de chair et de sang. La Licra déposera aussitôt plainte, et personne ne criera "au fou" en rappelant, sur un ton paternaliste, le droit démocratique élémentaire de se moquer des religions et des religieux.
Les prophètes, aucun problème. Montrer Mahomet avec un burnout en forme de bombe, c'est exactement de la même nature et du même ordre que montrer Jésus ou Moïse dansant le french-cancan, certes. Juste comparaison. Fort pertinente et éclairante: c'est anecdotique, insignifiant, de la même totale innocuité. Faudrait vraiment être un peu agité du b..., pardon, d'une mauvaise foi crasse, pour trouver que "burnout en forme de bombe", c'est moins rigolo que "danser le french-cancan", pis aller chercher dans "burnout en forme de bombe" on ne sait trop quelle signification cachée ou message subliminal. Donc, passons.
Un gros arabe paressant sur un pouf, disant: "le Coran ne dit pas s’il faut faire quelque chose pour avoir trente ans de chômage et d’allocs" (autre œuvre poilante de Gregorius Nekschot, agréée et défendue par Val et Fourest contre les constipés et les crispés qui sacralisent tout), nous appellerons ça des moqueries, un peu plus osées, un peu plus audacieuses certes, mais qu'on laissera à l'appréciation du goût de tout un chacun. Exercice du libre droit démocratique de railler des choses abstraites auxquelles on croit pas et qui n'ont rien de sacré pour nous.
Une affiche de propagande des années 30 représentant un barbu en kippa avec des dollars à la place des yeux, et se frottant les mains avec un rictus diabolique, nous sommes par contre bien informés, même si c'est chacun son goût, sur le fait que ça ne vise pas qu'une communauté religieuse, abstraite, sur le fait qu'on n'est plus dans l'ordre de la seule caricature, de la liberté d'expression "s'étendant au droit de blesser, choquer ou inquiéter", et n'indisposant éventuellement que des bouffeurs de pain azyme. Qui pendant ce temps s'adressent des blasphèmes entre eux, et gratinés. D'ailleurs, Chrétiens, Musulmans ou Juifs, du moins ceux qui sont pas orthodoxes, adorent autant blasphémer entre-eux que se moquer de leur "communauté concrète": simplement, quand ce sont les autres qui le font, c'est moins drôle et ça manque cruellement d'imagination. Chez les Juifs, nous adorons aussi nous foutre de la gueule de certains "goys" qui voudraient se faire plus juifs que le pape. Non, je précise, au cas où quelque passionaria du bocal dépisterait au compteur Geiger dans mes propos un signe flagrant de "judéophobie".


Et à part ça. A toutes choses égales et en appliquant "juste un peu plus loin" cette saine et basique distinction entre sacré et profane, droit canon et droit séculier, du moins telle qu'elle nous est expliquée plus haut avec moult exemples avérant un sens consommé de la pédagogie amusante - distinction en vertu de laquelle je ne "blasphème" rien du tout si je raille des "symboles religieux" auxquels je ne crois pas et qui ne représentent pour moi rien de sacré, qu'est-ce qui m'interdit, au juste, de "profaner" je ne sais quels lieux soi-disant sacrés, plombés par un décorum de falbalas aussi grotesque pour moi que la tenue de guignol à chapeau pointu de Benoît XVI? Ce serait quoi, la différence de nature?
Au nom de quoi j'irais pas danser le french-cancan sur les tombes d'un cimetière musulman, chrétien ou juif, puis, éventuellement, pour la marrade, soulager Alphonse de la bibine de mon quatre-heure et y déposer ma petite crotte? J'suis protestant-œcuménique tendance matérialiste athée. Je crois pas en la survie après la mort. Les sépultures, de quelque nature ou forme soient-elles, depuis Toutankhamon et bien avant, ça me fait bien rire. C'est ridicule. A titre de manifestations d'une névrose obsessionnelle, comme disait Freud. D'ailleurs, je vais jamais aux enterrements. Je pense jamais aux morts, c'est une perte de temps. Et les cryptes, c'est bon pour les films de Roger Corman. Tout ça, c'est des symboles religieux auxquels je ne crois pas, qui ne représentent rien pour moi, et donc pour moi, y a rien de sacré ni de concret là-dedans. C'est aussi abstrait qu'un bout de papier chiffonné couvert de graffitis idiots. C'est juste des vieilles pierres couvertes de moisissures, avec des pissenlits tout autour, et dedans un peu de poussières d'ossements inoffensives. J'en ai fini depuis la maternelle avec la pensée magique, j'en suis plus à fantasmer qu'un peu de cendre éparpillée dans une sous-pente abriterait une "anima" ou je ne sais quel "pneuma". Je vais pas être saisi par le thambos à la vue du médaillon à moitié effacé d'une vieille bigote canée d'une méningite avant la guerre 14, et dont plus personne ne se souvient. Alors permettez un peu que je fasse pleurer le colosse. Le french-cancan, ça m'a bien agité la vessie. Et puis, eh oh, si ça vous choque, tant pis hein, ça s'appelle la démocratie.



Mais revenons aux missiles planqués dans les tables de la loi que YHWH donne à Moïse, et autres portraits de rabbins sodomites. Autant la bombe dans le burnout c'est chacun son goût; autant l'imam pédophile et enculeur de chèvres rencontra la mansuétude de Val & Fourest, qui ne virent dans ces sains exercices démocratiques d'iconoclastie aucune forme d'"islamophobie"; autant ici on est clairement dans l'antisémitisme, disais-je. Dans la judéophobie, même, comme dit Pierre André Taguieff. La judéophobie, elle est partout. Toujours prête à ressurgir des entrailles encore fumantes de la bête immonde.

Taguieff, à une époque, faisait encore œuvre de salubrité publique en démontant avec rigueur la logique paranoïaque animant les "théories du complot". Fasciné par son objet au point de s'y laisser engloutir, il est devenu le sujet le plus contaminé par le virus qu'il traquait sans relâche, comme dans "la Chose" de Carpenter. Il a en effet mis à jour un big maousse complot aux ramifications vertigineuses, s'agitant en sous-main sur l'ensemble de la planète, peut-être même sur quelques vieux satellites oubliés de la station Mir: contre les Juifs. (*)


(*)

[Note de travail interne sur P.A. Taguieff à l'attention de la sobeps. Enchainant staccato de lourds et interminables pavés, épuisant sans doute son énergie dans des nuits blanches répétées plus que de raison, Taguieff, carencé en vitamines C et surtout D, s'est mis à agencer progressivement une mise en abyme vertigineuse digne des meilleures mécaniques de John le Carré: on y découvre en effet que les obsédés du "complot mondial juif", thématique éminemment caractéristique des judéophobes depuis le fameux "Protocole des sages de Sion", ourdissent eux-mêmes un vaste complot mondial réel et actuel contre ces Juifs qui dans leur imaginaire complotent mondialement. L'Histoire est donc condamnée à se répéter, bis in idem.
La "foire aux illuminés", constituée de moult sociétés secrètes baignant dans la mystique gnostique, se rassemble en vérité dans l'organisation unifiée des obsédés de la théorie du complot global, notamment juif, formant ainsi une organisation souterraine mondiale aux ramifications aussi secrètes que tentaculaires, comparable à l'ordre de Thulé. 
Des constellations mouvantes faites d'organisations aux sigles mystérieux, où le snug se présentant comme la vitrine du smog, se révèle en vérité une officine du klug, qui n'est rien d'autre que le bras armé du glok, lequel dissimule son identité et ses activités sous une organisation fictive comme le schmutz, qui sert précisément de paravent pour le snug. Dans cette "foire aux illuminés", on en est à se demander si la "théorie du complot mondial (juif)", loin d'être l'expression d'une croyance paranoïaque, n'est pas bien plutôt une fiction propagandiste entretenue et diffusée à dessein pour abriter, dissimuler un complot mondial (anti-juif) bien réel.
Les obsédés du complot seraient ainsi en réalité d'horribles comploteurs tirant les ficelles.
Taguieff a peut-être ainsi découvert, comme David Vincent, l'horrible réalité. Il a découvert que son analyse première des "théories du complot" (comme manifestation d'un délire paranoïaque) était fausse. Il a découvert ensuite une seconde horrible réalité (c'est le double effet kisscool des réalités horribles, y a toujours une deuxième couche à l'intérieur): il a été instrumentalisé dans un piège machiavélique, à lui tendu par de sinistres agents du complot mondial anti-juif. Ce sont ces derniers qui l'ont à la base incité à élaborer sa propre analyse des "théories du complot", dans le seul but qu'il démontre que ce sont des fadaises d'illuminés, contribuant ainsi à invalider aux yeux du monde l'effectivité du complot mondial anti-juif se tramant réellement. Affaire à suivre... Merci aux membres de la sobeps encore en activité de faire suivre cette note de travail au C.D.F. (conseil des farfadets), qui transmettra à qui de droit.]




