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lundi 23 juillet 2012

Finissons en, un peu, avec Rainer Werner Fassbinder


J'ai vu à peu près tous les Fassbinder entre 20 et 25 ans, parce qu'à l'époque, on me rebattait les oreilles avec Fassbinder.

Après j'ai cessé de m'y intéresser définitivement. Déjà à l'époque, je trouvais son cinéma balourd, mélange indigeste de mélodrame bourgeois (se revendiquant de Douglas Sirk) et de pseudo-commentaire social parfaitement bidon et confus.
L'acmé du désintérêt fut atteint avec d'une part la vision de l'année des 13 lunes, pochade morbido-complaisante où on a l'air de déclamer du Artaud voix off "genre" sur plan séquence en travelling de cadavres de vaches qu'on équarrit dans un abattoir; d'autre part avec tous les autres s'appellent Ali, insupportable concentré, nauséeux, de tous les clichés les plus paternalistes sur le brave immigré noir (qui cause d'ailleurs "petit nègre") qui vit une histoire d'amour impossible et tragique avec une octogénaire, à cause du manque de tolérance de la société, etc.

ça résume d'ailleurs assez bien l'espèce de catéchisme douteux qui innerve 95% de sa production: romances à deux sous, avant-arrière garde pachydermique, masochisme morbide très poseur mâtiné d'alibis "politiques" sur les "exclus" et les "marginaux" (sa représentation du prolétaire est également grotesque, ridicule, édifiante: cf le droit du plus fort).

Tout ça parti d'un brainstrust théâtralo-communautaire sentant le renfermé, très gniangnian-gouroufiant selon moi dans ses "audaces" anti-théâtre qui n'est qu'un mauvais théâtre didactique de l'absurde à la Camus ("prenez garde à la sainte putain"), au symbolisme lourdingue et appuyé, qui n'enfonce que des portes ouvertes et n'énonce que des platitudes, pour évoluer, ou plutôt sombrer dans les 80s vers le mélo-kitsch dit flamboyant ahurissant de laideur et encore plus imbitable (Lili-Marlen, Maria Braun et consort). L'hyperactivité de Fassbinder, sur laquelle on s'extasie en permanence, ne garantit nullement que ses films furent intéressants. En ce qui me concerne, je n'en ai trouvé aucun intéressant. Et je frissonne d'ennui rien qu'à l'idée de sa production théâtrale pléthorique.

J'ai jamais bien compris l'intérêt du cinéma de Fassbinder, au nihilisme pâteux et complaisant, un jeu de massacre monotone et téléphoné des valeurs bourgeoises, d'une classe bourgeoise, la sienne, et qui semble, à l'instar du cinéma de Chabrol, interpeler et fasciner un certain type de bourgeois spécifique: celui qui trouve sa jouissance dans la haine de la bourgeoisie. Bref, du cinéma de bourgeois, par un bourgeois et pour des bourgeois.

On nous ressert tous les 10 ans une "redécouverte" de Fassbinder comme on redécouvre tous les 10 ans le théâtre de boulevard de Feydeau.

Y paraît que Fassbinder avait des choses à dire sur l'Allemagne, l'histoire de l'Allemagne, l'essence, le devenir, le destin de l'Allemagne, etc.

C'est bien possible, mais outre le fait que je m'en tamponne, du destin de l'Allemagne, je n'ai jamais compris ce qu'il en racontait ni si ça représentait le moindre micro-atome d'intérêt.

Politiquement, c'est aussi confus que douteux, disais-je, individualisme mou bouffant à toutes les gamelles. Fassbinder ne fut jamais de gauche, ce qui plaira à d'aucun qui y verront la confirmation de leur théorie audacieuse, à l'insu de leur plein gré, qui montre que pas mal de mauvais cinéastes pompeux et pompiers étaient de droite. Mais on s'en fout, tant le cinéma de Fassbinder se situe à un niveau infra-politique. Voir pour s'en convaincre "la troisième génération" (les mouvement "gauchistes" sont présentés peu ou prou comme une collection de terroristes dégénérés). C'est pas parce que Fassbinder portait des blousons noirs (à choquer la ménagère de plus de 60 ans dans les 70s) et des pantalons mouleburnes que ça fit de lui un voyou très inquiétant pour l'ordre établi.

Pour moi, je l'ai expliqué en un autre lieu, jadis, Fassbinder est le véritable précurseur de la série Derrick.