Quant à la question de l'islamophobie.

Premièrement, les analystes éclairés, comme Taguieff donc, mais encore Fourest, Val, Adler, BHL, Finkielkraut, Elisabeth Levy, etc, nous expliquent très bien que ce néologisme douteux (islamophobie) a été créé de toutes pièces par rien moins que des… judéophobes, qui instrumentalisent, te figures-tu, une soi-disant obsession haineuse pour le Musulman, dans le but de le victimiser et de tirer parti de cette victimisation. Et ça, c'est proprement dégueulasse. Je dirais même: c'est pervers. Parce que dans le même mouvement, les antisémites, qui ne sont rien d'autre que des judéophobes (Alexandre Adler nous l'a bien expliqué aussi, ça, et pour lui ça comprend les "Juifs honteux", qui fricotent avec les agités du bocal de l'altermondialisme gauchiste-"bobo" antisémite), accusent les Juifs d'exploiter leur statut de victimes, d'instrumentaliser la Shoah afin de légitimer la politique d'extension des colonies juives en terre d'Israël. Alors, tu comprends tout de suite, évidemment, le délire de ces agités du bocal: réunir en un seul lobbying les intégristes islamistes, les judéophobes, et les anticapitalistes altermondialistes.

Alors, deuxièmement, je m'excuse, c'est le peuple juif qui a payé un lourd, tragique tribu, à l'éclosion de nos démocraties modernes laïques et éclairées, comme nous l'expliquent là encore les spécialistes susmentionnés. Et ça aussi, c'est concret. Faut pas oublier que la communauté juive, c'est d'abord et essentiellement le peuple des victimes sacrifiées pour la gestation d'une Europe cosmopolite, ne cessant de lutter pour affirmer les valeurs de l'universalisme, surmonter les démons identitaires, nationalistes, communautaristes, sources de clivages haineux, de crispations identitaires et de replis sur soi.

La communauté musulmane ne peut pas en dire autant. N'en déplaise à Badiou (l'antisémite). 
Si on regad bien, qu'est-ce qu'elle a fait, au juste, pour nos démocraties modernes laïques, la communauté musulmane? Mh?

Oui oh, à part bien sûr diffuser chez nos mômes scolarisés, et plutôt cool, décontractés, les traditions archaïques d'une misogynie inégalitaire et quasi-atavique. Et à part disséminer dans nos cités prolétaires pas trop cool ni décontractées des prédicateurs rusés, au double langage fourbe et manipulateur, les Tariq Ramadan qui ne font rien qu'à islamiser en douce nos droits de l'homme et de la femme chèrement acquis.

Et surtout, rappelons-le, à part nous imposer leur "fichu voile", nous priver du partage des visages, sources d'où rayonne l'éthique lévinassienne, nous dit-on, la communication intersubjective dans l'espace social public enfin rendu à sa transparence.
Intersubjectivité, partage, visage, transparence, dévoilement, espace public... Que voilà des concepts bien délicats à manier, mais que l'on brandit à tout propos avec une éloquence assurée qui frise l'obscène. Car le visage d'autrui, pour Lévinas, c'est la manifestation de la Loi d'un dieu transcendant et sans visage. Le visage d'autrui commande la distance, le respect, et se dérobe à la maîtrise du regard. Il est inassignable à l'espace utile de l'échange: c'est un visage-voile. A tous ceux qui confondent allègrement visage et carte d'identité, à tous ceux qui nous psalmodient ce pieux refrain de l'offrande du visage partagé par tous dans l'espace dit public, assaini, désopacifié, immunisé, propre, lisse et luisant comme le parquet ciré du musée de l'homme, consentiriez-vous un seul instant à vous laisser dé-visager sans vergogne, par le premier passant venu? Non bien sûr, vous réserverez ce privilège précieux autant que rare aux quelques ceux, triés sur le volet, qui partagent votre bulle privative et sécure. Sous l'édredon douillet ou dans un face à face amoureux, il n'est pas d'ailleurs pas sûr que vous consentirez à l’examen prolongé de vos beaux yeux "miroirs de l'âme".
A votre décharge, on remarquera que parmi les apôtres de la res publica translucide, les plus zélés ont acquis l'art et la maitrise de la sculpture télévisuelle de soi, hommes et femmes-troncs affichant les expressions impénétrables et radieuses d'une machine impeccablement lubrifiée, imperméable à la trop humaine faiblesse. Totale maîtrise des muscles faciaux et fessiers, même dans l'orgasme.


Oui, quoi, au fond, pour résumer, de tellement remarquable, digne d'être relevé pour l'émancipation de la chose publique, sinon, en un mot comme en cent, mettre en danger l'universalisme. Mh?



Allons. Soyons sérieux. Allons écouter les conférences-débats, les tables rondes et les buffets-causeries de Nadia Geerts (fervente émule de Caroline Fourest et principal relais en Belgique de son travail scientifique et universitaire) dans (quasi) toutes les maisons de la laïcité du royaume.
Nadia Geerts est également admiratrice de Mohamed Sifaoui, autre habitué des plateaux télé et grande figure du combat contre l'intégrisme islamiste. Je notais ailleurs que Sifaoui était un esprit libre mesuré, cultivant la nuance subtile: "d'un côté contempteur sans compromis d'Eric Zemmour (esprit libre laïque qui excite la xénophobie et les guerres civilisationnelles), et de l'autre défenseur ardent de Robert Redeker (esprit libre laïque qui défend la civilisation des Lumières contre l'axe du mal).

Ah ça oui, le calendrier est chargé, full-time. C'est overbookant. C'est qu'il y a encore du pain sur la planche, malgré la victoire du décret sur la coiffe bigoudène dans les écoles à risque et les salons de dentiste safe (tellement nécessaire, mais trop vite voté, à la diable, mal organisé, je suis d'accord avec toi), et malgré les sit-in, les stand-up, les actions-commandos.

Je me demande même s'il y a une date libre pour une causerie sur l'art de photographier la reproduction des escargots et des limaces du Limbourg, dans la moindre maison de la laïcité d'Andenelle ou de Barvaux-sur-Ourthe. Oui, parce qu'elle se passionne pour l'exhibition des "petites bêtes", comme elle les appelle affectueusement. J'ai vu ça dans un lien de sa notice wiki. Elle appelle ça des "instants de trêve": "autant de respirations dans une vie trépidante. De (toutes) petites choses, un instant fugace, un visage inconnu, une lumière particulière... Le bonheur indicible de l'insignifiant, du fragile, du périssable". C'est plutôt vachement poétique, non?

Ces "visages inconnus" révélés en pleine lumière, ce sont de préférence des insectes ou des gastéropodes, qui ont au moins le mérite de ne jamais la contredire quand elle les passe au grand angle. Peut-être aussi parce qu'un gastéropode, sorti de sa coquille, de son exosquelette, c'est tout cru, tout nu, tout dévoilé et tout luisant, tendre chair offerte comme un sexe déboutonné, sans fausse pudeur ni secrets honteux dissimulés dans la pénombre hypocrite d'un confessionnal. Si si, les nouveaux hygiénistes de l'ordre social, spécialisés dans l'art de bien jouir face au soleil, nous l'enseignent. L'ère nouvelle, vitaliste et libertaire, aura le visage d'une Orgone, et le corps d'une planche orgastologique étale.


Sinon, en dehors de la "trêve", y a beaucoup à s'occuper. Et ça rend la vie trépidante.

Y a la collusion avec l’évêché, les soutanes, les ecclésiastiques pédophiles essaimant encore dans nos campagnes reculées, pourtant aux portes de l'universalisme démocratique, elles aussi, mais empêchées, tirées en arrière, par des mentalités de clocher, un clientélisme catholiqueux d'un cynisme à couper le souffle.

Y a le fascisme à s'occuper, bien sûr. Qui ne passera pas, ah non, qui ne passera pas. Nadia Geerts fera rempart de son corps, s'il le faut, pour que le fascisme ne passe pas. Elle occupera tous les postes disponibles de prof de philo et de morale dans toutes les Hautes Ecoles de Bruxelles, s'il le faut, pour faire barrage contre les fascistes, et certains agités du bocal aussi, qui squattent (heureusement en vain) les appels d'offre annuels du ministère de la communauté française. Elle y enseigne certainement la liberté selon Sartre, le dévoilement selon Heidegger et la résilience des escargots selon Boris Cyrulnik. Pédagogie, quand tu nous tiens.

Non, on est pas sorti de l'auberge encore, moi j'dis. Et je me demande bien comment Nadia trouvera le temps d'écrire sa thèse, bien au calme, loin du show-business, loin des agitations vaines de la société du spectacle et des loisirs, loin des limaces, alors que s'attise encore la braise des intégrismes, des royalismes, des papismes, jusque dans nos cantines, nos garderies et nos pouponnières.

Y a le roi, aussi, à s'occuper, vestige archaïque d'un phallocentrisme médiéval où on brûlait encore les sorcières sur la place publique, t'en souvient-il? Ah mais. Faut être subversif. Faut oser. Choquer, déranger la bonne conscience repue des gens endormis, à l'hospice, devant leur soupe tiède, à l'heure de feu Hörst Tappert.

Et Nadia, c'est ça qu'elle fait: elle dérange. "Langue de bois", "angélisme", "frilosité", "political correctness": elle pulvérise, elle atomise, comme Raoul. Libre-z-et fière, insolente et insoumise, elle secoue, électrocute, les conformismes et les bienpensances. Elle traumatise autant le bourgeois catho que le gaucho-bobo, elle défie le fasciste, brave le fanatique islamiste, protège et sauve la petite Fatima brimée et soumise sous le voile oppresseur, enlève la moumoutte à Baudouin, terrorise le curé pédophile, met les pieds dans le plat, mouche le cuistre, réveille les asthnétiques, berce les insomniaques, va, vole et nous venge.

Nadia a une philosophie, un type de pensée bien calibré: la pensée RTBF. Elle est donc bien partie, elle aussi.

Nadia vit dans un monde concret, saisie par l'urgence de problèmes importants.

Les conditions infra-structurelles, essentiellement d'ordre économique, déterminant le partage des dominants et des dominés, des riches et des pauvres, produisant le chômage, la délocalisation, l'exclusion, la dislocation du champ social, la démantibulation des droits sociaux, la désignation de bêtes noires, la production de voiles de fumée pour détourner l'attention des quelques ceux qui se partagent avec courtoisie les capitaux; le story-telling; la production, pour occuper et agiter le temps de cerveau disponible de bocaux épuisés par les trois-huit, de fictions très inquiétantes: sur l'augmentation d'la r'crudescence des hooligans et des barbares, les caprices ingérables de ce petit dieu turbulent qui n'en fait qu'à sa tête et qu'on appelle le "marché; l'atomisation, la désintégration, les feux follets qui hantent les parkings et les terrains vagues en bordure des complexes industriels, des trusts d'entreprises, des centres de rétention et de loisir pour quelques sans-nom et sans-papier,  toutes ces choses, pour elle, c'est des abstractions célestes, et elle s'en bat le stetson.


Nadia n'est pas vraiment archéo-marxiste. Elle vit dans un monde intégralement et exclusivement superstructurel.  Les seuls problèmes et enjeux qui agitent ce monde sont au fond idéologiques. Les forces convulsives qui s'y heurtent sont de symboles, d'idées, de valeurs, de doctrines, de convictions: humanisme, laïcité, emprise du religieux, choc des civilisations, affirmation de son identité, droit à la caricature, à bas le voile et la calotte, à bas la morale religieuse, vive la religion laïque, vive la confession libre, à bas la confession forcée, etc, etc, blablabla.


"La" religion - si quelque chose comme une telle entité massive et monolithique existe (une abstraction "dent creuse" comme disait Deleuze) - a peut-être été, est encore, et sera peut-être encore l'opium du peuple, le voile de fumée qui occulte ou fait oublier la misère du plus grand nombre et "les petites misères" de quelques uns. Sans doute, sans doute.
Mais aujourd'hui, il y a surtout un nouvel opium, très "hype", dont on est semble-t-il fort occupé à faire la promotion canon: l'opium de la guerre (civilisationnelle) des religions (obscurantistes contre le monde libre et éclairé).
Pas trop cher à produire, se vendant bien et pouvant rapporter gros, relativement facile à mettre en scène à la télévision et autres organes de presse étatiques. A consommer sans modération. Il remplit exactement les mêmes fonctions, et présente un double avantage intéressant à exploiter. Il est non seulement susceptible de "voiler" aux yeux d'une majorité leur exclusion de l'opulent marché mondialisé qui profite à une minorité de nantis, mais encore il autorise - du moins en principe - que les pauvres et exclus de ce monde se divisent et se bouffent le nez entre eux, se rendant mutuellement responsables de cet état de fait.
Pour déchirer ce voile aliénant et entêtant, il faudrait un peu plus d'archéo-marxistes, un peu plus vigilants, un peu plus indépendants, un peu moins adoubés par la machine à produire des superstructures idéologiques, du divertissement et des loisirs, et y trouvant moins leur plaisir.



Au rayon du rire libérateur, il faudrait écrire, en guise d'apostille au dernier best-seller de C. Fourest ("l'universalisme en danger"), répétant toujours, sans se fouler et sans imagination, la même recette, "le monde de Nadia", alternative pataphysicienne au "monde de Sophie".

Le monde dans lequel vit et pense Nadia est une sorte de pièce de théâtre ou d'opérette de la belle époque, donnée à guichets fermés dans un petit bo... chapiteau sous la voûte étoilée, pleine de rebondissements, de bruit et de fureur, de batailles d'Hernani, de querelles trépidantes et de mondanités fracassantes, de tables rondes et de monologues carrés.
S'y agitent, s'y étreignent, s'y invectivent des passions humaines, éternelles et utiles, sous forme de dyades inséparables, de couples maudits générant sans fin des énoncés intéressants:

des démocrates et des fascistes, des esprits libres et des fanatiques, des humanistes et des spiritualistes, des républicains et des royalistes, des laïcards et des cathos, des rattachistes et des belgicards, des civilisés et des barbares, des féministes et des phallocrates, des universalistes et des communautaristes, des antiracistes monoculturalistes et des racistes multiculturalistes, le colonel Sponsz et la castafiore, un roi qui se meurt et une cantatrice chauve, le cœur et l'esprit, la pensée et les hommes, la tête et les jambes, le francophonissime, maître Capello, Guy Lux, Léon Zitrone, l'eurovision, un pape, deux dictateurs, trois grenouilles de bénitier, quatre prédicateurs, quelques ratons-laveurs, et surtout une sacrée tripotée d'escargots et de limaces.









Quelques bonnes feuilles de Mona Chollet, tirées de l'ouvrage collectif: "Les éditocrates. Ou comment parler de (presque) tout en racontant (vraiment) n'importe quoi", par Mona Chollet, Olivier Cyran, Sébastien Fontenelle, Mathias Reymond, aux éditions La Découverte:








jeudi 8 septembre 2011

Causons boulot...



J'étais censé participer à une causerie entre universitaires salariés sur le chômage, à titre d'idiot utile sans emploi depuis plus de 6 ans. J"avais accepté dans un premier temps, sans savoir ça se ferait.

J'ai finalement été informé, et voici la réponse que j'ai adressée aux organisateurs:



Je vous remercie de m'avoir proposé de participer à ce cycle.

A ce moment-là, la "structure d'accueil" n'en était pas encore déterminée.

Prenant connaissance de son inclusion dans le centre d'action laïque, je préfère décliner, pour deux raisons très précises:

1) je n'ai jamais eu de réponse à mes candidatures spontanées pour travailler dans un centre d'action laïque.Je ne me vois pas contribuer à une réflexion sur le chômage dans ce cadre, sauf à y provoquer du scandale, ce que je suppose personne ne souhaite.

2) par leur engagement opportuniste dans les problématiques fausses ou faussées de port du voile et autres, les centres d'action laïque contribuent largement, à mes yeux, à la violence sociale, masquant les inégalités socio-économiques, la réalité effective des forces de domination et attisant les conflits entre dominés.

Sous l'action prétendument militante de figures comme Nadia Geerts *** (se réclamant de Caroline Fourest), qui ont plus que pignon sur rue, ils instrumentalisent et dévoient la notion d'universalisme et de laïcité dans la superstructure idéologique du "choc civilisationnel". Ils participent objectivement à la problématisation des groupes ethniques, sous le prétexte d'une lutte contre les "communautarismes". Ils contribuent donc à occuper "le temps de cerveau disponible" des gens en focalisant le débat public sur des épiphénomènes localisés.

Ceci n'a rien à voir avec un engagement "de gauche", encore moins avec la "laïcité", mais bien avec l'occupation irresponsable des positions politiques de la droite dure, en Belgique comme en France. Je ne souhaite pas être associé aux "combats" idéologiques que mènent aujourd'hui des centres d'action laïque.

Si j'y allais, j'aurais le choix entre deux possibilités: jouer un jeu hypocrite en flattant une structure qui a un pouvoir décisionnel concret en matière d'emploi, ou me signaler comme définitivement indésirable.
Comme je ne pourrais pas m'empêcher de dénoncer l'imposture de ceux qui y officient en se présentant comme laïques, ou marxistes, je serais reconduit manu militari à la porte de sortie par les idéologues salariés du lieu, avec les conséquences inévitables sur un avenir déjà bien compromis.

Cordialement,

...

*** Par désœuvrement et pour le fun, je prépare un dossier pédagogique copieux, aux petits oignons, au sujet des "nouveaux moralistes laïques" qui squattent, dans les réseaux du réseau supérieur de type court, toutes les places "libres" où il s'agit de donner les (rares) cours de "philosophie" et les (consacrés) cours de "morale". Et sous prétexte que si on introduisait l'enseignement de la philo dans le secondaire, ce serait faire entrer "l'idéologie" dans l'école. Sans déconner.


vendredi 11 mars 2011

La justinbieberisation du monde



2/2/2011

" La mèche de cheveux de Justin Bieber a trouvé preneur.
La pièce mise aux enchères a été acquise, mercredi, au prix de 40 668 $ US.
C'est le site de casino en ligne GoldenPalace.com qui a remporté la mise.
La mèche avait été conservée dans une enveloppe de Plexiglas, autographiée par le chanteur de Stratford, en Ontario.
L'encan avait été inspiré par un gazouilli de l'animatrice Ellen DeGeneres, qui disait vouloir une mèche des cheveux de Justin Bieber pour son anniversaire.
Le chanteur nommé deux fois aux Grammy avait ensuite pris part à l'émission pour remettre le cadeau à l'animatrice.
Les profits de l'encan vont à la Gentle Barn Foundation, une organisation à but non lucratif qui offre un refuge aux animaux de ferme et aux enfants victimes d'abus. "


05/02/2011

" A l'occasion d'un sketch dans l'émision américaine The Daily Show, Justin Bieber a pris la place du présentateur de l'émission !

A l'occasion d'un sketch dans l'émision américaine The Daily Show, Justin Bieber a pris Vêtu d'une veste de costume noir, Justin a donc débuté l'émission, seul, sous les hurlements des jeunes filles du public. Il est vite rejoint par le vrai présentateur, habillé en Justin, un "crâne magique" à la main qui aurait permuté leurs corps...
Les deux protagonistes reprendront finalement vite leurs places respectives par un tour de magie. Mauvaise surprise pour Jon Stewart... Justin Bieber lui a laissé un cadeau un peu spécial : un tatouage en haut des fesses en hommage à son film, Never Say Never. "


07/02/2011

" Justin Bieber est apparu sur le plateau de l’émission The Seven, vendredi sur MTV, mais il ne savait pas qu’une surprise l’attendait, puisque ses deux meilleurs amis l’ont rejoint.
Des amis du chanteur ont fait le voyage d’Ontario, au Canada, jusque New-York, pour lui faire une surprise en direct sur MTV. Alors que Justin Bieber confiait qu’il regrettait de ne pas avoir assez de temps pour voir ses amis d’enfance. "


07/02/2011

" Alors que Justin Bieber vient de terminer de tourner un nouvel épisode de la série Les Experts, le jeune chanteur a montré une nouvelle fois ses talents de comédien lors de la finale du Super Bowl, ce dimanche 6 février. 
 
En effet, Justin a tourné une pub hilarante avec le rockeur Ozzy Osbourne (le papa de Kelly Osbourne) pour la marque de produits high-tech Best Buy.
Dans cette vidéo, on voit Ozzy faire la promotion des téléphones 4G et 5G, laissant le relais à Justin Bieber pour montrer la rapidité à laquelle la technologie évolue.
"Mais il y a combien de G ?", demande Ozzy Osbourne avant que sa femme Sharon ne demande "Et c'est quoi, un Bieber ?". Là, c'est un Justin barbu et dégarni qui répond : "J'en sais rien, mais ça ressemble à une fille !".


09/02/2011

" Glee saison 2 épisode 13: Justin Bieber à l'honneur

Avec la ferme intention d'imiter Justin Bieber, Sam met ses cheveux en avant et porte une veste pourpre. La semaine prochaine, dans "Glee", Sam marque le retour de Justin Bieber et chantera une de ses chansons afin de gagner l'approbation de Quinn. L'épisode s'intitule "Comeback" et sera diffusé le 15 Février. L'épsiode comprendra également l'idée la plus farfelue que la série ai jamais connue. Sue, qui traverse une période de dépression, rejoint étonnamment le Club afin de retrouver le moral après la catastrophe du Super Bowl. "

16/02/2011

" Justin Bieber surpris par la tenue de Lady GaGa aux Grammy Awards 2011

Il y a au moins une célébrité qui n'a pas été surprise par le costume de Lady GaGa aux Grammy Awards 2011. Justin Bieber a trouvé son arrivée tapis rouge, dans laquelle elle est venue dans un œuf géant, "bizarre" lors d'un talk show américain qui a été diffusé lundi soir., ajoutant: "Je ne sais pas ce les gens en disent mais c'est artistique et pourtant ce n'était qu'un oeuf. " 


16/02/2011

" Justin Bieber s'inscruste à la conférence de presse de Johnny Depp !

 

Justin Bieber serait-il en manque d'attention ? En effet, alors que Johnny Depp donnait une conférence de presse pour son prochain film, le dessin-animé Rango pour lequel il prête sa voix, le jeune chanteur de 16 ans a débarqué et interrompu la séance d'interview.

"Je suis un grand fan de vous ! Quand j'ai su que vous étiez dans le bâtiment il a fallu que je passe dire bonjour", explique Justin à Johnny Depp. L'acteur, un peu gêné, confie qu'il est un "belieber" (fan de Bieber)."

 

17/02/2011

" Justin Bieber se prend une pluie de chamallows sur la tête

Grosse surprise pour Justin Bieber dans l'émission de Conan O'Brien ! Invité sur le plateau de l'émission, le chanteur s'est laissé aller à quelques confidences sur ses goûts en matière de friandises. Il aurait du s'abstenir…
Depuis que le jeune garçon a récemment confié à la presse qu'elle était sa marque de bonbons préférée, il en recevrait sans arrêt lors de ses passages sur scène. Pour ne plus recevoir ces friandises en direct, Justin Bieber annonce sur le plateau qu'il a donc une nouvelle marque de bonbons préférée.


L'animateur du show le pousse à révéler cette information qui ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. A peine l'artiste dévoile le nom de ces nouveaux bonbons qu'une pluie de chamallows jaunes s'abat sur la star. "


17/02/2011

" La star de la pop Justin Bieber est en couverture du magazine américain "Rolling Stones" ce mois ci. Les déclarations très conservatrices du jeune homme risquent de choquer certains de ses fans.

Affichant des positions très conservatrices, Bieber se veut romantique en estimant notamment qu'il "ne faudrait pas coucher avec quelqu’un dont on n’est pas amoureux". "Je crois qu’on doit attendre de tomber amoureux pour ça" ajoute-t-il. Moins romantique et plus choquant pour une partie de ses fans, le chanteur s'est laissé aller à un discours très dur sur l'avortement: "Je ne crois vraiment pas en l’avortement, c’est comme tuer un bébé !". Titillé sur la question de la grossesse issue d'un viol, la star hésite et s'embrouille: "Euh…et bien, je pense que c’est très triste, mais tout arrive pour une raison. Mais je n’ai jamais été dans cette situation, donc je ne suis pas en mesure de juger."

 

19/02/2011 à 15:31

" La jeune star est triste et « dégoûtée » d’être repartie les mains vides après la cérémonie des Grammys Awards, considérés comme les Oscars de la musique. 

Nominé dans plusieurs catégories dont celle de la Révélation de l’année, Justin a perdu dans cette dernière face à Esperanza Spalding, une chanteuse de Jazz de 25 ans très discrète et encore méconnue du grand public.
[…]
Justin Bieber a tenu à faire passer un message à ses fans : « ne soyez pas énervés. Soyez heureux ». Ces mots n’ont pas suffi à contenir la colère de ses admirateurs (trices) qui ont, une fois de plus, lancé des menaces de mort à l’encontre des « concurrents » de Bieber. Esperanza a reçu plus d’un millier d’insultes et d’intimidations sur ses profils Facebook et Twitter. Sa page officielle Wikipedia a même été sabotée !"


20/02/2011

" Justin Bieber en duo avec Britney Spears ?

Justin Bieber n’a jamais caché son admiration pour Britney Spears, qui signe en ce moment son grand retour avec son nouvel album…
Admiration que le jeune chanteur, aussi en pleine promo, vient une nouvelle fois de manifester durant une interview :
"Je la trouve très talentueuse. Espérons qu'on puisse, un jour, travailler ensemble ?
De son côté, la blonde de 29 ans a clairement été charmée par le travail du protégé d’Usher, découvert lors de la projection de son film, Never say Never.
En effet, Brit Brit a posté sur son compte twitter après avoir vu le film :
"J'ai adoré ton film Never Say Never... quelle histoire incroyable !"
De là à rêver d’un duo entre ces deux stars immenses il n’y a qu’un pas… Que nous franchissons allègrement! "


22/02/2011:

" Justin Bieber aurait envoyé à Selena Gomez des chargements de fleurs – le lendemain de la Saint-Valentin.

Ce qui peut être franchement nul, parce que la jeune fille a peut-être attendu toute la journée du 14 février sans rien recevoir. Ou c’est peut-être encore mieux, parce qu’au moins, elle ne s’y attendait pas. "

 
26/02/02:

" La semaine prochaine, Justin Bieber soufflera ses 17 bougies. Un événement que le chanteur aimerait fêter tranquillement en famille.

Après avoir assuré la promo de son film Never Say Never, Justin Bieber s’apprête à célébrer ses 17 ans. Mais pas de grosse fiesta prévue au programme des festivités que Justin voudrait passer avec ses grands-parents.

"J'espère que mes grands-parents seront là et que je pourrai passer un peu de temps avec eux. Ma grand-mère fait le meilleur cheesecake au monde, un cheesecake aux cerises. Elle m'en a déjà fait un pour mes 13 ans", a avoué le jeune homme à Entertainement Tonight."


1/03/2011

" Les stars ados attendaient un taxi à Los Angeles quand le chanteur qui fête aujourd'hui ses 17 ans a fougueusement embrassé sa copine (18 ans). 

Le tout a bien en entendu été immortalisé par les paparazzi qui ne le lâchent plus d'une semelle. La vidéo fait désormais le tour du net, ce qui risque fortement de rendre la vie de Selena Gomez un petit peu plus compliquée.
Les fans de Justin Bieber ne sont, en effet, pas très faciles à vivre. "


2/03/2011

" Justin Bieber a loué une suite à 6000 dollars

“Justin et Selena voulaient être laissés seuls à l'occasion de l'anniversaire de la star. Ils n’avaient pas de gardes du corps ni de proches avec eux”, a confié une source proche des deux amoureux. "


2/03/2011

" Nikos Aliagas a trouvé en Justin Bieber un nouveau petit protégé. En effet, lors de la venue du jeune Canadien en France pour la promotion de son film, Never Say Never, le présentateur a côtoyé le jeune chanteur à de multiples reprises, l'occasion pour eux de mieux se connaître.

Le présentateur semble conquis par la star canadienne. Il est impressionné et raconte à Plurielles : "Ce gamin, c'est un phénomène mondial. Et même s'il est parfois facile de le critiquer, le gamin il assure ! (...) c'est un phénomène ! Ce n'est pas qu'un produit. L'impact de ce gamin est dingue ! Il assure totalement le côté business, c'est très américain. C'est un gamin de 16 ans, mais il est très pro.... Il sort du vernis à ongle et en même temps enregistre un duo avec Chris Brown."

mercredi 25 août 2010

La bête bouge encore...



De Quimper à Bourg-en-Brisgau, des milliers d'aficionados ou di, ou da, de ce blog vachement scriptural et super pensitif, ont littéralement pris d'assaut ma messagerie, un spamming d'enfer, réclamant à hue à dia, qui la narration de la suite des événements, qui l'arrivée trop longtemps annoncée de la rubrique "testing des objets usuels de la vie courante", qui des plaintes en bonne et due forme émises par le huissier de justice de xxx, qui la discographie commentée du catalogue intégral de Gunter Hampel, qui l'introduction d'un dossier volumineux pour une candidature à certaine distinction littéraire que je ne nommerai pas, décernée par une certaine ville de Scandinavie dont je préserverai l'anonymat, qui le relevé méthodique des innombrables erreurs contenues dans les listes de Piero Scarufi, qui des demandes de lettres de recommandation au ministère du temps libre, et autres manifestations de sympathie.

Je n'ai pas encore pu répondre à tout le monde, mais à toutes et tous, je veux dire merci. Notamment pour les nombreuses photos de nu très suggestives et ma foi de bon aloi.

La tour de mon pc étant actuellement décédée officiellement, je tape ces quelques mots sur mon vieux portable de sept ans d'âge, alimenté par une dynamo à cardan pilotée par un spectromètre à aimantation tripolaire. Pour tout dire, je ne sais même pas comment je suis parvenu jusqu'à mon blog. La chance, certainement, un soupçon de patience, et - bien évidemment - la qualité hors-normes du cardan (il est de 1932, faut dire, et pour ceux qui s'y connaissent un peu, c'est presque une injure de préciser que c'est l'Année où on a fabriqué les meilleurs cardans du monde. Dans le Sussex, non loin de East Grinstead. Après, ça n'a jamais plus été ça...).

Le temps de recharger la page, je reviens, ne bougez pas. Parce que, n'est-ce pas, j'ai des tas de choses à dire. J'ajouterai même, faisant fi pour une foi de cette humilité naturelle qui frise parfois l'effacement, des tas de choses intéressantes à dire.



A pluche.
Bien cordialement,

jerzy p.

mardi 11 mai 2010

Onfray ou "je jouis partout". 2) addendum


1.

… En ces temps d'obscurantisme où les guignols médiatiques et les philosophes d'opérette syldave squattent sans désemparer les écrans noirs de nos nuits blanches, ou le contraire, l'essentiel a été dit, l'est et le sera, ou presque, à propos de la dernière livraison graphopathique du grand disciple d'Aristippe de Cyrène et de Sycophante d'Apoplexie, Michel Onfray.

L'œuvre de Freud, les postulats de la psychanalyse freudienne sont critiquables, datés, certes. C'est pas un scoop. Les écoles et collèges proto-lacaniens qui se forgèrent en déplaçant son contenu, du côté de la linguistique et de l'anthropologie structurales, puis de la formalisation "mathématique", sont critiquables, datés. Certes. Tout cela est bien connu.

Tristesse de voir, par ailleurs, un Mikkel Borch-Jacobsen défendre ici le bateleur de plateaux-télé-repas, raidir au gré des années ses positions critiques, en leur temps roboratives (avec "le sujet freudien", puis "Lacan. Le Maître absolu"), les appauvrir dans les croisades dogmatiques bien connues elles aussi, synthétisées pour de bonnes et mauvaises raisons, dans le collectif "Livre noir de la psychanalyse".
Il y avait eu, bien avant, les assauts corporatistes des "experts" en techno-comportementalisme scientifique (le pas assez oublié Van Rillaer, qui a inspiré des cliques de gangsters-ronds de cuir du stimulus-réponse salarié, dans les départements scientifiques de psychologie de l'ULg et d'ailleurs, puis Bénesteau, etc). Il y avait le courant systémique de Palo Alto, autrement plus intéressant.

Bien sûr, il y a des psychanalystes qui pioncent pendant les séances, et j'en ai connu un,  psychanalyste freudien mais aussi neuro-psy, avant de prendre mon courage à deux mains et finir par oser lui dire au-revoir. Mais ça, je pouvais comprendre, qu'il soit fatigué, le pauvre homme. Le récit de ma vie et de mes misères m'accablait tant moi-même, à la longue, tant de devoirs ennuyeux à faire, et m'angoissait plus encore son silence lorsque j'aurais préféré me taire, passer à autre chose, sortir me promener dans les bois d'la cour. Alors, oui, peut-être, c'était un bon effet "placebo". A moitié remboursé par la mutuelle, faut le préciser. Mais au fond, ça n'a rien changé à ma vie. Je suis resté avec mes problèmes sans solution et mes solutions problématiques, et j'apprends à vivre avec, cahin-caha. Je mourirai guéri, en somme, comme aurait pu dire l'autre. Puisqu'un quart d'heure avant sa mort, il ne l'avait pas encore dit. Possiblement vrai.

Bien sûr, s'embarquer en tant qu'"analysant" dans une "cure" analytique - comme de juste "interminable" -, ce n'est pas tant se mettre en tâche de "devenir un penseur de sa vie" (comme l'énonce le suave Sibony, dont les admirables rhapsodies spiraloïdes et jaculatoires égrenant inlassablement ses ouvrages nous ravissaient tant, dans les eighties), c'est plus souvent s'encourager à macérer dans ses névroses, entretenir et couver ses problèmes, les générer, se ligoter dans une cartographie de l'intime, comme Spider, s'y assujettir, s'infantiliser et s'inféoder soi-même dans une servitude volontaire, sous la férule d'un Signifiant maître et intériorisé.
Et c'est assez vrai, ce que disait Watzlawick: que la recherche de la solution crée en grande partie le problème. Et que la "pratique de l'analysant" s'apparente à bien des égards à une forme de "maladie mentale" consistant à se prendre elle-même pour son propre remède. Et Deleuze l'a très bien montré, d'une autre façon. 

Et bien sûr, faudrait nuancer tout ça. Ne pas jeter l'enfant, toujours en friche, avec l'eau du bain. Freud, c'est passionnant. Lacan, c'est passionnant. Pas mal de freudiens, pas mal de lacaniens, dit "orthodoxes", moins.

A la limite, on s'en fout un peu que les corporatismes de l'orthodoxie freudo-lacanienne en pâtissent ou à l'inverse en profitent (et la tribune de Roudinesco est affligeante elle-même). Ils sont de toute façon à l'agonie, guettés par l'aphasie promise d'un vortex glossolalique qui n'en finit plus d'aspirer des imitations de psychose langagière (cf. point 3 ci-après).

Mais Onfray n'est pas le Deleuze, pas plus que le Sartre, de nos temps féodaux.  Onfray ne profitera pas de son coup éditorial, qui devrait (oui, bon, c'est pas sûr) le ridiculiser une fois pour toutes en tant qu'oracle médiatique multicartes asphyxiant toute pensée dans l'espace public et déterminant "l'agenda médiatique" des sujets à débattre... 


Onfray est devenu, au fil des ans, une référence majeure du combat prétendument "laïque", en Belgique par exemple. On l'y invite partout. Sans compter les écoles, les cours de morale. On y lit désormais du Onfray comme du Voltaire. 

On ne peut plus quasiment parler d'athéisme sans devoir se coltiner les aficionados d'Onfray. On serait entré dans une nouvelle "guerre des religions", il faudrait choisir son camp. Les amis de la raison joyeuse et libre-penseuse contre les prêtres sinistrosants et pervers; les croisés de l'Aufklärung libératrice contre les croisés de l'obscurantisme qui menace; les féministes tonsurées, anticléricales et fourestiennes, contre les phallocrates intégristes brimant leur Fatima soumise sous le voile oppresseur; les allumés du balcon d'la loge contre les incendiaires de la terrasse.

Onfray, ce n'est pas tant la question de la médiocrité de sa pensée qui pose problème. C'est que, cheminant, son ancrage idéologique est devenu de plus en plus transparent (une version du "nietzschéisme" parmi les plus délétères, et, sans plaisanter, il se réclame  encore de Deleuze).

Onfray a largement profité de l'absence quasi absolue de voix intellectuelles sérieuses, c'est-à-dire académiquement élitaires - comme il se doit, du point de vue de son Barnum (quoique, mafieuses et œdipianisées, à n'en point douter, elles le sont. Pire qu'un Scorsese ou le cabinet de feu Guy Mathot) - dans le champ des médias, pour faire fructifier son merchandising de "contre-histoire de la philosophie" censée valoriser les "petits" maîtres occultés par la soi-disant philosophie officielle: celle qui dispense dans les Universités vaticanes la doctrine des sacro-saintes momies vermoulues, agités du bocal et autres entéléchies incorporelles, à l'exclusion des francs-tireurs isolés, des Jonathan Livingston Seagull  planant solitairement sur la mer des Sargasses. 
Ce qui est bien sûr n'importe quoi, comme vision. Mais ça permettait de sculpter la posture du rebelle Onfray qui dérangerait l'ordre établi, et tout ça.  Pour un très large public, trop longtemps biberonné à François de Clozets et Pierre Bellemare, la philosophie télévisuelle en France, c'est désormais Onfray, l'irréductible, un esprit libre, un chenapan, un sacré sacripant, comme disait Lanzmann au sujet du courageux Zénon Ligre des Lumières bis - comme on cause de "cinéma bis" - Robert Redeker.
C'est un peu le mélomane hétérodoxe de la salle Pleyel venant nous expliquer à quel point les figures de Debussy et Ravel ont occulté le génie de Maurice Le Flem, Charles Koechlin, ou Jean-Roger Ducasse, les reléguant aux rayons honnis des sabbats démoniaques. Ou le cinéphile transversal réhabilitant Jésus Franco ou Bruno Mattéi contre les cacochymes felliniens et antonioniens surcotés des messes festivalières corporatistes.

On voit aujourd'hui le résultat.

L'université "populaire" de Caen, au nom du "peuple", mais sans les "remugles" latrinaires de la masse "impuissante", "haineuse", "aigrie" et "jalouse", on n'ose imaginer à quelle altitude de rigueur, et préservée de toute "self-indulgence", ça doit voler... Avec son auditoire select de thuriféraires fervents. Raël n'est plus très loin.

Onfray, se sentant les coudées franches, courtisé par tous les salons télévisuels et radiophoniques, a pu délirer tranquillement, assuré des béni-oui-oui de la posture "anti-théologique", poussant sa petite gueulante à moulinets multidirectionnels tantôt à gauche, tantôt à droite, mais, graduellement, de plus en plus uni-dimensionnellement binaires: le diable et le bon dieu, l'obscurité et la lumière, etc. Il doit avoir désormais son portrait accroché dans toutes les arrière-cuisines de salles de kermesses des maisons de la laïcité.

Il était temps de s'occuper un peu d'Onfray, de lui tailler un chouette costard, à la dada.

Aujourd'hui, quelques philosophes dits "universitaires" prennent brièvement le temps de répondre: démystifier un faux démystificateur, déboulonner une idole misérable pour temps de misère.
Pourquoi feraient-ils leur "dégoûté", refusant d'intervenir dans l'espace dit public?
Au contraire, c'est la fonction de la philosophie, minimalement, que d'intervenir dans le champ de l'opinion. Surtout quand l'opinion, et quelle opinion, est devenue la seule pensée audible et autorisée. 

N'en doutons pas, Onfray criera à l'opération policière des clercs et des ronds-de-cuir de la pensée autorisée, officielle, normative, dominante, à l'encontre du joyeux farfadet vitaliste costumé, par provocation postanarchiste, en Don Camillo des talk-shows. Futur portrait de l'auteur en "ennemi public", victime sacrifiée sur l'autel d'une alma-mater castratrice. Apostille négociable au best-seller épistolaire Houellebecq-BHL.

Mais tout ça, c'est la faute au pensionnat de Giel. Et ça l'a tarabusté jusqu'à Sainte-Ursule. Postmaturé chez les curés, le "grand petit homme" voit de l'orgone partout et veut fonder sa propre école. On a vu ça 50.000 fois.
Comme quoi, c'est bien vrai qu'un "penseur" se déduit de sa bio-graphie; elle regarde aussi la nôtre, celle des amis de la graphie. 

Ainsi s'est-il sculpté lui-même. 
Couvé au couvent, le self made man, "récusé" dans son bocage, bâtit, au terme d'un labeur sacrificiel intense, riche en épiphanies, "hapax existentiels" et conversions, sa petite entreprise lui permettant enfin de goûter et de faire partager aux prolétaires du monde entier les privilèges de l'establishment: jouir et faire jouir. 
Claude Vorilhon, qui n'est pas la moitié d'un con, l'avait finement intuitionné, qui le reconnut aussitôt comme son pair, le consacrant prêtre honoraire "malgré lui". Mais par une fierté mal placée, par soif de respectabilité autant que par haine du miroir tendu par le frère-siamois stellaire à deux doigts de faire capoter son plan de carrière dans la jet-set, Onfray le snoba. Et avec quelle rage expiatoire! Tout l'arsenal des fioles d'eau bénite et des anathèmes sismiques pour un exorcisme purificateur. C'était immérité, autant que dommage. Ils auraient pu faire chanteur folk breton ensemble. Et Alan Stivell (que j'adore) aurait pu s'aligner...
 

Ce qui compte, donc, c'est d'enlever le masque du "nietzschéisme" frelaté d'Onfray, exhiber la dimension authentiquement réactionnaire de sa "pensée", la médiocrité omni-directionnelle de sa production démagogique et béhachélisante dans la course à l'auto-intronisation comme "philosophe-héraut de ces temps", et dont la nullité insulte constamment la rigueur de ceux dont il prétend se réclamer.

Car qui, dans l'état de régression idéologique massif de la pensée "française", sert et exploite manifestement les clivages socio-économiques, détruit l'héritage des penseurs dont il se réclame pour proclamer le "salut" dans la jouissance hédoniste et cynique du nanti, cette prérogative du privilégié, cette vulgarité du possédant, censée triompher de toutes les négativités, de la misère, des conflits sociaux, comme Saint George terrassant le dragon?

Qui, par son omni-visibilité, se distingue par sa participation plus qu'active aux montages idéologiques, sous le nom bafoué de "laïcité", des "guerres de religions" et autres problématiques de pseudo-identité "laïque" obstruant telle une super-structure mentale le temps de cerveau disponible, pour escamoter les vrais problèmes concrets?

Qui détruit les enjeux de la philosophe qu'il exploite, comme un combat de catch entre les "puissants" et les "impuissants", profitant à l'aliénation, la misère sociale qui seule rend possible la fertilisation de sa tige bulbaire étoilée?

Qui, supprimant "Freud" comme un prurit (6000 pages étudiées à la loupe sur son i-phone en quelques semaines, et révélées sous leur vrai jour, enfin: un athlète), nous promet le retour d'un joyeux paganisme de carton-pâte qui profite déjà et ne profitera qu'à ceux qui en sont les légitimes bénéficiaires?

Qu'est-ce que c'est que ce soi-disant "trublion" des tubes digestifs télévisuels qui nous explique, comme Ferry, sans rire, ou d'un rictus constipé par la bouffissure de son amour de lui-même, que la "philosophie", comme propédeutique privée, de tout un chacun, pour lui-même, détient les bonnes "réponses" aux eschatologies de tous genres, au bonheur et au malheur, en ces temps de démembrement systématique de tous les droits sociaux et économiques? Qu'il n'y a qu'à se plonger dans Aristippe de Cyrène, Synoch de Smyrne,  Deconokos de Pleintubos, Lapidaule d'Halicarnasse, ou Anarchadix de Dher? Et sécréter sa petite perle résiliente?

Qui fait son beurre personnel en exploitant de la façon la plus grotesque les notions de "passions tristes" et de "passions joyeuses"?

Qui transforme les enjeux concrets de la philosophe en pure construction mentale déréalisée, en joutes purement abstraites, dignes de séminaires jésuitiques sous cellule capitonnée?

Qui est le nouveau dieu des kermesses des "centres d'action laïque" (en Belgique) qui ne fédèrent que des mémères bagouzées à chihuahuas, des masseurs sexagénaires, des orgastologues férus de l'orgone de Wilhelm Reich, des excités de la calotte pour qui les deux problèmes le plus urgentissimes de notre époque sont l'émancipation dévoilante de la femme afghane tenue sous le joug de la phallocratie islamiste et la guerre contre les curés pédophiles dans des paroisses du Sacré-Cœur?

Etc
Etc
Etc

Onfray.

Et depuis longtemps.

Pour qui roule Onfray?

Pour lui-même, voyons.

Il est temps de dégonfler cette baudruche surexposée et confite de son importance, ce Napoléon du marketing libertaire.


A l'aportaââche, nom te tieu. 



2.

"Onfray rejoint la pensée unique anti-internet", par Philippe Cohen (17/4/ 2010).

Littératures de vespasiennes , par Michel Onfray (17/4/2010) :


 " Jadis, dans les latrines, on pouvait lire sur les murs des graffitis dans lesquels s'exprimait toute la misère sexuelle du monde. Pas besoin d'une sociologie très appuyée pour saisir ce qui travaille l'âme du quidam au moment de sacrifier aux nécessités des sphincters : on se vide, on se lâche, on éclabousse avec les remugles de son animalité et l'on grave ses cogitations dans le marbre d'une porte en bois... On a les rostres qu'on peut ! Aujourd'hui, cette fonction a quitté les toilettes publiques, désormais entretenues comme un bloc opératoire, pour rejoindre des lieux guère plus recommandables : les commentaires postés au pied des articles sur les sites Internet. C'est en effet là qu'on trouve l'équivalent des littératures de vespasiennes d'hier...
Internet offre tous les avantages de la lettre anonyme : vite fait, bien fait, caché dans la nuit du pseudonyme, posté en catimini d'un simple clic, le sycophante peut laisser libre cours à ses passions tristes, l'envie, la jalousie, la méchanceté, la haine, le ressentiment, l'amertume, la rancoeur, etc. Le cuisinier raté détruit la cuisine d'un chef qui travaille bien dix heures par jour avec son équipe ; le musicien loupé dégomme l'interprétation d'un quatuor qui aura superbement joué ; l'écrivain manqué donne des leçons sur un livre qu'il ne connaîtra que par la prestation de son auteur à la télévision ; le quidam qui se sera rêvé acteur ou cinéaste percera la poche de son fiel après avoir vu un film, etc.
L'extension des libertés d'expression s'est souvent faite du côté des mauvaisetés. Certes, le critique appointé dans un journal est mû par les mêmes ressorts, du moins le support qui l'appointe veillera à sa réputation et l'autocensure produira quelque effet en modérant (parfois) l'ardeur des fameuses passions tristes. De même la signature oblige un peu. Si l'on n'est pas étouffé par la dignité, le sens de l'honneur, la droiture, du moins, on ne peut pas totalement se vautrer dans l'ignominie, car le lecteur sait qui parle et peut, avec un minimum d'esprit sociologique, comprendre que ce qui l'anime n'est guère plus élevé : renvoi d'ascenseur, construction d'une position dominante dans un champ spécifique, droit d'entrée dans une institution, gages pour une future cooptation monnayable, etc.
L'anonymat d'Internet interdit qu'on puisse un tant soit peu espérer un gramme de morale. A quoi bon la vertu puisqu'ici plus qu'ailleurs on mesure l'effet de la dialectique sadienne des prospérités du vice et des malheurs de la vertu ?
Ces réflexions me viennent dans le train de retour vers ma campagne alors que je consulte sur mon iPhone un article concernant l'excellent livre de Florence Aubenas, Le Quai de Ouistreham. Voilà un livre magnifique qui nous sort de l'égotisme parisien et mondain du moment, un texte pur comme un diamant qui se soucie d'un monde que la littérature refuse, récuse, exècre, méprise (les "gens de peu" pour le dire dans les mots du regretté Pierre Sansot **), un travail littéraire qui est en même temps sociologique et politique sans être pédant, universitaire ou militant, un fragment d'autobiographie sans narcissisme, un remarquable travail de psychologie à la française dans l'esprit des Caractères, de La Bruyère, un récit qui hisse le journalisme à la hauteur de l'oeuvre d'art, quand bien souvent on doit déplorer l'inverse, un texte qui mélange le style sec de Stendhal, l'information de Zola, la vitesse de Céline - et quelques nains éructent en postant leurs "commentaires" !
En substance : on reproche à Florence Aubenas d'illustrer les travers de la gauche caviar avec une compassion feinte de riche pour les pauvres ; on l'accuse de tromperie parce que, journaliste, elle se fait passer pour une demandeuse d'emploi ; on lui prête une motivation vénale en affirmant qu'elle gagne de l'argent avec la misère des autres, dès lors on veut bien la créditer de sincérité si et seulement si elle verse ses droits d'auteur à une association charitable ; on la taxe d'immoralité car elle prend le travail de gens qui en auraient vraiment besoin ; on lui dénie le droit de parler du simple fait que, fausse pauvre et vraie nantie, elle sait que son expérience n'aura qu'un temps et qu'elle pourra rentrer chez elle dans un quartier chic de Paris... Arrêtons là...
Pourquoi tant de haine ? La réponse est simple : le livre est un succès de librairie et, le mois dernier, il se trouvait en tête des ventes. Dès lors, nul besoin de le lire pour pouvoir en parler, on peut alors économiser l'usage de la raison raisonnable et raisonnante du cortex, le cerveau reptilien suffira : on l'aura entendue à la radio, vue à la télévision, lue dans des entretiens de presse, cela suffira pour porter un jugement définitif. Pas d'instruction du dossier, avec une simple lecture par exemple, mais tout de suite la juridiction d'exception et l'échafaud au plus vite.
Le commentaire anonyme sur Internet est une guillotine virtuelle. Il fait jouir les impuissants *** qui ne jubilent que du sang versé. Demain est un autre jour, il suffira de regarder un peu cette télévision qu'on prétend détester mais devant laquelle on se vautre pour trouver une nouvelle victime expiatoire à sa propre médiocrité, à sa vacuité, à sa misère mentale. En démocratie, le mal est relativement contenu.
Dans un régime totalitaire, ce cheptel permet de recruter les acteurs de l'"effroyable banalité du mal" - pour utiliser entière cette fois-ci l'expression d'Hannah Arendt. "



(**) Oui mais-z-alors, qui donc va se soucier de la littérature des "gens de peu" dans les latrines, récusée, exécrée, méprisée?

(***) Conclusion: la misère du monde n'est pas économique. Elle est sexuelle. Michel Onfray jouit sans entraves. Michel Onfray ne se cache pas pour jouir. Parce qu'il est puissant.
Et il a un "i-phone". Graffitis haineux de jalousie dans les latrines de l'université "populaire" de Caen.  




Car ce texte, c'est bien plus intéressant que tout le reste (la polémique éditoriale): ça donne envie de "philosopher".

Le mec qui crée une université "populaire" contre l'élitisme, les représentants de la norme, pour les sans-grade, les gens de "peu",  les "exécrés", les "méprisés" (ce sont ses propres termes, par lesquels il loue le noble objet de souci d'une consœur contre le parisianisme mondain), l'anarchie, la rébellion, etc, et qui se lâche sévère à propos des vespasiennes du net, pour défendre sa potine (Aubenas-Günter Walraff), qui écrit un texte "pur comme un diamant", "en tête des ventes", qui a eu le courage de se mettre dans la peau d'une chômiste pour vivre la misère de l'intérieur et la dénoncer à l'extérieur.

Elle se fait trainer dans la boue, la pauvre. On la traite comme une moins que rien. Deux fois, donc. Et le mec de vitupérer dans les colonnes du Monde sur les remugles de l'animalité, l'impuissance à jouir des quidams, la médiocrité des anonymes, la haine, la jalousie et les passions tristes, l'effroyable banalité du mal, les sources du totalitarisme, etc. 

Ça, c'est intéressant. Au sujet d'une certaine "gauche" (les Val et consort) qui squatte les médias, et qui nous met constamment en garde contre la tentation "poujadiste" de la dé-professionnalisation des élites. On connaît la rengaine: tout le monde se croit compétent, tout le monde s'intronise journaliste, philosophe, de nos jours, et gratuitement, qui plus est. Alors qu'on ne s'étonne pas que le discrédit jeté sur les professionnels de l'information, que l'insane pouvoir des masses anonymes et sans "un gramme de morale" nous précipitent à nouveau, un jour, dans les entrailles encore fumantes de la bête immonde, etc.

Oui, c'est intéressant, de méditer, un peu, sur le lien entre ce texte et le dernier pavé d'Onfray: les latrines de l'inconscient versus l'hédonisme solaire, l'usage de Nietzsche, la vraie nature de son "nietzschéisme", où sont les maitres, où sont les esclaves, où sont ceux qui "jouissent", où sont les "impuissants", la désignation des fascismes et des oppresseurs, tout ça.

Un truc marrant (enfin, si on veut), c'est qu'on ne comprend pas trop, du coup, pourquoi Onfray accuse Freud d'accointances avec "le fascisme", de glorifier la figure du "chef". 
En effet, il suffit de mettre en regard son cri de révolte supra avec ces lignes du Malaise dans la civilisation: il tient exactement le même discours. A ceci près que si le texte de Freud peut s'examiner et se contester en termes d'analyse descriptive, éventuellement de "dialectique du maître et de l'esclave", le caractère prescriptif du "coup de gueule" d'Onfray ne fait, lui, aucun doute - tout y est, et c'est un cri du "cœur" naturaliste - :

« ...on ne peut se dispenser de la domination de la masse par une minorité, car les masses sont inertes et dépourvues de discernement, elles n'aiment pas le renoncement pulsionnel, ne peuvent être convaincues par des arguments que celui-ci est inévitable, et les individus qui les composent se confortent mutuellement en donnant libre cours à leur dérèglement. Seule l'influence d'individus exemplaires, qu'ils reconnaissent comme leurs meneurs, peut les amener à des prestations de travail et à des renonciations dont dépend l'existence de la culture. »

Enfin, bien au-delà de lui-même, le "cas" est intéressant, et éminemment reproductible. Il nous dit quelque chose des mécanismes de la pensée, des ruses de la raison, des systèmes de blocage dans le processus de la "libération". 

Qui contestera que les "médias" sont un lieu décisif où "la philosophie" se joue? Le négliger, c'est à l'inverse camper dans la "pureté", l'illusion que "la philosophie" aurait son territoire délimité, clos, avec ses problématiques propres. 

En ce qu'il est aussi un miroir "réfléchissant" dans lequel une part importante du "social" se désire et se reconnaît, un modèle de réussite, une scénographie à suivre et à imiter, loin d'être simplement un "épiphénomène" médiatique, Onfray, sa vie, son œuvre, nous enjoignent de penser à l'état du monde. Ou du moins à un état de notre société, de ses valeurs, de ses productions, des directions qu'elle s'apprête à prendre, prend déjà, ou retrouve.